Une reprise des chantiers « crescendo » à Monaco
Le président de la Chambre patronale du bâtiment juge que le nouveau cadre légal répond «aux interrogations sanitaires » et croit en ses membres « pour assurer une reprise d’activité pérenne »
ÀMonaco, la question des chantiers est épineuse. Et ce n’est pas ce foutu virus et le confinement né de sa lutte qui ont apaisé les tensions. Déjà pointés du doigt pour leur impact sur la qualité de vie par une partie de la population et les élus du Conseil national (le parlement monégasque), les chantiers ont froissé ces derniers jours par le risque que la poursuite d’une partie d’entre eux ne contribue à la propagation du Covid-19. Le gouvernement a décidé de stopper les chantiers publics, avant de rouvrir celui du Larvotto pour garantir un accès à la plage cet été et assurer une livraison des espaces commerciaux en 2021. D’autres opérations privées, comme le gros oeuvre du projet Mareterra, sur l’extension en mer, se poursuivaient. Critiqué, le président délégué de l’entreprise JB Pastor & Fils, Patrice Pastor, est sorti du bois pour fustiger la bien-pensance et affirmé que, dès le 16 mars, des règles sanitaires strictes avaient été mises en place, qui plus est sur la base du volontariat. Aujourd’hui, comme en France, l’heure est à la reprise pour le secteur du Bâtiment sous réserve pour les entreprises d’appliquer des normes sanitaires drastiques compilées dans l’arrêté ministériel n°2020279 du 8 avril dernier. Le feu vert à une relance maîtrisée. Nouveau président de la Chambre patronale du bâtiment, Fabien Deplanche rappelle que « la priorité du syndicat a toujours été la santé des employés » et estime que ses membres, « pragmatiques et pugnaces, s’auront s’accommoder et adapter leurs méthodes de travail pour assurer crescendo une reprise d’activité pérenne ».
Avez-vous été surpris que la poursuite de certains chantiers pendant le confinement fasse l’objet d’une polémique ?
Il est évident que ça a pu choquer certaines personnes ou interpeller, dans le sens où il faut être au courant des règles et de ce qu’il se passe, mais notre rôle a été de nous assurer de la sécurité de nos employés et membres. Nous avons juste suivi la lignée des directives du gouvernement et nous avons essayé de nous adapter au mieux pour encadrer la sécurité des chantiers, surtout la sécurité sanitaire qui a été notre priorité absolue dans cette crise inédite.
Comment expliquez-vous les dissensions avec l’Ordre des architectes de Monaco, dont le président Gabriel Viora a jugé
« illusoire » d’imaginer appliquer toutes les préconisations sanitaires sur un chantier ?
Chaque corporation a essayé de raisonner par rapport à son coeur de métier mais, de fait, nous sommes tous liés par une chaîne de production qui a redémarré. Et la responsabilité première sur un chantier incombe à l’entrepreneur. En concertation avec toutes les institutions et organismes, d’autres syndicats, l’Ordre des architectes, nous avons pu tenir au courant chacun des avancées de nos réflexions et de nos actions en toute équité et transparence. Aujourd’hui, elles ont pu voir le jour avec un arrêté ministériel qui a acté la position de la Chambre patronale. Cela permet de clarifier une situation qui était peut-être confuse. Le cadre est posé, légiféré, et apporte des réponses à toutes les interrogations sanitaires.
C’était l’outil indispensable pour relancer une activité qui était quasiment à l’arrêt ?
Oui. Au début on a eu certaines problématiques avec les filières amont et aval, qui sont les distributeurs de matériaux ou les déchetteries, des entités qui se sont arrêtés également. Avant de reprendre, ces filières ont dû se réorganiser et s’adapter aux nouvelles règles et mesures barrières dictées par les pouvoirs publics. Dans un second temps, sont sortis le guide de l’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics) en France, qui est une référence et a été validé par le ministère de la Santé, puis l’arrêté ministériel à Monaco. C’est un outil indispensable et une nouvelle manière de travailler.
La continuité des chantiers a-t-elle généré beaucoup de flux d’hommes et d’équipements pendant le confinement ?
La continuité a été très modérée sur les semaines écoulées et tout a été fait dans le respect de mesures de sécurité aujourd’hui obligatoires. Il n’y a eu aucun problème que ce soit sur un transport, un poste de travail, un accès à un chantier, à un cantonnement, etc. Toutes formes de typologie de chantier ou de travaux ont été encadrées de la manière la plus stricte.
Des salariés ont-ils fait valoir leur droit de retrait ?
À ma connaissance il n’y a eu aucune problématique de droit de retrait, puisque les conditions de reprise ont toujours été au-delà des règles sanitaires de base. D’autant plus que la reprise s’est faite crescendo, sur la base du volontariat.
Avez-vous déjà suffisamment de retours pour mesurer l’impact économique de cette crise ?
Non, il est encore trop tôt. Mais je remercie le gouvernement princier pour sa réactivité et sa disponibilité en tout temps, qui ont permis d’apporter des solutions et des supports inédits à la hauteur de cette crise. On continue tous à travailler sur des aides qui vont permettre le rebond, l’après-crise, pour un redémarrage des plus efficaces.
Avez-vous eu à déplorer des contaminations ?
Aucunement à ma connaissance. Et avec cet arrêté, les services de l’État et les contrôleurs vont pouvoir assurer pleinement leur rôle. Être à nos côtés pour s’assurer du respect de ce cadre qui garantit la sécurité sanitaire dans l’exercice de leur activité à nos membres, leurs collaborateurs et leur entourage.
Ces mesures sanitaires vont-elles rallonger le délai de livraison de certains chantiers ?
C’est possible mais chaque chantier est différent et l’adaptabilité et l’ingéniosité des entrepreneurs permettront pour certains de tenir les délais. Peutêtre que pour d’autres il y aura un rallongement inhérent et logique avec la période que nous venons de vivre.