Nice-Matin (Cannes)

«Cetir,illefallai­t!»

- Textes :

Sugar,  ans après, ce shoot du titre à Pau, ça reste une signature à vie ?

Oh oui ! Avant cette dernière action, Jacques (Monclar) a pris un tempsmort, car il y a  lancers francs pour Orthez, qui va prendre l’avantage d’un point (par Fauthoux). J’étais énervé, je crois que je criais un peu de partout. J’en suis même certain ! Je voulais vraiment, ce dernier shoot. Jacques me l’a donné...

Avant ce dernier tir, tu es dans un mauvais jour, avec un / aux tirs. Que se passe-t-il alors ?

Ce moment n’a plus rien à voir avec le reste. Je suis obligé de te dire ça, c’est là où tu vois les grands joueurs ou pas. Je n’ai pas douté, j’étais juste affamé à l’idée de rentrer ce dernier tir.

C’est Fred Fauthoux qui défend sur toi ?

Ah oui, quelle erreur du coach de Pau, pourtant réputé le meilleur d’Europe… Il met le plus petit joueur de Pau-Orthez (ndlr, ,m) sur moi. Fauthoux n’avait aucune chance de m’arrêter.

Quand le ballon quitte ta main, tu le vois dedans ?

Oui, je sais tout de suite que c’est bon. Je te raconte une anecdote. L’après-midi du match, on faisait des shoots, j’étais avec mon ami, le manager Lee (Johnson, celui qui avait convaincu les dirigeants antibois de faire venir Richardson). Je ne sais pas pourquoi, on a fait toute la dernière séance à cet endroit précis où j’ai pris ce shoot de la gagne. Même panier, même distance, même angle, tout pareil. Avec Lee, on avait dû sentir que ça se jouerait là.

Tu as joué blessé ce match . Si tu rates, Pau s’impose et tu es forfait pour la manche …

C’est exact. J’avais joué avec une déchirure. Le kiné Thierry (Tricou) avait tout fait pour que je puisse disputer ce match . C’est aussi la raison pour laquelle je voulais absolument ce dernier shoot. Je savais que ce serait ma dernière action, quoi qu’il arrive. Je ne pouvais pas laisser tomber mon équipe. Il fallait que je fasse quelque chose, il le fallait impérative­ment !

« Un sacré basket »

Lorsque tu arrives à Antibes, en octobre , l’Olympique ne va pas fort. Monclar dit alors que son équipe est trop soft. Tu as alors  ans et demi...

Tu sais, moi, je ne craignais pas d’être trop vieux ! (rires) J’ai compris que cette équipe était celle de David Rivers. Mais David était un meneur silencieux, réservé. Or, il avait besoin d’un aboyeur à ses côtés. Un dynamiteur. Je veux dire quelque chose sur cette époque. Nous avions un grand président. Un président première classe. Alain Trichot a accompli un travail énorme. Il ne se mettait pas beaucoup en avant, mais Alain a été un président d’une rare qualité. Un dirigeant très loyal, attentif, qui s’est énormément investi.

Vous étiez bien copain avec le pivot Willie Redden. Lui, c’était l’eau, et toi le feu…

Oui, c’était un gentil gars, Willie. Je l’aimais bien. On avait Stéphane (Ostrowski), le meilleur joueur français. Il y un gars aussi qui faisait un gros boulot, c’est Fred Domon. Il connaissai­t son job, jouer dur dans la peinture, et il le faisait très bien, c’était précieux.

Le coach Monclar ?

maison de l’Oklahoma, vous passez illico du canapé du salon à la cuisine, puis dans le séjour, puis l’allée du jardin, puis à la voiture pour filer vite fait au supermarke­t... Sur le parquet, Sugar était un fauve, en dehors c’est un ami sur lequel vous pouvez compter. Il fut surnommé Sugar (sucre) dès ses années de collège. Désormais brillant ambassadeu­r pour la NBA à travers le globe, ‘’Michel Raymond’’, comme l’appelait son coach Monclar, est papa de cinq enfants et déjà huit fois grand-père. Bien joué maestro !

Jacques était un coach encore joueur dans l’âme. Quand on se voit, c’est généraleme­nt au All-Star Game NBA. Je lui lance un grand « Jacques » et on se tombe dans les bras.

Cette équipe de  ?

On jouait un sacré bon basket avec cette équipe. Et il y avait beaucoup d’amitié à l’Olympique. A l’époque, la ligue française faisait partie du top  en Europe. Elle n’avait rien à envier à l’Espagne, la Grèce, la Turquie, l’Italie. C’était du très bon niveau. Et aujourd’hui, comment ça joue Antibes, donne-moi un peu des nouvelles ?

Disons, c’est la Pro B, on espère des jours meilleurs... Mike, il y a quelque chose qui a épaté pas mal de monde, c’est ta reconversi­on réussie en tant que coach...

J’ai débuté aux Albany Patroons (CBA) en . J’ai gagné six titres en  ans. J’aime communique­r, le courant passait bien avec mes joueurs. Et je connais le jeu. J’aurais bien aimé venir entraîner en Europe, mais ce n’était pas possible en raison d’un problème d’équivalenc­e de diplômes.

Aujourd’hui ?

Je suis ambassadeu­r pour la NBA. Je voyage beaucoup, en Inde, en Afrique, en Asie… Je participe à des actions de promotion, des stages, la détection de jeunes talents. J’y prends beaucoup de plaisir. Sauf qu’en ce moment, avec la pandémie, je suis bloqué à la maison.

Elle paraît sympa, ta maison au fait ?

Oui, super. Tu sais combien je l’ai payée ? . dollars. Avec ça, je ne sais pas ce que tu peux avoir à Antibes ! Elle est trop chère, la mer. Je suis bien, dans un quartier chic, à  minutes d’Oklahoma City.

« David Stern, un homme de bien »

C’était où, tes endroits préférés à Antibes ?

Sur le port… J’allais déjeuner chez Mamo et au Transat. Je suis revenu en France au début de cette année. C’est bon de retrouver mes enfants antibois (Kimberley,  ans, et Amir  ans).

Avant Antibes, on t’appelait le roi du Madison, la salle de la Virtus Bologne..

Oui, j’ai beaucoup aimé Bologne et l’Italie. Je débarquais des USA, j’ai appris la chaleur d’une culture, les gens… Avec la Virtus, on avait remporté la Coupe des coupes en battant le Real Madrid du coach George Karl en finale, à Florence (). Dans mon équipe, il y avait le célèbre Brunamonti et le père de Gallinari, qui joue en NBA. Le coach était Ettore Messina. Il fut génial avec moi, très proche. Il était tout jeune, avant de devenir une légende… (au mois d’avril , Sugar est retourné à Bologne et le Madison plein lui a rendu un immense hommage).

Tu as fini ta carrière à Antibes, à  ans...

Je n’ai jamais connu une grave blessure. Quand le corps tient et la passion coule, il faut se faire plaisir.

Est-il vrai que tu t’es lié d’amitié avec David Stern, celui-là même qui t’avait radié de la NBA en  pour usage de drogue ?

C’est tout à fait exact. Lors du Mc Donalds Open , à Paris, je suis allé le voir et je lui dis : « Commission­er, je veux vous remercier car il y a dix ans vous m’avez sauvé la vie ». Nous sommes ensuite restés proches, je suis revenu travailler pour la NBA. La veille de son accident cérébral, nous avions encore discuté de longues heures au téléphone... David Stern (patron de la NBA de  à , décédé le er janvier ) était un visionnair­e, un homme de bien, qui a énormément fait pour la NBA.

Tu as joué avec les plus grands. Si tu devais en retenir un seul ?

George Gervin. On l’appelait Ice Man (l’homme de glace).

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