Le centre psychothérapique Saint-Michel reste sur le qui-vive
Malgré le confinement, et même s’ils privilégient les urgences, les professionnels restent disponibles – notamment via des téléconsultations – pour venir en aide aux patients fragiles
Bien qu’en seconde ligne par rapport à d’autres professionnels de santé, les équipes du centre psychothérapique Saint-Michel, à Menton, ont un rôle essentiel pendant la crise du coronavirus. Car elles aussi se chargent d’accompagner des personnes fragiles – sur le plan psychologique. Si le centre mentonnais a dû fermer ses portes, ne recevant du public qu’en cas d’impératif, il n’en demeure pas moins (très) actif. Prêt à assurer ses missions de soutien, d’écoute et de soin malgré la situation. Inédite. « Nous avons appelé nos patients dès le 13 mars et nous sommes passés en “mode dégradé”. On fonctionne beaucoup par téléphone, même si c’est plus long et souvent plus difficile. Nous priorisons les patients pour lesquels il y avait urgence, quand les troubles sont les plus importants notamment », indique Virginie Buissé, médecin psychiatre au sein du centre.
Les troubles se désinhibent
Précisant avoir édité une liste des patients à risque. Soulignant qu’en raison du risque épidémique, les entretiens physiques ont été limités au maximum. Même si certains ont besoin de venir sur place pour se faire administrer des traitements, sous forme d’injections par exemple. En cas de nécessité, les équipes soignantes peuvent également se déplacer à domicile - équipées de gants et de masques (pas FFP2). « On souffre un peu de cette mini pénurie mais nous savons que nous ne sommes pas en première ligne alors on l’accepte. C’est notre soutien à nous, on ne râle pas », souligne Michaël Piva, psychologue clinicien. Les équipes ont par ailleurs dû cesser de se rendre dans les maisons de retraite de la vallée. Mais elles restent disponibles pour des avis, et pour le soutien du personnel en cas de besoin. Tout est désormais tourné vers un objectif bien clair : éviter les crises potentielles, entre autres pour ne pas encombrer les urgences. De même, quand des patients ont besoin d’être hospitalisés, les professionnels préfèrent se tourner directement vers l’hôpital Saint-Marie, dont le centre psychothérapique dépend. « Comme pour l’épidémie, nous avons constaté un phénomène de vagues. Au tout début du confinement, ça allait. On avait préparé les choses en amont, les patients réagissaient plutôt bien. Mais au milieu de la deuxième semaine sont arrivées les angoisses, notamment avec le confinement des familles. Les troubles se désinhibent, les comportements sont accentués », poursuit Michael Piva. Le psychologue et la psychiatre n’ont pas reçu beaucoup plus de nouveaux patients. Sinon ceux du turn-over habituel. Mais pour ces visages encore inconnus, le contexte rend les choses plus difficiles. « Nous avons des moyens mais nous sommes nous-mêmes impactés par le confinement. On ne peut pas utiliser les mêmes outils.» Parmi les cas particuliers chez ces nouvelles têtes, on citera quelques sorties d’hospitalisation en provenance de Sainte-Marie et de Monaco. « Le retour à la maison est déjà difficile, alors dans ces circonstances... »
Un logiciel à télécharger
Pour s’adapter au mieux à la situation, le centre met par ailleurs en place un système de téléconsultations. Destinés aux patients dont les capacités intellectuelles sont encore présentes, et sans gros troubles cognitifs. Il leur faudra pour cela un smartphone, une tablette ou un ordinateur. Ainsi qu’on logiciel à télécharger. « On préfère le présentiel, insiste Virginie Buissé. Les téléconsultations par visio, c’est mieux que le téléphone mais ce n’est pas idéal pour autant. » En règle générale, le centre psychothérapique a ainsi dû se repenser. Et s’il n’est pas – dans son statut – un service d’urgences, il s’est adapté à en recevoir davantage. Pour Michaël Piva et Virginie Buissé, il est important de rappeler aux gens qui en éprouvent le besoin qu’il ne faut pas rester chez soi par peur de déranger. Le centre est accessible, tant d’un point de vue pratique que financier. « On cherche à aller au devant des demandes, à anticiper. Ça rassure nos patients qui savent qu’ils peuvent nous joindre, et cela nous évitera d’être submergés. Ce sont des pratiques que l’on utilise en urgences psychiatriques. » Le souci de l’autre comme outil de prévention.