Tourisme : retards à l’allumage et inquiètudes
Entre ouvertures décalées des hôtels, embauches retardées et autres événements reportés : les pros du secteur rongent leur frein face au coronavirus. La saison doit débuter dans un mois
Pas de départ canon pour la saison… Devant le risque incarné par le coronavirus, le tourisme dans la cité des Remparts fait grise mine. À l’instar des hôteliers, restaurateurs et limonadiers du département, les Antibois s’avèrent touchés de plein fouet par cette crise. Entre les reports – dont le Mipim à Cannes repoussé en juin – et les annulations d’événements phares du printemps, les établissements n’ont d’autre choix que de s’adapter. Et ainsi ralentir la cadence pour un allumage à retardement… Pas le choix : les pros doivent ronger leur frein. En témoigne Henry Mathey, président de l’Umih – premier syndicat patronal qui les représente –, qui a alerté les autorités lundi. « Nous nous sommes d’abord adressés au maire en place, pour qu’il prenne conscience de l’urgence d’agir pour nous aider à passer cette crise », souligne-t-il, en précisant qu’il se tournera également vers les autres candidats au poste de premier magistrat. L’urgence est bien là : puisqu’au mois d’avril, la quasi-totalité des cinquante-cinq hôtels d’Antibes Juanles-Pins, sont censés débuter leur saison. Une date clé qui ne sera pas respectée cette année.
Des ouvertures reportées
« De nombreux hôteliers ont investi dans des travaux. Certains avaient même choisi d’ouvrir pour le Mipim de Cannes et se retrouvent à devoir fermer leur établissement faute de clients. Ou à limiter le nombre de leurs embauches. Il y a une baisse sérieuse du chiffre d’affaires de tous les hôtels et restaurants restés ouverts et des craintes très sérieuses pour les mois à venir. Nos clients annulent régulièrement leurs séjours. Personne ne sait ce que nous réserve l’avenir si on ne peut plus voyager chez nous », dit Henry Mathey qui demande une réaction des plus immédiates : « Il faut anticiper l’avenir. On demande que l’État puisse nous aider par une exonération partielle des charges, et qu’on nous accorde un moratoire dans les banques pour repousser nos mensualités de crédit. Et puis surtout, il faut apporter un fonds d’aide aux entreprises en difficulté. » Car il reste impossible de savoir ce qu’il va advenir de la crise d’ici plusieurs semaines. Alors, chacun s’arme de patience. « C’est le cas du Garden-Beach qui devait rouvrir le 8 avril et attend de voir la suite des événements pour se déterminer. Son patron vient de me le faire savoir », précise Henry Mathey.
« On vit au jour le jour »
L’Hôtel Belles-Rives qui aurait dû être complet si le Mipim avait comme prévu débuté aujourd’hui, a lui, aussi reporté son ouverture à ce vendredi, faute de clients. Les quelques hôtes de cette semaine ont été logés au Juana, l’autre hôtel du groupe, situé face à la pinède.
Stéphane Vuillaume, directeur du groupe Belles Rives cherche avec ses collègues les moyens de parer à cette crise. « On a été mis devant le fait accompli avec le report du Mipim au dernier moment. On est tous actuellement dans l’attente de connaître le traitement des conditions de remboursements de nos clients. En Juin, nous aurons du mal à trouver des chambres libres. Tout cela est très compliqué à gérer. La quasi-totalité des hôteliers a, par ailleurs, repoussé ses embauches saisonnières. On vit au jour le jour en s’adaptant aux besoins opérationnels », précise l’hôtelier. Même situation à l’hôtel Courbet. « On se retrouve avec des jours où l’établissement est vide et avec des annulations de réservations régulières à gérer alors que nous avons fait 500 000 euros de travaux pour rénover notre hôtel de 25 chambres », indique Nicolas Lemaire.
Quid des restaurants gastronomiques ? Comme celui de Christian Morisset ? Au Figuier Saint-Esprit les menus sont bradés pour faire venir du monde : « J’ai chiffré à 25 000 euros ma perte sèche après le report du Mipim. Déjà, les saisons touristiques sont de plus en plus courtes et ne sont pas bonnes. Mais cette fois, c’est le pompon ! »
Du monde quand même dans les bars
Olivier Pampalone (Drinkers club Antibes) est le nouveau représentant des limonadiers au sein de l’UMIH. Face à la situation, il demeure tout de même très positif. « Pour l’instant, le chiffre d’affaires des bars se maintient. Nous travaillons beaucoup avec la clientèle locale. On a aussi tous choisi de retarder l’embauche de nos saisonniers. Notre inquiétude, c’est le report en juin du salon des antiquaires qui va nous priver d’une belle clientèle italienne de printemps. » Il y a aussi une dernière inquiétude des commerçants : le Port-Vauban. « On a eu le Brexit et maintenant on voit déjà la plupart des charters annulés », ajoute le représentant des limonadiers. Si pour l’instant l’horizon semble flou voire nébuleux, les inquiétudes des professionnels, elles, sont bien réelles.