Lionnel Luca, sans suspense réélu maire par ses pairs
Un seul candidat : le sortant. Hier, lors d’un conseil municipal à huis clos, l’ancien député a été élu maire de Villeneuve, avec 32 suffrages et un vote blanc. Un discours axé sur le virus
Il est 15 h 45. Après un court dépouillement, Lionnel Luca, sans surprise, est réinstallé dans le fauteuil de maire de Villeneuve-Loubet par les élus municipaux, lors d’un conseil réuni à huis clos, hier, et retransmis en direct sur la page Facebook de la commune. Deuxième mandat consécutif, mais troisième au compteur (1995-2001).
L’ancien député tapageur a obtenu 32 suffrages et un vote blanc. Il était seul candidat. Le 15 mars, Luca qui affrontait un unique adversaire, Jean-Pierre Vincendet pour le Rassemblement national, avait obtenu 88,50 % des voix. Sans appel.
Inédit : pas d’opposition de gauche
16 h 50 et plus d’une heure qu’il a enfilé l’écharpe tricolore. Une heure de discours. Pour remercier ceux qui ont voté pour lui. Et les autres. Pour remercier ses colistiers. Et son opposition. L’actuelle : un seul homme, la tête de liste RN. L’ancienne. Plus disparate. « C’est la première fois dans l’histoire de Villeneuve que la gauche n’est pas représentée », regrette Luca en saluant le socialiste Pierre Lienemann, son adversaire en 2014, « constructif ». Pas de pitié, en revanche, pour Renaud Letitre, exadjoint de l’ancien maire Richard Camous, qui a siégé dans l’opposition de 2014 à 2020. « Il n’a cessé d’attaquer. Ça ne lui a pas réussi. Il n’a pas pu faire sa liste, comme il l’avait promis en disant que c’était la chance de sa vie », raille le « nouveau » maire. Qui revient, ensuite, sur « deux mois très particuliers ». Avec ces élections « qui laissent un goût amer ». « La vraie bonne solution aurait été de refaire aussi le premier tour pour tout le monde », assène Luca.
« Ici, pas de racolage »
Puis, il dissèque la période. Il aime. Le terme de guerre employé par Macron ? Ça ne lui convient pas. « Je n’ai pas vu la peur dans les caves, personne fuir les bombardements. Il ne faut pas galvauder les mots (...) Même si une épidémie doit être prise au sérieux et que c’est une épreuve », lâche l’ancien député. Mais, car il y en a un, il y a « moins de 30 000 morts... Il meurt chaque année 600 000 personnes en France, relativisons les choses » . Et de pester : « Le maire est devenu d’un coup le gourou, celui qui sait, celui qui va vous donner le masque. Il me semblait que c’était à l’État, à l’ARS ». L’agence régionale de santé qu’il fustige : «Cellequia confisqué les masques des collectivités ». Et un couplet sur les voisins... sans citer personne. « Villeneuve n’est pas une annexe de la Victorine. Le cinéma on le laisse à d’autres. Ici on ne fait pas de cinéma, pas de racolage. »
« Solution finale »
Lionnel Luca accélère : «Onesten train de faire une société totalitaire soft, sans char, sans mitrailleuse. » Et c’est la sortie de route : «Ilya un mot qui marquera : distanciation sociale. Casse-toi tu vas me contaminer ! La peur de l’autre ! Ce genre de formule me fait penser à : Solution finale ». Un couplet sur le contrôle des déplacements, « ça me fait penser à la Roumanie de Ceausescu ». Il embraie sur la prise de température : « Vous trouvez ça normal ? ». Luca grogne : « Personne s’insurge. En plus ça ne sert à rien. » Puis, il frôle, une fois de plus, le garde-fou : « Des caméras partout qui prennent votre température, mais c’est un viol ! ».
« Société de la peur »
Enfin, il dénonce : « La société de la peur : la peur de l’autre, la peur de tout ». Avant de s’attaquer à la presse, « le quotidien local » en tête. Refrain habituel... éculé.
Et de conclure en citant Aldous Huxley et « Le meilleur des mondes » : « La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude ».
« Oui », dit-il, « On est en train de devenir amoureux de notre esclavage ».
Fin de séance vers 17 h 30, avec le vote du nombre d’adjoints, « neuf, le nombre maximum dans le cadre réglementaire ». Et l’annonce des délégations, [lire par ailleurs]. Puis, signature de la charte de l’élu local. Ah, non, pardon, de l’élu «républicain ». Élu local, c’est bien une idée de Parisien...