Nice-Matin (Cannes)

Violences sexuelles dans le sport : Maracinean­u passe à l’offensive

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Faire de ces épreuves un sursaut salutaire » : face à la vague sans précédent de révélation­s de cas de violences sexuelles qui secoue le sport français, la ministre des Sports, Roxana Maracinean­u, a sonné la charge lors de la convention nationale consacrée à ces abus, hier à Paris.

La parole se libère

« Notre système a fauté depuis trop longtemps, à tous les étages. N’attendons pas, agissons maintenant, avec une mobilisati­on totale, sans concession. (...) Agissons vite et fort », a exhorté Roxana Maracinean­u, après avoir ouvert la journée par des extraits de témoignage­s de victimes, « des paroles crues, violentes, qu’il est temps d’entendre, enfin ».

« Performer ou avoir encore plus de licenciés ne peut plus être la seule priorité du mouvement sportif, la première doit être d’assurer la sécurité, physique et morale » des enfants, a-telle martelé.

« Maintenant que la parole se libère (...), le sport français doit agir d’un même mouvement », a appelé la ministre. « Nous devons faire de ces épreuves un sursaut salutaire », a-t-elle insisté, en remerciant les victimes qui ont témoigné ces dernières semaines de nous avoir « ouvert les yeux et les oreilles ».

Roxana Maracinean­u a d’abord entériné qu’elle « entend généralise­r le contrôle d’honorabili­té des bénévoles à toutes les fédération­s ». Toutefois, l’élargissem­ent de ce dispositif destiné à vérifier leurs antécédent­s judiciaire­s passera par une étape intermédia­ire : son extension à la Fédération française de football (FFF), a-t-elle annoncé, sans préciser de calendrier. « Avec deux millions de licenciés, ça nous donnera un bon indicateur de comment ça peut se passer » ,a estimé la ministre.

A ce stade, ce contrôle n’est systématiq­ue que pour les éducateurs profession­nels. Pour les bénévoles, une expériment­ation est menée depuis la rentrée dernière dans la ligue régionale de foot du Centre-Val de Loire. A terme, ce sont près de deux millions de bénévoles sportifs (éducateurs et dirigeants) qui seraient concernés.

Roxana Maracinean­u a par ailleurs annoncé la nomination d’une déléguée ministérie­lle chargée de la lutte contre les violences dans le sport, Fabienne Bourdais, issue de l’inspection générale. La ministre a, enfin, signé une convention avec le Service national d’accueil téléphoniq­ue pour l’enfance en danger (Snated). Le numéro 119 de l’Enfance en danger pourra ainsi recueillir la parole des victimes dans le champ sportif, après une formation des écoutants par la Direction des sports.

Des présidents absents

La ministre des Sports a profité de cette journée d’échanges, qui a rassemblé plusieurs centaines d’acteurs du monde du sport et du tissu associatif, pour faire passer un message clair aux fédération­s et à leurs présidents, en particulie­r à ceux l’ayant séchée (onze présidents de fédération­s olympiques étaient présents).

« Les présidents qui n’étaient pas là pour X ou Y raison, j’espère qu’ils seront là demain », a-t-elle lancé.

« Ce n’est pas un problème de femmes, c’est un problème d’instances, et de hautes instances. »

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(Photo AFP) Roxana Maracinean­u, ministre des Sports, hier lors de la convention nationale consacrée aux abus sexuels dans le sport.

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