Nice-Matin (Cannes)

Comment nos déchets soutiennen­t l’économie Green

Malgré le confinemen­t, si nous avons réduit le tri de nos déchets, la collecte et l’activité des centres de tri, elles, ne se sont jamais vraiment arrêtées. Une bonne chose pour l’économie

- AMBRE MINGAZ

Dans notre région et en particulie­r dans le Var et les Alpes-Maritimes, quelles ont été les conséquenc­es du confinemen­t sur le tri de nos déchets, la collecte et, a fortiori, le recyclage des matériaux et l’activité économique qu’il génère ? Comment les centres de tri de notre région ont-ils fonctionné ? L’activité, réduite, a-t-elle eu un impact in fine sur les matières comme le verre, l’acier, l’aluminium, le papier, les cartons et plastiques ? Chaque semaine, Citeo (ex-Eco-Emballages), qui assure le pilotage national du tri et du recyclage des emballages ménagers en France, réalise un état des lieux de la situation dans l’Hexagone. En Région Sud-PACA, l’antenne régionale basée à Marseille, dirigée par Christine Leuthy-Molina, révèle des résultats plutôt porteurs d’espoir. AMBRE MINGAZ

« Nous avons de l’or dans nos poubelles », souligne Christine Leuthy-Molina dont la direction régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse représente 5,3 millions d’habitants. Si nos déchets sont triés, collectés puis traités dans les centres de tri, leur recyclage et valorisati­on permettent à l’économie de fonctionne­r et à produire notamment de nouveaux emballages comme les flacons pouvant contenir du gel hydroalcoo­lique. Le recyclage est donc un enjeu majeur dans l’activité économique.

Certes, la Région Sud n’a jamais fait partie des troupes de très bons élèves en matière de tri en France. Son retard, qui s’explique par différents paramètres, n’a pas encore été rattrapé même si la collecte sélective a fait un bond de 15 % ces cinq dernières années et qu’à Nice en particulie­r, le geste de tri a augmenté de 30 % en quelques mois. Une forte progressio­n liée sans doute à la grande campagne d’informatio­n lancée par la ville il y a un an. Toutefois, si chaque Français recycle en moyenne 70,4 kg d’emballages ménagers et de papiers par an, ce chiffre ne dépasse pas les 51,4 kg par habitant en Région Sud (chiffres de 2018). Faute de centres de tri suffisamme­nt modernes pour réussir, partout sur nos territoire­s, à trier tous nos emballages (un gros investisse­ment qui nécessite des trieurs optiques), seul un habitant sur deux en Région Sud peut trier tous ses emballages y compris les films et barquettes en plastique par exemple.

Pour autant, face à ce constat et malgré le confinemen­t, les résultats de l’étude réalisée par Citeo laissent apparaître une lueur d’espoir, bénéfique tant sur le plan tant écologique qu’économique.

. Un ralentisse­ment du tri sélectif modéré

Fatalement, le confinemen­t a réduit notre geste de tri. « Les tendances sont à la baisse sur la région, confie Christine Leuthy-Molina. Nous sommes autour de 20 à 30 % de moins sur le Var et les Alpes-Maritimes. » Normal. Pour les habitants, le tri n’a pas été la priorité du moment. On peut le comprendre. « Il a fallu aussi que les collectivi­tés s’organisent pour mettre en sécurité leur personnel pour assurer la collecte. » Idem dans les centres de tri de Cannes, du Muy et de La Seyne-surMer. Mais la Région Sud n’a pas été la plus fortement impactée par cette baisse du geste de tri en France.

. Des centres de tri restés ouverts

Pour autant, et c’est la bonne nouvelle, les centres de tri n’ont jamais arrêté leur activité. Dans l’Hexagone, parmi les 176 centres de tri, 16 ont été arrêtés et pour plus des deux tiers des cas, la mise à l’arrêt a été justifiée par la mise en protection des salariés. 45 centres ont vu leur activité réduite du fait de la diminution des quantités entrantes liée à l’arrêt des collectes sélectives et de la baisse du débit des déchets (distanciat­ion imposée entre les salariés en respect avec les règles sanitaires notamment). « Dans notre région, il n’y a pas eu d’arrêt du tout. Nous sommes parmi les régions qui ont maintenu en permanence leurs centres de tri ouverts. A celui de Cannes, ils sont passés des 3/8 à 2/8 car il y avait une baisse de la collecte par exemple, mais il n’y a pas eu de grosse baisse. »

Les autorisati­ons de sortie permettaie­nt d’effectuer ce geste de tri et des élus ont d’ailleurs communiqué à ce sujet, notamment sur les réseaux sociaux, pour appeler les citoyens à le maintenir même durant le confinemen­t. « C’est important car le recyclage, ça crée de la matière et ça représente moins de pétrole, moins d’eau pour confection­ner de nouveaux emballages. La récupérati­on de ces matériaux permet de réaliser de nouveaux objets notamment pour les besoins de l’agroalimen­taire et de la pharmaceut­ique, des secteurs particuliè­rement stratégiqu­es pendant le confinemen­t. » Notamment pour la production de gel hydroalcoo­lique.

. La récupérati­on pour partie de déchets corses

L’usine de valorisati­on énergétiqu­e de L’Ariane à Nice a fait preuve aussi, durant cette période, de solidarité envers ses voisins méditerran­éens puisque celle-ci a accueilli mi-avril et jusqu’à la fin mai des déchets ménagers provenant de Corse. Les centres de l’île de Beauté ayant réduit leur activité, environ 6 700 tonnes d’ordures ménagères ont été rapatriées à Nice pour y être incinérées. « Un geste de solidarité environnem­ental et économique », précise Christine Leuthy-Molina puisqu’ainsi l’incinérate­ur niçois n’a pas eu à réduire sa capacité.

. Les déchetteri­es toutes rouvertes

Dans ces conditions, la reprise, le 11 mai, a été sans surprise. « Comme ça ne s’était jamais vraiment arrêté, nous allons revenir à la normale, à plein régime. La plupart des déchetteri­es ont déjà été rouvertes. » Fermés pendant le confinemen­t, les sites de dépôts des déchets ont rouvert progressiv­ement depuis début mai dans le respect des gestes barrières. « Il fallait parfois prendre rendezvous mais beaucoup de personnes y ont apporté leurs déchets de jardin, de bricolage. C’était devenu nécessaire. » Sans compter les profession­nels, accueillis en priorité, notamment pour limiter les risques de dépôts sauvages de déchets de chantiers. Malgré tout, les habitants ont majoritair­ement joué le jeu en conservant leurs encombrant­s chez eux avant d’aller les déposer en déchetteri­e. Ainsi l’activité économique et circulaire autour du recyclage et la valorisati­on de nos déchets n’aura pas trop souffert de la situation. Dans un moindre mal.

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Pourquoi trier nos déchets et faire qu’ils soient valorisés ? Si le but premier est de préserver notre planète et de leur éviter l’enfouissem­ent, le recyclage permet aussi de faire fonctionne­r les nombreuses entreprise­s de la filière, et de maintenir et créer des emplois. (D.R.)
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