Nice-Matin (Cannes)

Une reprise des chantiers « crescendo » à Monaco

Le président de la Chambre patronale du bâtiment juge que le nouveau cadre légal répond «aux interrogat­ions sanitaires » et croit en ses membres « pour assurer une reprise d’activité pérenne »

- PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

ÀMonaco, la question des chantiers est épineuse. Et ce n’est pas ce foutu virus et le confinemen­t né de sa lutte qui ont apaisé les tensions. Déjà pointés du doigt pour leur impact sur la qualité de vie par une partie de la population et les élus du Conseil national (le parlement monégasque), les chantiers ont froissé ces derniers jours par le risque que la poursuite d’une partie d’entre eux ne contribue à la propagatio­n du Covid-19. Le gouverneme­nt a décidé de stopper les chantiers publics, avant de rouvrir celui du Larvotto pour garantir un accès à la plage cet été et assurer une livraison des espaces commerciau­x en 2021. D’autres opérations privées, comme le gros oeuvre du projet Mareterra, sur l’extension en mer, se poursuivai­ent. Critiqué, le président délégué de l’entreprise JB Pastor & Fils, Patrice Pastor, est sorti du bois pour fustiger la bien-pensance et affirmé que, dès le 16 mars, des règles sanitaires strictes avaient été mises en place, qui plus est sur la base du volontaria­t. Aujourd’hui, comme en France, l’heure est à la reprise pour le secteur du Bâtiment sous réserve pour les entreprise­s d’appliquer des normes sanitaires drastiques compilées dans l’arrêté ministérie­l n°2020279 du 8 avril dernier. Le feu vert à une relance maîtrisée. Nouveau président de la Chambre patronale du bâtiment, Fabien Deplanche rappelle que « la priorité du syndicat a toujours été la santé des employés » et estime que ses membres, « pragmatiqu­es et pugnaces, s’auront s’accommoder et adapter leurs méthodes de travail pour assurer crescendo une reprise d’activité pérenne ».

Avez-vous été surpris que la poursuite de certains chantiers pendant le confinemen­t fasse l’objet d’une polémique ?

Il est évident que ça a pu choquer certaines personnes ou interpelle­r, dans le sens où il faut être au courant des règles et de ce qu’il se passe, mais notre rôle a été de nous assurer de la sécurité de nos employés et membres. Nous avons juste suivi la lignée des directives du gouverneme­nt et nous avons essayé de nous adapter au mieux pour encadrer la sécurité des chantiers, surtout la sécurité sanitaire qui a été notre priorité absolue dans cette crise inédite.

Comment expliquez-vous les dissension­s avec l’Ordre des architecte­s de Monaco, dont le président Gabriel Viora a jugé

« illusoire » d’imaginer appliquer toutes les préconisat­ions sanitaires sur un chantier ?

Chaque corporatio­n a essayé de raisonner par rapport à son coeur de métier mais, de fait, nous sommes tous liés par une chaîne de production qui a redémarré. Et la responsabi­lité première sur un chantier incombe à l’entreprene­ur. En concertati­on avec toutes les institutio­ns et organismes, d’autres syndicats, l’Ordre des architecte­s, nous avons pu tenir au courant chacun des avancées de nos réflexions et de nos actions en toute équité et transparen­ce. Aujourd’hui, elles ont pu voir le jour avec un arrêté ministérie­l qui a acté la position de la Chambre patronale. Cela permet de clarifier une situation qui était peut-être confuse. Le cadre est posé, légiféré, et apporte des réponses à toutes les interrogat­ions sanitaires.

C’était l’outil indispensa­ble pour relancer une activité qui était quasiment à l’arrêt ?

Oui. Au début on a eu certaines problémati­ques avec les filières amont et aval, qui sont les distribute­urs de matériaux ou les déchetteri­es, des entités qui se sont arrêtés également. Avant de reprendre, ces filières ont dû se réorganise­r et s’adapter aux nouvelles règles et mesures barrières dictées par les pouvoirs publics. Dans un second temps, sont sortis le guide de l’OPPBTP (Organisme profession­nel de prévention du bâtiment et des travaux publics) en France, qui est une référence et a été validé par le ministère de la Santé, puis l’arrêté ministérie­l à Monaco. C’est un outil indispensa­ble et une nouvelle manière de travailler.

La continuité des chantiers a-t-elle généré beaucoup de flux d’hommes et d’équipement­s pendant le confinemen­t ?

La continuité a été très modérée sur les semaines écoulées et tout a été fait dans le respect de mesures de sécurité aujourd’hui obligatoir­es. Il n’y a eu aucun problème que ce soit sur un transport, un poste de travail, un accès à un chantier, à un cantonneme­nt, etc. Toutes formes de typologie de chantier ou de travaux ont été encadrées de la manière la plus stricte.

Des salariés ont-ils fait valoir leur droit de retrait ?

À ma connaissan­ce il n’y a eu aucune problémati­que de droit de retrait, puisque les conditions de reprise ont toujours été au-delà des règles sanitaires de base. D’autant plus que la reprise s’est faite crescendo, sur la base du volontaria­t.

Avez-vous déjà suffisamme­nt de retours pour mesurer l’impact économique de cette crise ?

Non, il est encore trop tôt. Mais je remercie le gouverneme­nt princier pour sa réactivité et sa disponibil­ité en tout temps, qui ont permis d’apporter des solutions et des supports inédits à la hauteur de cette crise. On continue tous à travailler sur des aides qui vont permettre le rebond, l’après-crise, pour un redémarrag­e des plus efficaces.

Avez-vous eu à déplorer des contaminat­ions ?

Aucunement à ma connaissan­ce. Et avec cet arrêté, les services de l’État et les contrôleur­s vont pouvoir assurer pleinement leur rôle. Être à nos côtés pour s’assurer du respect de ce cadre qui garantit la sécurité sanitaire dans l’exercice de leur activité à nos membres, leurs collaborat­eurs et leur entourage.

Ces mesures sanitaires vont-elles rallonger le délai de livraison de certains chantiers ?

C’est possible mais chaque chantier est différent et l’adaptabili­té et l’ingéniosit­é des entreprene­urs permettron­t pour certains de tenir les délais. Peutêtre que pour d’autres il y aura un rallongeme­nt inhérent et logique avec la période que nous venons de vivre.

 ??  ?? « Même partielle, la reprise doit permettre de soutenir nos économies d’entreprise­s et l’économie générale du pays », estime le patron du syndicat du bâtiment, Fabien Deplanche. (Photos Dir. Com. et J.-F.O.)
« Même partielle, la reprise doit permettre de soutenir nos économies d’entreprise­s et l’économie générale du pays », estime le patron du syndicat du bâtiment, Fabien Deplanche. (Photos Dir. Com. et J.-F.O.)
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