Macron honore de Gaulle et « l’esprit de résistance »
Le Président a lancé, hier dans l’Aisne, un appel à l’unité des Français en célébrant un fait d’armes méconnu durant la bataille de France de 1940
Devant un monument modeste, dressé en pleine campagne à La-Ville-aux-Bois-les-Dizy, dans l’Aisne, le chef de l’État a raconté hier avec lyrisme la brève contre-attaque menée contre l’avancée allemande, en pleine débâcle, par le colonel Charles de Gaulle alors inconnu. Au son du clairon et de la Marseillaise chantée a cappella, Emmanuel Macron a célébré « l’esprit français de résistance » et lancé un appel vibrant à l’unité des Français, invoquant l’esprit du général de Gaulle. Il célébrait ainsi un fait d’armes méconnu durant la bataille de France : la contre-offensive de Montcornet.
L’espérance face aux crises
Cette offensive fondée sur des blindés auxquels l’étatmajor ne croyait guère, avait permis de freiner l’ennemi l’espace de quelques heures. Ce terrible épisode de l’histoire fit 60 000 morts français à partir du 10 mai 1940.
« La bataille fut perdue, mais il est des défaites d’un jour qui portent en elles le germe de victoires à venir. La bataille de Montcornet est de celles-ci », a lancé le président de la République, comme pour appeler les Français à l’espérance face à la crise sanitaire et économique. Le chef de l’État, qui s’est fait souvent reprocher des commentaires controversés sur les Français, a cette fois célébré un « esprit français qui jamais ne se résout à la défaite », et insisté sur la nécessaire unité du pays, comme il le fait depuis le début de la crise sanitaire : « De Gaulle nous dit que la France est forte quand elle sait son destin, quand elle se tient unie, quand elle cherche la voie de la cohésion au nom d’une certaine idée de la France, qui nous rassemble par-delà les discordes alors devenues accessoires. »
Il a aussi célébré en de Gaulle un chef « promoteur du mouvement et de l’offensive », qu’on « entendit trop tard ». Mais il s’est abstenu de parler de « souveraineté », une valeur attachée au gaullisme et qu’il met pourtant en avant depuis le début de la crise du coronavirus.
Ce qu’a fait Charles de Gaulle en mai 1940 « dans une situation qui paraissait inextricable », a ensuite commenté la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, tirant l’analogie avec la crise du coronavirus, « c’est au fond de sublimer l’esprit de résistance, et même l’esprit de conquête ». Dans un échange avec le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand en marge de son discours, le chef de l’État a estimé que « les Français ont gagné cette bataille [du confinement, ndlr], parce que c’est la solidité et l’esprit de responsabilité de nos concitoyens qui a permis de stopper l’épidémie ».
Récupération d’une figure historique ?
Prévu de longue date, ce déplacement présidentiel est le premier, depuis plus de deux mois, à ne pas être consacré à la lutte contre le coronavirus.
Il donne le coup d’envoi d’une année d’hommage à de Gaulle qui se poursuivra le 18 juin pour les 80 ans du célèbre appel au mont Valérien, puis le 9 novembre à Colombey-les-Deux-Églises pour le 50e anniversaire de son décès. Ses opposants politiques reprochent à Emmanuel Macron de vouloir récupérer une figure historique désormais quasiment incontestée, après s’être déjà servi de multiples références à Georges Clemenceau, l’homme fort de la Grande Guerre.