Avril 1860 : le printemps du rattachement à Nice
Il y a 160 ans, deux mois de fêtes se déroulèrent pour célébrer ce moment historique. Partout des cortèges se formèrent au son des « vive la France » et des « vive l’empereur ! »
Oui à 99, 26 % : tel fut le résultat du plébiscite des 15 et 16 avril 1860 organisé pour approuver le rattachement de Nice à la France (lire #NOUS du 4 avril 2020).
Certes, les partisans du non – Garibaldi en tête – firent valoir que le scrutin s’était déroulé dans d’étranges conditions, sous contrôle de l’armée française, dans des bureaux de vote où il n’y avait que des bulletins « oui », et avec obligation de se justifier si on voulait voter « non » !
Mais, quel que soit leur nombre, ces partisans du non furent emportés par le raz de marée des vainqueurs qui, une fois les résultats connus, déferlèrent dans les rues. Partout des cortèges se formèrent. « Vive la France » , « vive l’empereur ! » Les drapeaux français avaient éclos comme fleurs au printemps et étaient agités aux fenêtres et au-dessus de la foule. Il y eut deux mois de fêtes jusqu’à l’officialisation du rattachement, le 14 juin : bals, banquets, dîners en présence de bustes de Napoléon III couronnés de lauriers. Le 19 avril, une grande réception fut donnée par Pierre-Marie Pietri, gouverneur corse qui avait été envoyé par l’empereur dès le mois de mars pour organiser le plébiscite. Les fonctions de Louis Lubonis et de François Malausséna furent confirmées, comme gouverneur du comté de Nice et maire de la ville.
Le juin, l’apothéose
Le journal Le Messager de Nice exulte : « Nice, négligée et abandonnée jusqu’alors par le fait de sa position géographique à l’écart du Piémont, va être entraînée par le grand mouvement de progrès qui maintient la France à la tête de la civilisation européenne. » L’apothéose fut atteinte le 14 juin. Ce jour-là, étonnamment, il pleuvait. Tout Nice, pourtant, se massa devant le palais sarde qui allait devenir le siège de la préfecture. Des milliers de personnes vibraient d’une même émotion. Vingt et un coups de canon accompagnèrent la descente du drapeau piémontais et la montée de celui de la France. La foule fit entendre une immense clameur. Nice était française. Pendant ce temps, dans le palais sarde, Joseph Pirinoli, représentant du roi de Piémont-Sardaigne, remettait officiellement le comté de Nice à Pierre-Marie Pietri, qui représentait l’empereur français. Le cortège officiel fendit ensuite la foule pour se rendre à la cathédrale. Conformément aux traditions de l’époque, des dons de nourriture furent livrés aux pauvres. Le soir, un cortège au flambeau et un feu d’artifice eurent lieu. Auparavant, on se retrouva à l’opéra pour applaudir une pièce en vers, Nice française, écrite par le poète Théodore de Banville. Un personnage féminin, symbolisant Nice, s’empara du drapeau tricolore et s’exclama : « Oui, je le servirai, oui je le garderai / Puisséje dans la paix qui guérit tout désastre / Voir encore longtemps sous les regards de l’astre / Son ombre protéger le seuil de nos maisons ! » Oui, Nice était bien française. Il ne restait plus qu’à accueillir Napoléon III en personne. Cela se fera le 12 septembre suivant. > La constitution du département des Alpes-Maritimes n’eut lieu que le juin. Le nouveau département comprenait non seulement le comté de Nice mais aussi l’arrondissement de Puget-Théniers et celui de Grasse, détaché du département du Var.
Le Var, désormais, coulerait dans un département qui ne porterait plus son nom. Du côté de l’est, les choses ne furent pas simples. Menton et Roquebrune ne furent incluses dans le département que le février , après avoir été détachées de la principauté de Monaco à laquelle
Napoléon III versa millions de francs. Plus au nord, lors des négociations préalables entre Cavour et Napoléon III, les frontières n’avaient pas été clairement dessinées. C’est ainsi que, bien qu’ils eussent voté en faveur du rattachement, les villages de La Brigue et de Tende restèrent piémontais. Ce fut également le cas du village de Mollières, car le roi Victor-Emmanuel II de PiémontSardaigne y avait… ses terrains de chasse et que Napoléon III ne voulait pas l’en priver.
Ces localités devinrent françaises après la Seconde Guerre mondiale, en .