Mystères et bonne nouvelle à Moscou
La Russie inquiète la communauté internationale pour deux raisons en ce moment. La première, c’est qu’à l’instar du Brésil, de l’Inde ou encore des États-Unis, les cas de contaminations sont exponentielles ; la seconde, c’est que les bilans sanitaires et la stratégie du Kremlin sont teintés de la plus grande opacité. « Tout est invérifiable ici. Pour tout vous dire je ne suis plus les actualités et je ne suis pas la seule. Il y a toujours ce même problème de l’information qui est filtrée par l’État. Des chiffres tombent mais c’est un peu bizarre, ils sont toujours ronds et, de l’extérieur, ils diffèrent selon les pays », concède Ludmila Diato, jeune étudiante monégasque qui, mi-avril, nous confiait déjà que les consignes sanitaires étaient « beaucoup moins sévères à Moscou qu’à Monaco ». Depuis, Ludmila a connu une petite baisse de moral loin de ses proches mais nous confirme être de nouveau en pleine forme. D’autant que, mercredi dernier, son avenir s’est éclairci. « Nos professeurs viennent de nous apprendre que nos examens prévus en juin seront sûrement reportés début août. Ce sera essentiellement des oraux et on pourra les passer à distance. C’est une bonne surprise car ça me permettrait de revenir à Monaco, j’ai des billets réservés pour le 12 juillet. »
« Où partent les analyses ? »
Sinon, que dit le bruit de la rue à Moscou ? Tenez, le testing par exemple. Officiellement, la Russie se vante de mener une campagne massive de tests. Plus de cinq millions de personnes auraient déjà été dépistées. Là encore, la réalité semble parfois voilée. Pour preuve, cet échange entre Ludmila et une amie travaillant dans une clinique privée. « Elle m’a dit que certains tests ne respectaient pas la procédure légale, que certains patients en profitaient et pas d’autres. Et elle ne sait pas où partent certaines analyses… » Officiellement toujours, plus de 10 000 nouveaux cas positifs sont recensés chaque jour en Russie. Pourtant, le taux de létalité est très faible. Il faut dire que si Moscou a été rapidement mise sous cloche, Vladimir Poutine a délégué aux gouverneurs de régions la gestion de crise et tous n’ont pas les mêmes moyens, ni les mêmes résultats. Et encore moins l’envie pressante de remonter d’éventuelles lacunes au pouvoir central, sous peine de servir de fusibles.
« Le taxi a scanné nos papiers »
À Moscou, le confinement n’a jamais été une règle, comme le couvre-feu. Les déplacements font toutefois l’objet de contrôle. Des attestations étaient nécessaires pour prendre les transports en commun et des filtrages sont opérés à l’entrée et à la sortie des autoroutes. « Avec mon oncle nous avons rejoint ma famille dans une datcha le 1er mai. Le chauffeur de taxi a scanné nos papiers car ils sont souvent contrôlés par la police » ,détaille Ludmila. L’administration a toutefois dû revoir ses priorités pour lutter plus efficacement contre le virus. Ainsi, lorsque Ludmila s’est récemment présentée à la police pour renouveler des autorisations d’être sur le territoire, la réponse a fusé : « Rentrez chez vous, vous êtes en vacances. Vous reviendrez après le coronavirus ». Patience inhabituelle dans un pays qui aime suivre ses immigrés. D’ailleurs, en vue de la prochaine rentrée scolaire – le 1er septembre par tradition, Ludmila devra passer quelques tests dans les hôpitaux. Être a jour de tous ses vaccins mais aussi consentir à un dépistage de l’hépatite B et du VIH ou encore passer une radio du thorax. Un test Covid-19 s’ajoutera-t-il à la liste d’ici là ?