Baisse de fréquentation aux urgences pédiatriques
La peur suscitée par le Coronavirus empêcherait-elle les parents de se rendre à l’hôpital quand leurs enfants présentent de la fièvre ? L’hôpital Lenval, à souhaite rassurer les familles
Des entrées aux urgences pédiatriques divisées par trois. L’hôpital Lenval à Nice enregistrait 170 arrivées par jour avant la crise sanitaire. Il en compte désormais 50. La baisse de fréquentation est considérable. La crainte de l’épidémie serait, en grande partie, responsable. Et ce n’est pas forcément toujours pour le mieux. «Ilpeut y avoir de fortes fièvres qui cachent autre chose que le Coronavirus et pour lesquelles il est nécessaire de se rendre à l’hôpital », prévient Hervé Haas, infectiologue et chef des urgences pédiatriques de Lenval.
Ne pas minimiser une fièvre
Hier, lors d’une visioconférence, le directeur général de la fondation Lenval, Arnaud Pouillart, a tenu à rassurer les familles : « Elles ne prennent pas de risque en se rendant aux urgences. Tout est organisé pour éviter la propagation du virus. »
Hervé Haas insiste : « Les personnes qui ont décidé de venir malgré tout ont très bien fait. Les cas étaient justifiés et nécessitaient parfois même une plus longue hospitalisation pour des examens complémentaires. »
Pour appuyer ses propos, le médecin ne manque pas d’exemples. Il évoque le cas d’un « nourrisson de trois mois qui présentait de la fièvre » .Lamèreserefusait à l’emmener à l’hôpital, par peur que le bébé soit infecté par le Coronavirus. « Avec les symptômes décrits, on pouvait aussi suspecter une grave infection bactérienne, pèse Hervé Haas, et si ce n’est pas pris à temps, ça peut se révéler très dangereux. » La mère et l’enfant ont finalement été testés positifs au Covid.
Garder ses réflexes
Les équipes soignantes craignent que d’autres pathologies ne puissent pas être traitées à temps. Méningite, péritonite, ou même leucémie. Rien ne doit être négligé. Le chef des urgences se souvient d’un « adolescent victime d’un diabète inaugural qui aurait pu être moins avancé, s’il était venu à temps ».
Tout à côté, le directeur médical de la situation sanitaire, Gilles Brezac, acquiesce : « J’ai vu des parents se demander s’ils avaient bien fait de se rendre à l’hôpital alors que leur fils s’était cassé le coude. » Il martèle : « Nous ne devons pas nous faire aliéner intellectuellement ou émotionnellement par le Coronavirus. Les parents doivent garder les réflexes qu’ils avaient avant. J’ai l’impression que là où on s’inquiétait pour une fièvre, aujourd’hui on se dit “on va attendre quelques jours, ça passera” .» Collégialement, ces trois professionnels de la santé proposent une première réaction instinctive : « Appeler son médecin traitant en télé consultation ou directement l’hôpital ».
Mais même là, le directeur général de la fondation Lenval regrette : « Cinquante-cinq de nos praticiens utilisent la visioconsultation. Leur activité, elle aussi, a été divisée par trois. »
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