Les lourdes conséquences de la mise à l’arrêt d’Amazon
La fermeture des six centres de distribution français du géant américain est aussi un coup dur pour ses nombreux prestataires et les quelque 10000 PME de la « Market place » d’Amazon
Depuis jeudi 14 heures, les six centres de distribution français du géant Amazon sont à l’arrêt. Conséquence d’une décision de justice rendue par le tribunal de Nanterre qui a enjoint la plateforme d’e-commerce à ne plus distribuer que des produits de première nécessité… Sous peine de se voir infliger une amende record d’un million d’euros par produit indûment livré !
Estimant qu’il ne pouvait faire le tri entre les millions de produits qui passent entre ses mains, le directeur général d’Amazon France a donc décidé de tirer le rideau, purement et simplement. Ce qui ne sera pas sans conséquence pour la firme de Jeff Bezos, ses salariés dans l’Hexagone, mais aussi l’économie française en général.
, milliards de chiffre d’affaires en France
Avec 138 milliards d’euros d’avoirs selon le quotidien britannique Le Guardian et une fortune qui aurait encore augmenté de 24 milliards d’euros depuis le début de la crise du Coronavirus, Jeff Bezos, le P.-D.G. d’Amazon, a largement de quoi encaisser ce revers de fortune en France. Même si ses activités y sont florissantes.
Selon le panéliste Kantar Worldpanel,
les Français auraient acheté la bagatelle de 333 millions d’articles auprès d’Amazon en 2019. Pour un montant total estimé à plus de 7,7 milliards d’euros. Ce qui fait de la firme de Seattle le premier opérateur d’e-commerce du pays avec 22,2 % de parts de marché, devant les autres poids lourds que Cdiscount, Veepee, la Fnac, Darty ou encore Showroomprivé…
Du côté d’Amazon France, on assure qu’il est « trop tôt pour mesurer les conséquences en termes de baisse de chiffre d’affaires de la situation actuelle… Même s’il y en aura, évidemment ».
De nombreux prestataires privés
Cette mise à l’arrêt temporaire pourrait aussi avoir des conséquences en termes d’emploi. Le groupe rappelle qu’il compte « 9 300 salariés en CDI répartis, notamment, sur 23 implantations en France ». Parmi lesquelles figurent donc les six centres de distribution désormais fermés. Ce sont eux qui réceptionnent et préparent les colis en provenance du monde entier, avant de les expédier vers l’un des quatre centres de tri qui réalisent une répartition régionale jusqu’aux onze agences d’Amazon disséminées à travers l’Hexagone et dont la plus proche se trouve à Bouc-BelAir dans les Bouches-du-Rhône. Une armée de livreurs prend alors le relais. Ce sont soit des partenaires tels que La Poste ou ColisPrivé, soit des transporteurs privés. Le géant américain a ainsi recours à trente-trois sociétés locales. Nul doute qu’elles aussi seront impactées par une éventuelle baisse d’activité.
Tout comme d’ailleurs les quelque 10 000 PME et TPE françaises qui commercialisent leurs produits au travers de la Market place d’Amazon. Le site américain leur sert en quelque sorte de vitrine… Mais aussi, rappelle-t-on chez Amazon, pour près de 50 % d’entre elles de support logistique pour la distribution. Nul doute que l’ensemble de cette chaîne économique va être affecté.
emplois
Une chaîne qui, selon la communication du groupe américain, génère plus de 30 000 emplois directs et indirects.
Ceux qui sont salariés par Amazon, et même s’ils sont à l’origine de l’ordonnance en référé qui a conduit l’entreprise à fermer ses centres de distribution, ne devraient pas pâtir de la situation. Du moins pas dans l’immédiat. « Pour l’heure, nous continuons à payer tous nos salariés, y compris ceux qui sont contraints aujourd’hui de rester chez eux », assure la direction de la communication de la multinationale… Mais jusqu’à quand ?
Tout dépendra, sans doute, du temps que durera cette mise à l’arrêt.