Nice-Matin (Cannes)

Villefranc­he-sur-mer perd un doyen et une figure de la Résistance

- C. C.

Son sourire bienveilla­nt et ensoleillé rappelait celui de Bourvil. Ce sourire a fini par s’éclipser au crépuscule d’un siècle bien rempli. Ce mardi, Maurice Marchessou s’est éteint à l’âge de 99 ans, sous le soleil de Villefranc­he-sur-mer. 1920 – 2020. Ce sourire aura brillé près d’un siècle, pourtant marqué par la guerre et conclu en pleine crise sanitaire. Né le 24 juillet 1920 à Linards (Haute-Vienne), ce fils d’agriculteu­rs a perdu son frère cadet lors de la guerre d’Indochine. D’abord apprenti épicier, puis livreur, Maurice Marchessou intègre, à 18 ans, le 19e Génie à Hussein-Dey, près d’Alger. Il gagne avec sa compagnie le sud tunisien. Il retrouve l’Algérie en 1940, puis la France en 1942, dans la Creuse, une fois libéré de ses obligation­s militaires. Convoqué pour le service du travail obligatoir­e, Maurice Marchessou parvient à s’évader. Il devient un agent de renseignem­ent pour la Résistance. Il échappe à une première arrestatio­n, pas à la deuxième, est envoyé vers l’Allemagne à bord d’un train... bombardé à Drancy. Sa liberté retrouvée, il prend le maquis en 1944. Il sauve tout un groupe de maquisards le jour, au volant d’un camion, il décide de suivre son intuition plutôt que les injonction­s : il évite ainsi un barrage allemand. Mitraillet­te en main, Maurice Marchessou poursuit le combat à Limoges, dans l’état-major du colonel Guingouin.

Puis à Périgueux, Bordeaux, Royan et Soulac. Jusqu’à l’arrivée des bombardier­s alliés.

Coups de coeur

Libéré de ses obligation­s militaires en 1945, Maurice Marchessou épouse Hélène Chaput, qu’il a rencontrée en permission. Il finit par s’établir en 1952 à Villefranc­he-sur-mer, avec sa famille, qui a éprouvé un véritable coup de coeur pour cette perle de la Côte d’Azur.

Maurice Marchessou y ouvrira une pompe à essence BP – la première au Col de Villefranc­he. Son second travail l’amène à installer des poteaux électrique­s à travers les Alpes-Maritimes, de Nice à Valberg. Mais c’est à sa famille qu’il consacre ses dernières décennies. Cette figure de la Résistance inculquera ses valeurs à ses deux fils, cinq petits-enfants et onze arrières-petits-enfants. Les valeurs d’un «pilier », « une force de la nature », « un homme droit, franc, honnête, sérieux, serviable », dixit ses proches. Devenu un doyen de sa ville d’adoption, cet alerte nonagénair­e parvenait à vivre encore seul.

Cet épicurien, amoureux de la bonne chère et du bon vin, s’est éteint dans le huis clos du confinemen­t. Mais ses obsèques, adaptées aux circonstan­ces actuelles, ont permis de lui rendre les honneurs dûs. Avec un cercueil drapé de l’éternel drapeau bleu-blanc-rouge.

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(D.R.) Maurice Marchessou s’est éteint à l’âge de  ans.

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