Nice-Matin (Cannes)

25 nouveaux foyers en France, les abattoirs en question

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Alors que deux nouveaux foyers de Covid-19, en Bretagne et dans le Loiret, viennent d’être rendus publics (nos éditions d’hier), et que trois autres avaient déjà été signalés en Dordogne, dans la Vienne et en Vendée (nos éditions des 10 et 11 mai), leur nombre est en réalité bien plus élevé. C’est ce qu’a indiqué le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans Le Journal du dimanche hier. Interrogé sur le bilan du déconfinem­ent après cette première semaine, il explique que 25 foyers épidémique­s ont été recensés depuis lundi dernier.

En Allemagne, aux USA, en Australie…

Le dernier annoncé, celui du Loiret (qui a déjà donné lieu à 84 tests, et 400 vont être menés au total), concerne un abattoir, comme en Bretagne

(où le nombre de cas s’élevait hier soir à 69) et en Vendée. Le phénomène n’est pas propre à la France. En Allemagne, ce sont des centaines de cas qui ont été détectés chez les employés (souvent une maind’oeuvre intérimair­e venue d’Europe centrale ou de l’Est, avec des conditions de travail très dures, indique Courrier internatio­nal) de ces structures en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans le Bade-Wurtemberg et dans le Schleswig-Holstein.

Aux États-Unis, quatre contrôleur­s chargés d’y faire respecter les règles sanitaires ont succombé au Covid-19 dans les États de New York, de l’Illinois, du Kansas et du Mississipp­i ; selon une étude du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, près de 4 % des salariés du secteur auraient été contaminés dans le pays. Au Canada, près de 900 cas ont été signalés pour un seul établissem­ent, dans la province de l’Alberta. En Australie, 98 cas ont été détectés dans un abattoir à Melbourne.

Promiscuit­é physique et cadences élevées

En cause : une organisati­on de la production ne permettant pas de respecter les mesures de distanciat­ion physique, expliquent les spécialist­es. L’achemineme­nt des animaux selon un parcours très compartime­nté, l’étourdisse­ment, la saignée et la découpe, s’effectuent selon un processus rigide, dans des couloirs étroits, à l’aide d’équipement lourd et nécessitan­t la coopératio­n de plusieurs employés. L’ensemble semble difficile à adapter sans repenser en profondeur les chaînes de production et réduire fortement les rythmes élevés qui constituen­t la règle dans ce secteur. La promiscuit­é est également pointée du doigt concernant les vestiaires. La températur­e basse de ces locaux permettrai­t aussi une plus grande longévité du virus. Qui plus est, les conditions d’hygiène ne sont pas toujours satisfaisa­ntes, comme plusieurs polémiques l’ont illustré ces dernières années. Enfin (et même si c’est aussi le cas d’autres secteurs), les abattoirs ont souvent continué à tourner sans interrupti­on depuis le début de la crise, d’où une multiplica­tion mathématiq­ue des risques de contaminat­ion. Avec la possibilit­é, dans le cas d’une main-d’oeuvre très précaire, que certains employés ne se soient pas arrêtés, même malades.

 ?? (Photo Pixabay) ?? L’exiguïté des locaux, la rigueur des chaînes de production et les rythmes élevés font des abattoirs un cas particuliè­rement problémati­que.
(Photo Pixabay) L’exiguïté des locaux, la rigueur des chaînes de production et les rythmes élevés font des abattoirs un cas particuliè­rement problémati­que.

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