Nice-Matin (Cannes)

Les loups du Mercantour filmés par  caméras

Les capteurs ont été posés en février au coeur du parc, dans la Roya, pour mieux connaître une des meutes de ces canidés discrets. L’occasion, en plein déconfinem­ent, d’en apprendre plus sur eux

- VALÉRIE ALLASIA vallasia@nicematin.fr

Combien le parc national du Mercantour compte-t-il de loups à l’état sauvage ? Comment se déplacent les meutes dans ses 60 000 hectares ? De quelle façon chacune occupe-t-elle ce territoire ? Et, question capitale, comment réduire leur prédation sur les troupeaux ?

● La meute de la Roya dans l’objectif

Autant de questions auxquelles des vidéos de 30 secondes, prises depuis février par 47 caméras à chaque passage de la meute de la Roya, devraient répondre… dans les trois prochaines années. Une fois un énorme travail de dépouillem­ent effectué, pour analyser et exploiter ces données.

● « Les loups, discrets, sont partout »

« Les loups sont partout, au coeur du parc et bien sûr audelà. C’est un animal discret, difficile à observer, sur lequel nous n’avions jusque-là des informatio­ns que par deux moyens : le relevé de traces dans la neige en hiver, et en provoquant leurs hurlements pour les compter en été, livre Laurent Scheyer, directeur du parc par intérim. Nous pensons actuelleme­nt que le Mercantour compte six à sept meutes sauvages, de deux à une dizaine de loups… »

● Les éthologues du CNRS associés

Technologi­e aidant, l’idée des pièges photo-video s’est imposée pour en savoir plus. Le projet a été construit avec des chercheurs éthologues du CNRS de Montpellie­r et des statistici­ens de l’Office français pour la biodiversi­té. Une surface de 250 km2 au coeur du parc a été délimitée par un quadrillag­e de 2,5 km de côté.

Une trentaine de gardes y ont posé les caméras le long des lieux de passage déjà repérés par pistage, sur les troncs d’arbres et autres points d’observatio­n.

« Le but était d’observer le fonctionne­ment de l’une des meutes. Elles se partagent le territoire sans se mélanger. »

● En savoir plus sur le rut et les naissances

Les cartes mémoire sont relevées tous les deux à trois mois par les gardes et des accompagna­teurs qui sont bénévoles. « Nous voulons en savoir plus sur leur vie en dehors de la période de neige, observer quels individus circulent, comment se passent le rut au printemps, ou les naissances à l’automne. Et quels jeunes quittent la meute pour créer la leur. On pense que la moitié environ meurt dans cet essaimage, à cause de la difficulté de se nourrir, de trouver un partenaire, et aussi à cause des combats ».

● L’Intelligen­ce artificiel­le de l’université

Pour l’heure, impossible d’avancer des conclusion­s : « Le travail de dépouillem­ent est énorme. Nous sommes en partenaria­t avec l’Université de Nice, via un projet axé sur l’intelligen­ce artificiel­le. Des algorithme­s de lecture des vidéos doivent permettre d’identifier les espèces. En les repérant sur les enregistre­ments, ils nous facilitero­nt la tâche. Un travail à long terme, trois ans sont prévus pour en produire l’étude. »

 ?? (Photos Parc national du Mercantour) ?? Les loups sont filmés au coeur du parc, dans la Roya, par  caméras placées sur leur cheminemen­t habituel.
(Photos Parc national du Mercantour) Les loups sont filmés au coeur du parc, dans la Roya, par  caméras placées sur leur cheminemen­t habituel.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France