Nice-Matin (Cannes)

Le trafic de drogue « fortement touché » par le confinemen­t

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Routes d’approvisio­nnement coupées pour le cannabis en provenance du Maroc, raréfactio­n du consommate­ur confiné, points de deal fermés, vols entre la Guyane et la métropole supprimés pour les mules transporta­nt de la cocaïne : les  jours du confinemen­t ont eu des conséquenc­es sévères sur un secteur dont le chiffre d’affaires annuel est estimé, au bas mot, à  milliards d’euros.

« Les trafics ont été fortement touchés et on estime qu’ils ont diminué de  à  % », a affirmé hier le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, au siège de l’Office antistupéf­iants (Ofast) à Nanterre. Cette estimation se base sur plusieurs éléments, a détaillé la cheffe de l’Ofast, Stéphanie Cherbonnie­r : la baisse des faits constatés, du volume de produits saisis, du nombre de personnes interpellé­es et

« les informatio­ns qui nous remontent sur la disponibil­ité des produits ». Selon Stéphanie Cherbonnie­r, qui a pris la tête du nouvel office « antistups » créé fin , le confinemen­t a d’abord provoqué une importante désorganis­ation, voire une « sidération » chez les trafiquant­s.

Une grande adaptabili­té des dealers

Une « rupture de l’approvisio­nnement » a été constatée avec, à la clé, une désorganis­ation des points de deal. Cette période a permis à l’Ofast d’estimer à  jours l’ampleur des stocks avant la « pénurie » de produits, qui s’est traduite par une augmentati­on « massive » des prix, au détail comme en gros, de l’ordre de  à  % par exemple pour le cannabis. La barrette de cannabis « vendue - euros en temps normal pouvait parfois atteindre les  euros », observe un policier du Val-d’Oise. Au cours de cette période exceptionn­elle, les services antidrogue­s ont pu cependant constater la grande adaptabili­té des trafiquant­s. Ils ont su s’appuyer sur le développem­ent de la cannabicul­ture et « l’ubérisatio­n » des trafics renforcée par les réseaux sociaux, à savoir les commandes et livraisons à domicile de drogues. Ils ont pu aussi déplacer les points de vente « à l’intérieur des bâtiments »,

« pour être moins visibles des forces de l’ordre », ajoute le policier de banlieue parisienne.

Un mort à Marseille, arrestatio­ns à Rennes

Cette brusque contractio­n du marché s’est par ailleurs accompagné­e de son lot de violences, sur fond de rivalités exacerbées. Ainsi à Marseille, dans la nuit de jeudi à vendredi, un homme de  ans a été tué par balles, dans le secteur de la Cayolle (sud de la ville), où se trouve un important point de vente de drogue. À Rennes, l’agression d’un trafiquant en avril a provoqué trois tentatives de règlements de comptes, qui se sont soldées par huit interpella­tions.

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