Nice-Matin (Cannes)

Réfléchir autrement

- Edito@nicematin.fr

A un moment, la symbolique a ses limites. Une breloque, un hommage solennel le  juillet, les soignants, pour la plupart, s’en contrefout­ent. « On ne demande pas de médaille. On a fait notre travail. Veut-on que nous défilions avec les sacs-poubelles que nous avons été obligés de mettre parce qu’on n’avait pas de protection ? », tonnait ces jours-ci Olivier Milleron, cardiologu­e parisien membre du Collectif inter-hôpitaux. Même la prime promise aux personnels, entre  et   euros selon les cas, ne soulagera pas un malaise exacerbé par la crise actuelle. L’aspiration des soignants hospitalie­rs est double : disposer des moyens de bien faire leur travail et en obtenir une juste rémunérati­on. Une infirmière, en France, gagne en moyenne  euros de moins que dans les autres pays de l’OCDE. Beaucoup, au sortir d’un boulot exigeant, ont aussi du mal à se loger dans les grandes villes. Un plan de revalorisa­tion des salaires

doit pouvoir régler « C’est l’architectu­re assez aisément cette problémati­que-là… globale de notre

Plus compliqué système de santé sera de s’extraire de la quadrature qui est à repenser. » du cercle : bannir la dictature de la rentabilit­é pour renforcer l’hôpital public, sans pour autant en refaire un puits sans fond, alors que la dette totale de nos hôpitaux s’élevait déjà à  milliards d’euros fin . Le mea culpa d’Emmanuel Macron, qui n’est certes pas de nature à rassurer le bon peuple sur la carrure de ceux qui le gouvernent, a le mérite d’ouvrir une page blanche. Mais la boussole unique du soin, hors de toute contrainte budgétaire, sera-t-elle longtemps tenable ? La France se

classe déjà au e rang mondial en matière de dépenses de santé. C’est donc aussi et surtout l’architectu­re globale de notre système qui est à revoir. En particulie­r, une concurrenc­e attisée à l’excès entre public et privé. Comme dans d’autres domaines, l’approche gagnera sans doute à être territoria­lisée, pour répondre au plus juste à des contrainte­s qui ne seront jamais les mêmes à Nice et au fin fond de la Haute-Saône.

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