Nice-Matin (Cannes)

Les casemates hissent à nouveau leur couleur

À l’heure du déconfinem­ent, les artistes et artisans du boulevard d’Aguillon d’Antibes, rouvrent leurs ateliers. Mais le public ne s’y presse pas encore

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Une invitation. À l’heure du déconfinem­ent, les portes des ateliers du boulevard d’Aguillon grincent à nouveau. Et peuvent rester ouvertes. Retrouvail­les avec leur antre pour les créateurs antibois.

Dans son cocon protéiform­e, Claude Urbani reprend ses marques. « J’avais besoin de revenir, on a tous besoin que la dynamique se réenclench­e », indique le sculpteur et peintre qui, comme ses confrères, n’a pas chômé durant le confinemen­t. « Cela m’a permis de m’intéresser à d’autres choses, j’ai notamment beaucoup lu sur l’histoire de la ville d’Antibes. » Un coup de boost pour la créativité que reconnaît également Luna, de l’atelier Terra Luna :« Je me suis essayée à de nouvelles formes, à d’autres idées. » Une forme de réinventio­n qui amène chacun à envisager autrement son activité. Difficile d’imaginer le public s’entasser à nouveau sous les voûtes cet été pour des vernissage­s.

Le feu de la création brûle toujours sous les voûtes

Entre les masques, la distanciat­ion sociale et compagnie, chacun repense son accueil du public pour coller aux nouvelles mesures. « Je ne pourrai plus accueillir dix personnes pour les ateliers de céramique, ils ne seront que quatre », souligne la céramiste qui se lance également dans un nouveau concept à emporter : « Ici vous choisissez votre pièce et vous la peignez sur place. Mais pour ceux qui préfèrent réaliser cela à la maison j’ai acheté des pinceaux et je préparerai les petits pots de peinture pour que le kit soit complet afin de tout faire à la maison. Bien évidemment, il faudra revenir avec l’objet pour que je puisse le cuire. » Une autre propositio­n pour permettre à la création d’être plus forte que tout. Preuve en est avec Didier Saba, maître verrier qui se penche actuelleme­nt sur une solution pour pouvoir continuer à transmettr­e la magie du soufflage : « L’idée ne vient pas de moi, mais j’étudie le fait de pouvoir utiliser des embouts de chicha à usage unique donc, à fixer sur la canne pour faire souffler les gens. » Réfléchir à demain pour qu’il soit plus ensoleillé qu’aujourd’hui. Si personne ne manque d’inventivit­é, tous tracent un grand point d’interrogat­ion quant aux prochaines semaines. « L’été est une période capitale pour nous tous », affirme le président de la Maison des artistes et métiers d’art antibois qui redoute un été aux teintes pastel : « Tant que les restaurant­s n’ouvrent pas, les gens ne passeront pas en nombre devant chez nous, c’est logique. Il est impossible de faire des projection­s sur le flux de touristes. Mais sans personne tout le monde ne pourra pas tenir. »

Une évidence à laquelle la majorité des créateurs ne veulent pas se résoudre. Devant leurs cimaises et établis, pas question de baisser les bras. L’optimisme comme matière première. « On va avoir besoin de couleurs », assure Claude Urbani au milieu de ses oeuvres teintées de soleil. Un feu qui brûle toujours. Plus que jamais. Et même au premier sens du terme dans la rue. « Je n’ai jamais arrêté mon four », lâche Didier Saba, déterminé : « J’aurai pu durant le confinemen­t. Mais je n’ai pas voulu, pour moi c’était la vie aussi. »Toutun symbole.

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(Photos M. D et DR.) Masqués, les créateurs comptent bien mettre de la couleur dans le quotidien !
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