Émile Battaglia, une légende
C’est sans doute le plus grand athlète monégasque de l’Histoire. Ce spécialiste du 5 000 m sur piste et de cross-country aurait eu 100 ans cette semaine. Sa veuve lui rend ici hommage
Le 12 mai, Émile Battaglia aurait eu 100 ans. Cet athlète de haut niveau, respecté de tous, a tout gagné dans sa belle carrière, en battant notamment une des légendes françaises, Alain Minoun.
Pour son centenaire, sa veuve Huguette Battaglia tenait à rendre hommage à celui qui s’est beaucoup investi dans le sport asémiste.
« Il pensait toujours aux autres »
C’est au téléphone, dans une Principauté encore confinée, d’une voix chantante à l’accent du sud bien prononcé, qu’Huguette Battaglia se remémore les souvenirs des exploits sportifs de son défunt mari, en dressant de lui un magnifique portrait.
« Émile était connu de tous, même du prince Rainier III qui l’appréciait. Je connaissais Émile depuis toute petite. Il était client du magasin que tenaient mes parents. Un jour, il a dit à ma mère que lorsqu’il aurait 20 ans, il m’épouserait. Quelques années plus tard il a tenu parole ! Cinquante ans de mariage, tout de même, ce n’est pas rien… »
« Émile avait beaucoup de qualités et était toujours au service des autres, poursuitelle. L’entraide faisait partie de son ADN. C’était une personne très intelligente, affable. Hormis sa carrière sportive, il a été directeur du Service de l’Enregistrement où il a aidé de multiples commerces monégasques. C’était un homme très actif. Il ne pensait jamais à lui, toujours aux autres. »
Le regret des JO de Londres en
Émile Battaglia commence sa carrière sportive à 18 ans. En 1938, le coureur de demifond monégasque se révèle aux yeux de tous en remportant l’intégralité des épreuves junior, sous la houlette de son entraîneur Pierre Vigarello.
En 1946, Émile fait sensation en réalisant 14’39” sur 5 000 mètres au stade Louis-II, ce qui constitue alors la troisième performance française. De facto, le champion de la Principauté aurait dû participer aux Jeux Olympiques de Londres, deux ans plus tard. Malheureusement, une blessure au mollet l’empêchera de participer à la plus belle des compétitions. « C’est son plus grand regret, poursuit Huguette Battaglia. Il était au meilleur de sa forme et enchaînait les performances. Alain Mimoun le voyait même champion olympique… »
Battaglia bat Mimoun en
Cette année-là, c’est Emil Zátopek, autre référence mondiale du fond et demifond, qui s’adjuge le titre suprême sur 10 000 m devant Mimoun. La même année, Émile Battaglia battait Alain Mimoun lors d’une rencontre internationale entre la France, la Belgique et le Luxembourg. Ce même Alain Mimoun deviendra, dix ans plus tard, champion olympique de marathon. Toujours en 1948, le Monégasque devient champion de Provence de cross-country, établissant au passage la sixième performance européenne sur 5 000 m, en 14’48”2. À Alger, il obtiendra une belle troisième place en cross-country et terminera quatre fois quatrième des championnats de France sur 5000m.
À la fin de sa carrière, il prend logiquement la présidence de la section athlétisme, de 1954 à 1974. Il décédera en 2011.
Une plaque au stade Louis-II
« Quand il est mort, une personne en fauteuil roulant est venue me voir à l’entrée de la cathédrale, confie Huguette Battaglia. Elle m’a dit : “Vous ne me connaissez pas mais je connaissais très bien votre mari.” C’était Alain Mimoun, qui était descendu exprès de Paris. Cela m’a touchée. » En 2014, en présence du prince Albert II, une plaque commémorative a été inaugurée à l’entrée de la piste d’athlétisme du stade LouisII, en hommage à ce champion d’exception qui, à l’heure actuelle, reste le plus grand champion monégasque d’athlétisme.
Palmarès
✔ 2 sélections en équipe de France
✔ 4 fois 4e aux championnats de France de cross-country
✔ 38 fois champion de Paca (du 800 au 10 000 m en individuel ou en équipe)