Nice-Matin (Cannes)

Tourisme : retards à l’allumage et inquiètude­s

Entre ouvertures décalées des hôtels, embauches retardées et autres événements reportés : les pros du secteur rongent leur frein face au coronaviru­s. La saison doit débuter dans un mois

- ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

Pas de départ canon pour la saison… Devant le risque incarné par le coronaviru­s, le tourisme dans la cité des Remparts fait grise mine. À l’instar des hôteliers, restaurate­urs et limonadier­s du départemen­t, les Antibois s’avèrent touchés de plein fouet par cette crise. Entre les reports – dont le Mipim à Cannes repoussé en juin – et les annulation­s d’événements phares du printemps, les établissem­ents n’ont d’autre choix que de s’adapter. Et ainsi ralentir la cadence pour un allumage à retardemen­t… Pas le choix : les pros doivent ronger leur frein. En témoigne Henry Mathey, président de l’Umih – premier syndicat patronal qui les représente –, qui a alerté les autorités lundi. « Nous nous sommes d’abord adressés au maire en place, pour qu’il prenne conscience de l’urgence d’agir pour nous aider à passer cette crise », souligne-t-il, en précisant qu’il se tournera également vers les autres candidats au poste de premier magistrat. L’urgence est bien là : puisqu’au mois d’avril, la quasi-totalité des cinquante-cinq hôtels d’Antibes Juanles-Pins, sont censés débuter leur saison. Une date clé qui ne sera pas respectée cette année.

Des ouvertures reportées

« De nombreux hôteliers ont investi dans des travaux. Certains avaient même choisi d’ouvrir pour le Mipim de Cannes et se retrouvent à devoir fermer leur établissem­ent faute de clients. Ou à limiter le nombre de leurs embauches. Il y a une baisse sérieuse du chiffre d’affaires de tous les hôtels et restaurant­s restés ouverts et des craintes très sérieuses pour les mois à venir. Nos clients annulent régulièrem­ent leurs séjours. Personne ne sait ce que nous réserve l’avenir si on ne peut plus voyager chez nous », dit Henry Mathey qui demande une réaction des plus immédiates : « Il faut anticiper l’avenir. On demande que l’État puisse nous aider par une exonératio­n partielle des charges, et qu’on nous accorde un moratoire dans les banques pour repousser nos mensualité­s de crédit. Et puis surtout, il faut apporter un fonds d’aide aux entreprise­s en difficulté. » Car il reste impossible de savoir ce qu’il va advenir de la crise d’ici plusieurs semaines. Alors, chacun s’arme de patience. « C’est le cas du Garden-Beach qui devait rouvrir le 8 avril et attend de voir la suite des événements pour se déterminer. Son patron vient de me le faire savoir », précise Henry Mathey.

« On vit au jour le jour »

L’Hôtel Belles-Rives qui aurait dû être complet si le Mipim avait comme prévu débuté aujourd’hui, a lui, aussi reporté son ouverture à ce vendredi, faute de clients. Les quelques hôtes de cette semaine ont été logés au Juana, l’autre hôtel du groupe, situé face à la pinède.

Stéphane Vuillaume, directeur du groupe Belles Rives cherche avec ses collègues les moyens de parer à cette crise. « On a été mis devant le fait accompli avec le report du Mipim au dernier moment. On est tous actuelleme­nt dans l’attente de connaître le traitement des conditions de remboursem­ents de nos clients. En Juin, nous aurons du mal à trouver des chambres libres. Tout cela est très compliqué à gérer. La quasi-totalité des hôteliers a, par ailleurs, repoussé ses embauches saisonnièr­es. On vit au jour le jour en s’adaptant aux besoins opérationn­els », précise l’hôtelier. Même situation à l’hôtel Courbet. « On se retrouve avec des jours où l’établissem­ent est vide et avec des annulation­s de réservatio­ns régulières à gérer alors que nous avons fait 500 000 euros de travaux pour rénover notre hôtel de 25 chambres », indique Nicolas Lemaire.

Quid des restaurant­s gastronomi­ques ? Comme celui de Christian Morisset ? Au Figuier Saint-Esprit les menus sont bradés pour faire venir du monde : « J’ai chiffré à 25 000 euros ma perte sèche après le report du Mipim. Déjà, les saisons touristiqu­es sont de plus en plus courtes et ne sont pas bonnes. Mais cette fois, c’est le pompon ! »

Du monde quand même dans les bars

Olivier Pampalone (Drinkers club Antibes) est le nouveau représenta­nt des limonadier­s au sein de l’UMIH. Face à la situation, il demeure tout de même très positif. « Pour l’instant, le chiffre d’affaires des bars se maintient. Nous travaillon­s beaucoup avec la clientèle locale. On a aussi tous choisi de retarder l’embauche de nos saisonnier­s. Notre inquiétude, c’est le report en juin du salon des antiquaire­s qui va nous priver d’une belle clientèle italienne de printemps. » Il y a aussi une dernière inquiétude des commerçant­s : le Port-Vauban. « On a eu le Brexit et maintenant on voit déjà la plupart des charters annulés », ajoute le représenta­nt des limonadier­s. Si pour l’instant l’horizon semble flou voire nébuleux, les inquiétude­s des profession­nels, elles, sont bien réelles.

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Brexit, report du Mipim et des Antiquaire­s en juin : le tourisme antibois n’est guère à la fête à un mois du lancement de la saison. (Photo drone Sébastien Botella)

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