« Je passe mon temps dans l’angoisse de pouvoir manger »
Saisonnière dans le Golfe de SaintTropez, Fatiha a été frappée par la crise. Elle a répondu à notre appel à témoignages, pour raconter son quotidien. Un récit en forme de SOS.
« Je passe mon temps dans l’angoisse de pouvoir manger, je suis restée des semaines avant de faire appel à un ami et de révéler la situation à ma famille… tellement honte et gênée, j’ai perdu 6 kg. » Pourquoi ne s’est-elle pas adressée à des associations caritatives ?
« Parce que l’on m’a dit qu’ il fallait être inscrit sur la liste des restos du coeur », répond-elle simplement. Et puis, elle ne sait pas vraiment à quelles portes frapper.
« Je ne perçois plus d’allocationchômage, d’aide au retour à l’emploi depuis fin janvier. Lorsque le confinement a été mis en place, je constituais mon dossier demande d’Allocation de Solidarité Spécifique. » Et surtout, elle comptait reprendre le travail. « Je devais signer mon contrat comme responsable de magasin de prêt-à-porter. J’attendais ma reprise d’activité pour le 1er avril, jour d’ouverture de la boutique. »
Elle raconte les galères des démarches administratives. « Cela fait 3 mois que je n’ai aucun revenu et Pôle emploi qui complique les choses : pas la bonne attestation, pas le bon certificat, pas le bon avis d’impôt sur le revenu 2018, et on n’a pas reçu le dossier et il faut scanner... Je n’ai toujours rien et, ce matin, j’appelle Pôle emploi, encore pas le bon document. » « J’avoue, j’ai compris à ce moment-là, à quel moment une personne passe à l’acte de désespoir. Et sans parler des rejets de prélèvements, les menaces de la banque pour le crédit renouvelable et surtout le pire, en plein confinement, la banque me supprime l’autorisation de découvert. J’ai vécu les pires moments de ma vie ! » Comment voit-elle l’avenir ?
« Mes employeurs n’envisagent pas d’ouverture avant le 15 juin par crainte du peu de fréquentation de la clientèle huppée, internationale de Saint-Tropez et prévoient de raccourcir la saison au 30 août. Pour moi c’est double peine avec cette coupe au rabot. Au lieu de 7 mois et 1/2 d’activité je passe à 2 mois et 1/2...une catastrophe pour l’ouverture des droits à l’indemnité chômage ! »
« Pour moi, ce n’est pas le Covid19 le responsable, c’est le confinement. J’espère que mon témoignage servira pour votre enquête et que cela pourra faire évoluer les moyens mis en place par l’Etat pour l’aide des laissés pour compte. »
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Les pires moments de ma vie”