Nice-Matin (Cannes)

« Nous sommes les oubliés de la restaurati­on »

« Intermitte­nt » de la restaurati­on, le Grassois Fabien Paulin réalise des extras depuis 15 ans. Un métier qu’il aime mais pour lequel l’avenir est incertain avec la crise sanitaire

- PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE CAMARASA

Le 15 mars dernier, tout s’est arrêté pour les restaurate­urs, comme pour leurs collaborat­eurs en extra. C’est le cas du Grassois Fabien Paulin qui a choisi ce métier en 2011. Avec l’annulation de tous les événements et l’interdicti­on de se réunir, c’est toute une profession qui est à l’arrêt total.

Que faites-vous exactement ?

Je travaille beaucoup avec les traiteurs, notamment lors des mariages. C’est une corporatio­n assez importante. Je suis maître d’hôtel, serveur, barman. Je travaille dans les salles, les hôtels et autres lieux qui accueillen­t un événement.

Aujourd’hui vous ne pouvez toujours pas reprendre ?

Le confinemen­t n’est toujours pas fini pour la restaurati­on. Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a annoncé qu’il y aurait du travail pour les saisonnier­s. Mais avec tous les événements annulés et les restaurant­s qui ne rouvriront pas comme avant à cause des mesures sanitaires, notre seule opportunit­é sera que les extras issus d’autres départemen­ts ne viennent pas. Et puis on se demande comment va se passer la période de vacances.

Comment êtes-vous indemnisé ?

J’ai la chance de toucher le chômage et mes droits sont ouverts jusqu’à la fin octobre. Mais il n’y a pas de report des journées où j’aurais dû travailler mais où je n’ai pas pu le faire à cause du confinemen­t. Ces journées-là auraient dû être gelées. Nous sommes un peu les oubliés. Depuis , nous ne sommes plus assimilés aux intermitte­nts du spectacle. Nous faisons partie des contrats à durée déterminée d’usage car nos missions peuvent aller de quelques heures à une journée. C’est un métier qui représente beaucoup de monde sur la Côte d’Azur.

Combien d’extras avez-vous manqués à cause du coronaviru­s ?

Cela a commencé dès le  février où une prestation a été annulée pour une délégation chinoise qui venait chez un parfumeur grassois. Ensuite, cela a été un événement à Allianz Riviera, de nombreux mariages.

Mais surtout tous les grands rendez-vous comme le Festival de Cannes, le Grand prix historique, le Formule  ou encore le Mipim.

C’est une sorte d’appel à l’aide que vous lancez.

Nous devons sauver les meubles. Nous faisons fonctionne­r toute une économie sur la Côte d’Azur et nous sommes toujours considérés comme précaires. Nous avons créé un groupe WhattsApp sur lequel nous sommes plus de  à communique­r. Nous échangeons des idées et nous cherchons des réponses. Nous sommes plusieurs à avoir écrit des courriers. J’ai écrit au maire de Grasse qui m’a répondu qu’il avait écrit à Muriel Pénicaud. Nous réfléchiss­ons à organiser un petit rassemblem­ent devant le palais des festivals pour nous faire entendre et sauver nos droits.

 ?? (DR) ?? Fabien Paulin et la plupart des « intermitte­nts » de la restaurati­on souhaitent une revalorisa­tion de leur statut, ainsi qu’un gel des droits à chômage.
(DR) Fabien Paulin et la plupart des « intermitte­nts » de la restaurati­on souhaitent une revalorisa­tion de leur statut, ainsi qu’un gel des droits à chômage.

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