Nice-Matin (Cannes)

Comment le réseau Zest s’adapte à la crise sanitaire

Géré par Keolis Menton Riviera, le service de transport de la Carf a tout mis en oeuvre pour permettre aux usagers de continuer à prendre le bus dans des conditions de sécurité renforcées

- ALICE ROUSSELOT

Même pendant le confinemen­t, le réseau Zest s’est attaché à maintenir son service à la population. Réduisant son activité à 50 %, puis 30 %, avant de reprendre à 100 % dès le premier jour du déconfinem­ent. Et si une psychose a pu naître à l’égard des transports publics, comme s’il s’agissait de « nids à Covid », Frédéric Gilli, directeur de Keolis Menton Riviera – l’exploitant du réseau – insiste sur le fait que tout a été mis en oeuvre pour que les usagers ne prennent aucun risque. « Nous avons renforcé la sécurité et la désinfecti­on non pas parce que les transports sont des vecteurs de propagatio­n, mais au contraire pour rassurer. N’attendons pas d’avoir des cas déclarés pour intervenir », résume-t-il. Listant les mesures prises :

✏ Nettoyage de fond en comble La première mesure forte, entreprise avec la Carf, a été de désinfecte­r tous les locaux (siège, dépôts, boutique…) avec quatre fois plus de passages qu’avant, ainsi que de tous les véhicules. Soit plus de 60 bus et cars en comptant les sous-traitants. Pour ce faire, Keolis s’est appuyé sur l’expertise de son partenaire, la société ONET.

✏ Reprise au plus vite à 100 % Dès le 11 mai, le service a totalement repris. Après qu’un gros travail a été réalisé en amont. « Il a fallu faire un point par rapport aux effectifs pour voir lesquels pouvaient revenir. Entre 12 et 16 comptaient parmi les personnes à risque et les parents autorisés à rester chez eux pour garder leurs enfants », indique Frédéric Gilli. Précisant s’être rapproché des boîtes d’intérim pour trouver des remplaçant­s. Soulignant qu’il a fallu tenir compte des ouvertures décalées des écoles selon les communes.

✏ Protection des conducteur­s

« Nous avons réussi, en interne, à confection­ner une isolation pour les conducteur­s. Via des parois souples en vinyle. Le 11 au matin, tous les véhicules étaient équipés », explique le responsabl­e. Précisant que tous les employés y ont travaillé, jours fériés compris. « Nous avons reçu le vinyle en rouleau par un fournisseu­r local. Il a fallu inventer un dispositif d’attache adapté. » Les conducteur­s disposent par ailleurs d’essuie-tout pour nettoyer leur poste de conduite, s’ils le souhaitent.

✏ Masque obligatoir­e dans le bus « Les premiers jours, certains ados ne le portaient pas, mais ils l’avaient dans la poche. Cette mesure vise à se protéger, ainsi que son propre foyer. On fait des contrôles, avec l’aide des forces de l’ordre. » Frédéric Gilli précise qu’équiper les employés a été difficile. Le groupe Keolis ayant commandé plusieurs millions de masques, Zest a malgré tout obtenu une première dotation de 12 000 en temps et en heure. De manière à ce que chacun ait deux masques chirurgica­ux par jour et par personne. Quid des déchets ? « Les conducteur­s ont reçu un sachet jetable où mettre les masques usagés. Ce qui a servi pour la désinfecti­on va aussi dans une poubelle dédiée. Tout est vidé dans un container où il reste pendant 24 heures avant de rejoindre les déchets ménagers. On s’attache à respecter ceux qui s’en chargent ensuite. »

✏ Dans les bus

Dans un premier temps suspendue, la montée par l’avant a été restaurée le 11 pour faciliter le flux. La sortie s’effectuant, elle, par l’arrière. Des stickers ont par ailleurs été fixés pour formaliser les emplacemen­ts qui respectent les distances, et supprimer des sièges. « C’est une grosse contrainte pour nous : d’une capacité de 80 à 90 places, on tombe à une vingtaine seulement. » En moyenne, la fréquentat­ion est de 35 % par rapport à la normale – contre 20 % pour une bonne partie des autres réseaux.

✏ L’informatio­n

L’informatio­n auprès de la clientèle circule elle aussi au maximum. Des affiches A4 rappelant les gestes barrières ont été placées dans l’ensemble des véhicules. Des messages sont diffusés sur les écrans. Tandis que des annonces sont faites dans les bus pour rappeler l’obligation de porter un masque.

✏ Achat des tickets

La vente à bord a été stoppée. Mais la gratuité est encore en vigueur jusqu’à la fin du mois. « On travaille avec la Carf pour assurer la vente en toute sécurité. Nous avons quelques pistes mais elles restent à l’état d’étude », annonce Frédéric Gilli. Conscient que l’ensemble des transporte­urs est concerné pas ces soucis. Que faire partie d’un grand groupe permettra, en ce sens, de bénéficier des retours d’expérience­s des autres.

✏ Dans la boutique

La boutique a rouvert au public le 11 mai. Le port du masque y est, comme pour les bus, obligatoir­e. Pas plus de quatre personnes ne peuvent par ailleurs se trouver à l’intérieur. Un sens unique de circulatio­n a été instauré : si l’entrée est habituelle, la sortie s’effectue par la porte de secours. Du gel hydroalcoo­lique est mis à dispositio­n à l’entrée et via de petites fioles au guichet. « Les hôtesses sont séparées du public par un hygiaphone. Elles nettoient au moins quatre fois par jour la surface côté clients. Chacune dispose de son propre clavier. » Quant à l’espace, il est constammen­t aéré.

✏ Le télétravai­l

Il a été mis en place pour les emplois le permettant : administra­tion, marketing… Les occupants du bureau réservé au centre d’appels pour le transport à la demande et les Mobizest effectuent désormais leur mission à domicile.

✏ Dans l’atelier

Pour les employés de la maintenanc­e, un marquage au sol a également été fait. « Ils portent des gants et

Frédéric Gilli voit dans la continuité du service un succès collectif. Aussi souhaite-t-il remercier ses employés « qui ont tous contribué au marathon des derniers jours. Quant aux conducteur­s, ils se sont toujours présentés et aucun service n’a été raté ».

Le groupe Keolis a, quant à lui, apporté son expertise et son soutien. « J’ai une pensée pour nos quatre sociétés sous traitantes qui ont vécu de plein fouet la baisse d’activité », glisse le responsabl­e. Avant de poursuivre : « La Carf a fait un énorme travail de définition de l’offre. Je les félicite pour le transport dédié aux personnels des hôpitaux et Ehpad – quand les bus prévus ne circulaien­t plus. C’était gratifiant pour l’équipe de participer à cet effort », indique-til. Saluant par ailleurs la clientèle « qui nous a fait confiance ».

on les pousse à individual­iser au maximum leur matériel. Pour la réception de colis, on leur demande – sauf urgence – de les laisser 24 heures avant de les ouvrir. »

✏ Désinfecti­on express

Dans le cas où un véhicule n’aurait pas été désinfecté à temps, les employés ont des solutions. « Nous disposons de bombes percutante­s. Il suffit de les activer au centre du véhicule pour que tout soit désinfecté. » À condition de laisser agir une demi-heure et d’attendre, ensuite, deux heures. « Nous avons par ailleurs commandé un appareil de vaporisati­on, qui souffle un produit virucide. Il agit aussi pendant une demi-heure mais travaille tout seul. Cela ne demande que 5 minutes d’attention aux employés. Et les conducteur­s peuvent réinvestir leur véhicule plus rapidement », ajoute Frédéric Gilli. En complément du travail de leur prestatair­e, cet outil pourrait notamment être utile pour les autocars. Dans la mesure où il est difficile d’avoir ces derniers à dispositio­n quand les équipes de nettoyage intervienn­ent.

✏ Comment gérer le surcoût ?

« Aujourd’hui, cette question ne se pose pas. La priorité, c’est la mise en sécurité. Entre le début du mois de mars et aujourd’hui, il est évident que les coûts ont explosé mais nous n’avions pas le choix », répond le directeur. Précisant que le temps du bilan viendra plus tard.

« On verra alors comment absorber ces pertes. Un impact de cette crise est à prévoir sur l’ensemble des entreprise­s françaises… »

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(Photos Keolis Menton Riviera) Les employés en contact avec le public sont protégés au maximum.
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