ASM : les salaires de la peur
Le club aimerait encore baisser le salaire de son groupe pro - déjà au chômage partiel – pour rentrer dans ses frais. Souci, les joueurs ont, pour le moment, refusé catégoriquement cette nouvelle diminution
Avec 147 millions d’euros de masse salariale selon les comptes publiés par la DNCG le 11 mars dernier, l’AS Monaco possède la deuxième masse salariale de Ligue 1 derrière le PSG (371 M€). Sauf que la pandémie mondiale du Covid19 et la suspension du championnat de France depuis le 13 mars ont bouleversé les finances monégasques. Sans droits télé, sans billetterie, et sans aucune rentrée d’argent, le club de la Principauté se retrouve dans une situation délicate pour assurer son luxueux train de vie. Mi-mars, une procédure de chômage partiel a été mise en place au sein du club pour limiter, dans un premier temps, les dépenses (les salariés du club touchent, depuis, 70 % du salaire brut, soit 84 % du net). Mais face à l’absence de rentrées d’argent, le club se montre inquiet pour les prochains mois avec le prolongement du confinement et le gel des compétitions. La raison ? La masse salariale XXL qui effraie la direction et notamment Oleg Petrov.
Les joueurs, unis, font bloc
Avec plus de 70 joueurs sous contrat dont près d’une cinquantaine présente à La Turbie éparpillée entre la réserve et le groupe professionnel, la somme mensuelle fait peur. Alors, dans une volonté de tenir le coup, Oleg Petrov aurait sondé ses joueurs pour leur demander une nouvelle baisse de salaire, allant parfois jusqu’à 50 % de leurs émoluments actuels. Une idée qui s’appuyait sur un accord trouvé entre l’UNFP (Union Nationale des Footballeurs Professionnels) et un groupe de travail de la LFP qui prévoyait jusqu’à 50 % de baisse pour les joueurs émargeant à plus de 100 000 euros par mois une fois le chômage partiel appliqué. Sur le Rocher, ils sont nombreux à être au-dessus de cette somme…
Un accord qui n’avait rien d’immédiat puisqu’il fallait ensuite l’accord individuel du joueur ainsi qu’un avenant au contrat de travail. Cet accord prévoyait également que les parties de salaires manquant seraient redistribuées aux joueurs lors de la perception des prochains droits télé… s’ils sont payés puisque Canal + et BeIn, les diffuseurs du championnat, refusent pour le moment de payer la LFP tant que le championnat ne reprend pas. Mais ce que l’ASM semble redouter, c’était le cas d’une absence totale de droits télé pour la fin de saison (si la saison ne reprenait pas, par exemple). C’est ainsi qu’Oleg Petrov a pris langue avec tous ses joueurs pour discuter avec eux d’une réduction, dans un premier temps, de 50 % de leur salaire pour le mois d’avril et, éventuellement, pour mai et juin. Une deuxième lame qui ne passe pas, pour le moment, auprès du groupe professionnel car le retour des joueurs, de manière unanime, a été glacial, c’est non.
« Les joueurs estiment qu’ils n’ont pas à payer, au-delà du chômage partiel, pour les errances des derniers mercatos du club qui ont contribué à avoir une masse salariale si importante et autant de joueurs sous contrat », glisse-t-on en interne. On décrit d’ailleurs une vraie cassure entre la direction et le groupe professionnel que le confinement n’aide pas à résorber. Il faudra un certain doigté et beaucoup de diplomatie pour trouver un compromis.