Monaco : quel quartier fera le plus de bruit ?
À20 heures pétantes, c’est désormais l’heure de référence, celle où l’on cesse toute activité normale pour se jucher aux fenêtres et balcons. Que l’on fait rougir les phalanges, que l’on sort les casseroles – ou tout autre instrument bruyant – et que l’on s’égosille pour honorer les soignants et « soldats » en première ligne de la lutte contre le Covid-19. À Monaco, cet hommage symbolique a pris une tournure ludique, à l’initiative des équipes de Monaco-Info . En s’inspirant d’un programme télévisuel étranger, Belges à domicile vus du ciel, la chaîne d’information locale a pondu un concept similaire : une battle d’immeubles.
Bataille de décibels
Chaque jour, un quartier différent se retrouve dans la boucle. Avec un seul but affiché : faire exploser l’applaudimètre dans sa zone de résidence. « Clairement, l’idée c’est de faire le plus de bruit, que tout le monde soit aux balcons. Les gens remerciaient déjà les soignants, on leur demande d’en faire encore plus ! On voulait s’associer à notre façon à ce formidable élan de soutien », sourit Geneviève Berti, responsable de Monaco-Info. Mercredi, le quartier du Jardin Exotique a joyeusement ouvert le bal. Puis, jeudi, l’Annonciade a enchaîné sans se faire prier. Hier, au moment du JT, c’est Fontvieille qui a âprement défendu son bout de territoire. Peu avant 20 heures, un drone a survolé la zone pour faire monter la sauce et capturer quelques clichés des lieux.
Aux manettes, Erwan Grimaud de Mc-Clic a fait installer un puissant haut-parleur qui crache une voix rodée à l’exercice. Un timbre avec du coffre bien connu, celui du chauffeur de salle le plus réputé de la Principauté aka Ferxel Fourgon. Speaker des matchs de la Roca Team dans l’antre de Gaston-Médecin,
l’homme se prête là à un exercice inédit. « C’est surprenant à quel point les gens réagissent quand ils voient le drone. Ils sortent de leurs appartements et font un maximum de bruit. Après l’hommage aux soignants, on fait un clapping géant », explique-t-il.
«Unbienfou!»
Objet fétiche des participants : la casserole. Mais pas que. D’autres optent pour la vuvuzela, une longue corne de brume popularisée lors de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud. Au château Périgord, un membre du groupe de The Gipsy Queens a dégainé la guitare pour ambiancer les lieux. Un joyeux barouf que personne n’oserait qualifier de tapage diurne. À ce flot de décibels, certains y ont apporté une touche de décoration. Des drapeaux monégasques, forcément, mais aussi italiens ou américains. Et même une bannière de la Roca Team sur la Tour
Odéon. Sans oublier ces quelques mots : « Merci aux soignants ». D’autres quartiers participeront à cette battle, avec une surprise à la clef pour le gagnant. Lequel sera désigné par un jury. « On aimerait prolonger le concept dans le temps. Il faut que l’on identifie des endroits qui réunissent les conditions d’intimité et de sécurité par rapport au drone, explique Geneviève Berti. Aux balcons, il y a tous les âges. Ce soutien aux soignants est fédérateur, intergénérationnel. Les gens ont envie de faire du bruit, de s’exprimer, de lâcher prise avec cette pression du confinement et de la maladie. Extérioriser fait un bien fou!»
Prochaines battles : ce soir (port Hercule et rue des Açores) ; lundi soir (Estoril) ; mardi soir (Moneghetti - le Saint-Sébastien, les Orangers et les Mandariniers) ; mercredi (rue Plati - avenue Crovetto Frères)