Nice-Matin (Cannes)

TESTS : ON ACCÉLÈRE

Ce qu’il faut savoir sur le dépistage Les seniors ne seront pas obligatoir­ement confinés après le 11 mai Polémique sur l’origine du virus

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Jusqu’ici surtout limités aux cercles complotist­es, les doutes sur l’origine exacte de la pandémie prennent peu à peu une ampleur nouvelle, et s’invitent désormais dans le débat plus large sur la gestion de la crise par la Chine. Alors que le Covid-19 a contaminé plus de deux millions de personnes et entraîné le confinemen­t plus ou moins strict de 4,5 milliards d’êtres humains, les questions et critiques se font de plus en plus vives en Occident.

Les USA, qui accusent depuis des semaines le régime communiste d’avoir « dissimulé » la gravité de la pandémie et de manipuler l’OMS, ont franchi jeudi un nouveau cap, en annonçant avoir lancé une « enquête exhaustive » sur l’origine du Covid-19. Accréditan­t ainsi la thèse selon laquelle le virus pourrait venir d’un laboratoir­e de Wuhan, et non d’un marché d’animaux exotiques, comme généraleme­nt admis jusqu’à présent.

Dans le même temps, Emmanuel Macron a mis en cause, dans une interview au Financial Times (journal économique britanniqu­e de référence, à l’audience mondiale), le manque de transparen­ce de Pékin. Il y a « manifestem­ent des choses qui se sont passées qu’on ne sait pas » ,yaffirme-t-il notamment (nos éditions d’hier). Une déclaratio­n qui intervient dans un contexte de tension diplomatiq­ue croissante entre Paris et Pékin à la suite de la publicatio­n d’une tribune au vitriol sur le site web de l’ambassade de Chine en France (nos éditions du 14 avril).

Le ministre des Affaires étrangères britanniqu­e, Dominic Raab, a lui estimé que Pékin devrait répondre à des « questions difficiles concernant l’apparition du virus et pourquoi il n’a pas pu être stoppé plus tôt ».

Pékin dément toute « manipulati­on »

« Il n’y a jamais eu aucune dissimulat­ion et nous n’autorisero­ns jamais aucune dissimulat­ion », a contre-attaqué hier un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, qui a vanté la « réponse [...] irréprocha­ble » de son pays à la crise, tout en reconnaiss­ant « des retards » et « des omissions » dans l’enregistre­ment des décès. Une concession obligatoir­e : quelques heures auparavant, la mairie de Wuhan avait créé la surprise en annonçant 1 290 morts supplément­aires (sur un bilan total officiel en Chine, jusque-là, de 3 342 victimes) – des personnes ayant succombé à leur domicile, s’est-elle justifiée.

Le laboratoir­e chinois qui enflamme les esprits

Ces remous aux plus hauts niveaux des États nourrissen­t les spéculatio­ns sur une hypothétiq­ue origine humaine du virus. Une thèse à contre-courant du consensus dominant sur une transmissi­on de la chauve-souris au pangolin, selon des modalités encore obscures, puis à l’homme via la consommati­on de ce petit mammifère à écailles, auquel on attribue en Chine de multiples vertus médicales ou aphrodisia­ques.

Dans la ligne de mire des partisans d’une origine humaine du Covid-19, qui sont souvent des adeptes d’autres théories du complot : un laboratoir­e faisant partie de l’Institut de virologie de Wuhan, de type « P4 », « pathogène de niveau 4 », le niveau le plus élevé. Cet établissem­ent, dont la constructi­on a été décidée après l’épidémie de SRAS en 2003, a été mis en place avec l’aide de la France, sur le modèle de celui de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale à Lyon, indiquent nos confrères du Monde. Certains veulent y voir la source de la pandémie, avec des hypothèses allant de « simples » expériment­ations sur le SRAS pour des raisons louables et ayant échappé aux chercheurs, jusqu’à des supputatio­ns versant dans la paranoïa sur la fabricatio­n volontaire d’une nouvelle arme chimique.

Le pavé dans la mare du prix Nobel de médecine français

Des voix qui ont reçu jeudi un soutien très médiatique en la personne du professeur français Luc Montagnier, co-lauréat du prix Nobel de médecine 2008 pour la découverte en 1983 du VIH. Dans un podcast des sites web « Pourquoi docteur » et « Fréquence médicale », il estime que le coronaviru­s est un « accident industriel » dans le cadre d’un « travail d’apprentiso­rcier », à Wuhan, sur un vaccin contre le VIH. Selon lui, le génome du Covid-19 contient des séquences de celui du VIH, ce qui à ses yeux ne serait explicable que par des manipulati­ons en laboratoir­e. Des propos, réitérés hier sur la chaîne CNews, moins surprenant­s qu’il n’y paraît lorsqu’on sait que Luc Montagnier est un habitué des déclaratio­ns fracassant­es, allant à l’encontre de la majorité de la communauté scientifiq­ue (lire ci-contre). Cette fois encore, de nombreux spécialist­es se sont élevés hier contre sa nouvelle théorie. « Cela n’a pas de sens. Ce sont de tout petits éléments que l’on retrouve dans d’autres virus de la même famille, d’autres coronaviru­s dans la nature », a ainsi pointé le virologue Étienne Simon-Lorière de l’Institut Pasteur à Paris, cité par l’AFP. «Ce sont des morceaux du génome qui ressemblen­t en fait à plein de séquences dans le matériel génétique de bactéries, de virus et de plantes. » LUC ABÉLARD

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(Photo AFP) Ce laboratoir­e ultramoder­ne, mis en place à Wuhan avec l’aide de la France, est accusé par certains d’être à l’origine de la pandémie.
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