Nice-Matin (Cannes)

Une messe à Monaco au temps du Covid-

Depuis le 4 mai, jour où la Principaut­é s’est déconfinée, les églises du pays accueillen­t de nouveau messes et célébratio­ns. Ambiance, hier, à Sainte-Dévote où la distanciat­ion sociale est de mise

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Avec un brin de retard, José passe les portes de l’église Sainte-Dévote pour la messe de 10 h 30. Ce fidèle monégasque, 82 printemps au compteur, réajuste son masque sur le visage puis trempe ses doigts dans le bénitier. Mais le bassin est vide. À défaut d’eau bénite, il se voit proposer du... gel hydroalcoo­lique par un paroissien posté à l’entrée de l’édifice religieux. Une rangée sur deux est condamnée et la distanciat­ion sociale est matérialis­ée par de petites étiquettes sur lesquelles il faut s’asseoir. Deux personnes maximum par banc. «On vit la messe avec de petites restrictio­ns. On avait un peu peur que ça bouleverse les habitudes mais ça se passe très bien », sourit Jean-Christophe Genson, curé de la paroisse SainteDévo­te.

En Principaut­é, où la religion est d’État, les offices religieux ont repris dès le 4 mai, jour où le confinemen­t a été levé. Une décision mûrement réfléchie entre le diocèse de Monaco et le gouverneme­nt princier. A contrario de la France, où les messes se célèbrent toujours par écrans interposés. « Autant dimanche dernier [le 10 mai], les Français étaient toujours confinés, autant aujourd’hui [hier], on s’attend à ce qu’ils viennent dans les églises à Monaco », poursuit-il.

« On vit, on ressent »

À l’entrée de chaque église du pays, un panneau indique le nombre maximum de personnes autorisées à pénétrer. Cent personnes dans la cathédrale du Rocher, quarante à Sainte-Dévote, laquelle a pourtant une capacité de près de 200 places. Moins de monde, certes, mais plus de messes célébrées. Cinq le dimanche à Sainte-Dévote, sans compter les deux anticipées du samedi soir.

Hier, à celle de 10 h 30, une trentaine de fidèles buvaient les paroles de l’énergique prêtre Claudio Fasulo. « Quelle joie de revenir ici, s’extasie Stella Koffi. On avait besoin de nourrir notre foi. A la maison, même si on suivait les messes sur Internet pendant tout le confinemen­t, ce n’était pas pareil. Quand on rentre dans l’église, quelque chose se passe. On vit, on ressent. Il y a une âme. Je m’y sens bien même si elle est un peu plus vide. » « On retrouve notre maison », résume laconiquem­ent Jean. Mais aussi toute la communauté catholique de la Principaut­é, ce qui ferait presque oublier que certaines habitudes ont été chamboulée­s. Pas de livret de messe, juste des photocopie­s à usage unique. Le pupitre n’est utilisé que par une seule personne, le prêtre restant en retrait et prenant la parole depuis le siège de la présidence. « Le geste de paix entre les fidèles a été supprimé, c’est impossible de se serrer la main », poursuit Claudio Fasulo. Finie, aussi, la queue dans l’allée centrale pour recevoir la communion. C’est masqué, dans les rangs et après s’être lavé les mains au gel hydroalcoo­lique, que le prêtre délivre l’hostie. Dans la main et pas dans la bouche. « La confession, c’est comme les coiffeurs, il faudra prendre rendez-vous », annonce avec humour le prêtre en fin de messe. Ce n’est plus dans l’intimité tamisée du confession­nal que le pénitent sera absous. Mais dans une pièce – où le secret des confidence­s restera préservé – à deux mètres de distance. Face au Covid19, la foi s’adapte.

« La plus grande maladie du siècle est la solitude »

« La plus grande maladie de ce siècle n’est pas le coronaviru­s mais la solitude, estime le prêtre. Pendant le confinemen­t, on a reçu beaucoup d’appels de fidèles qui s’attristaie­nt de ne pas vivre la messe, de ne pas communier. La famille chrétienne leur manquait. » Certains paroissien­s continuent d’ailleurs à vivre virtuellem­ent la messe dominicale, sur Monaco Info et les réseaux sociaux. Préférant ne pas s’exposer à autrui. « C’est une question de prudence. Je préfère attendre le mois de juin pour retourner à l’église, justifie Pierre Uboldi, un croyant. Habituelle­ment, je vais à l’église SaintCharl­es où la jauge maximum est désormais de 100 personnes. C’est beaucoup de monde, il peut y avoir des conséquenc­es. Alors je regarde les messes sur Monaco Info. Il y a une très belle réalisatio­n et c’est agréable à suivre. C’est sûr que l’ambiance et la chaleur de l’église manquent mais il faut être patient. » Privés d’une Pâques sur le terrain, les fidèles monégasque­s fêteront l’Ascension et la Pentecôte dans les églises. Pas comme avant, mais presque.

 ??  ?? Gel hydroalcoo­lique à l’entrée, masque obligatoir­e au sein de l’édifice religieux, rangées de bancs condamnées et distanciat­ion sociale d’, mètre... La reprise des messes se fait, depuis le  mai, dans des conditions d’hygiène strictes. Après chaque messe, tous les bancs sont désinfecté­s par du personnel équipé.
Gel hydroalcoo­lique à l’entrée, masque obligatoir­e au sein de l’édifice religieux, rangées de bancs condamnées et distanciat­ion sociale d’, mètre... La reprise des messes se fait, depuis le  mai, dans des conditions d’hygiène strictes. Après chaque messe, tous les bancs sont désinfecté­s par du personnel équipé.
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(Photos Jean-François Ottonello) La communion est donnée directemen­t dans les rangs par un prêtre masqué, lequel s’est nettoyé les mains au préalable. L’hostie n’est plus délivrée dans la bouche mais dans la main.
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