Migrants : le préfet interpellé dans une lettre
Dans une lettre ouverte en date du 8 avril, des élus et défenseurs des droits de l’homme appellent le préfet des Alpes-Maritimes à ne pas oublier le cas des migrants à la frontière franco-italienne. En règle générale, mais a fortiori pendant la crise du coronavirus. La conseillère régionale (Auvergne Rhône-Alpes) Myriam Laidouni-Denis, le sénateur isérois Guillaume Gontard, le président local de la Ligue des droits de l’Homme Henri Busquet ainsi que l’avocate Mireille Damiano – s’exprimant au nom du syndicat des avocats de France – demandent plus concrètement au représentant de l’État « le respect des recommandations du CPT (Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, NDLR), l’abandon de l’utilisation des préfabriqués et la mise en oeuvre d’un dépistage systématique pour dispenser soins et suivi » à la frontière entre
Menton et Vintimille. Les signataires s’appuient en effet sur un rapport tout juste publié par le CPT concernant une visite réalisée au poste frontière mentonnais du 23 au 30 novembre 2018, et sur les réponses apportées par le gouvernement français un an plus tard. Même si, insistent-ils, de nombreux autres signalements ont déjà été effectués ces dernières années concernant, entre autres, les « lieux de mise à l’abri » où attendent les migrants.
« Atteinte à la dignité »
« La délégation (du CPT) estimait que les conditions matérielles dans ces locaux pouvaient porter atteinte à la dignité des personnes qui y étaient placées. » Et la demande suivante a été formulée : « Les autorités françaises doivent mettre immédiatement fin à la garde des personnes non-admises au sein des préfabriqués en leur état, limiter la durée de la garde en salle d’attente à quelques heures et, en aucun cas, ne faire passer la nuit à des personnes dans cette salle », font-ils savoir dans la lettre.
Pour étayer leur signal d’alerte au temps du coronavirus, les défenseurs de la cause des migrants rappellent par ailleurs que le jour où le confinement a été instauré – le 17 mars –, les centres de rétention ont reçu des instructions.
« Refoulements vers l’Italie »
Il était notamment demandé de réaliser une évaluation sanitaire des personnes entrant en rétention et d’interdire l’entrée de personnes présentant des symptômes associés au Covid-19. Mais dans les faits, les auteurs de la lettre regrettent que les « refoulements » continuent vers l’Italie. Et que – d’après leurs informations – des migrants se soient retrouvés une nuit entière en contact avec un homme présentant des symptômes du Covid-19.
« Les policiers italiens se contentent de prendre les refus d’entrée et ne procèdent plus à aucun contrôle », pointent-ils également du doigt. Inquiets.