Nice-Matin (Cannes)

Lionnel Luca, sans suspense réélu maire par ses pairs

Un seul candidat : le sortant. Hier, lors d’un conseil municipal à huis clos, l’ancien député a été élu maire de Villeneuve, avec 32 suffrages et un vote blanc. Un discours axé sur le virus

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Il est 15 h 45. Après un court dépouillem­ent, Lionnel Luca, sans surprise, est réinstallé dans le fauteuil de maire de Villeneuve-Loubet par les élus municipaux, lors d’un conseil réuni à huis clos, hier, et retransmis en direct sur la page Facebook de la commune. Deuxième mandat consécutif, mais troisième au compteur (1995-2001).

L’ancien député tapageur a obtenu 32 suffrages et un vote blanc. Il était seul candidat. Le 15 mars, Luca qui affrontait un unique adversaire, Jean-Pierre Vincendet pour le Rassemblem­ent national, avait obtenu 88,50 % des voix. Sans appel.

Inédit : pas d’opposition de gauche

16 h 50 et plus d’une heure qu’il a enfilé l’écharpe tricolore. Une heure de discours. Pour remercier ceux qui ont voté pour lui. Et les autres. Pour remercier ses colistiers. Et son opposition. L’actuelle : un seul homme, la tête de liste RN. L’ancienne. Plus disparate. « C’est la première fois dans l’histoire de Villeneuve que la gauche n’est pas représenté­e », regrette Luca en saluant le socialiste Pierre Lienemann, son adversaire en 2014, « constructi­f ». Pas de pitié, en revanche, pour Renaud Letitre, exadjoint de l’ancien maire Richard Camous, qui a siégé dans l’opposition de 2014 à 2020. « Il n’a cessé d’attaquer. Ça ne lui a pas réussi. Il n’a pas pu faire sa liste, comme il l’avait promis en disant que c’était la chance de sa vie », raille le « nouveau » maire. Qui revient, ensuite, sur « deux mois très particulie­rs ». Avec ces élections « qui laissent un goût amer ». « La vraie bonne solution aurait été de refaire aussi le premier tour pour tout le monde », assène Luca.

« Ici, pas de racolage »

Puis, il dissèque la période. Il aime. Le terme de guerre employé par Macron ? Ça ne lui convient pas. « Je n’ai pas vu la peur dans les caves, personne fuir les bombardeme­nts. Il ne faut pas galvauder les mots (...) Même si une épidémie doit être prise au sérieux et que c’est une épreuve », lâche l’ancien député. Mais, car il y en a un, il y a « moins de 30 000 morts... Il meurt chaque année 600 000 personnes en France, relativiso­ns les choses » . Et de pester : « Le maire est devenu d’un coup le gourou, celui qui sait, celui qui va vous donner le masque. Il me semblait que c’était à l’État, à l’ARS ». L’agence régionale de santé qu’il fustige : «Cellequia confisqué les masques des collectivi­tés ». Et un couplet sur les voisins... sans citer personne. « Villeneuve n’est pas une annexe de la Victorine. Le cinéma on le laisse à d’autres. Ici on ne fait pas de cinéma, pas de racolage. »

« Solution finale »

Lionnel Luca accélère : «Onesten train de faire une société totalitair­e soft, sans char, sans mitrailleu­se. » Et c’est la sortie de route : «Ilya un mot qui marquera : distanciat­ion sociale. Casse-toi tu vas me contaminer ! La peur de l’autre ! Ce genre de formule me fait penser à : Solution finale ». Un couplet sur le contrôle des déplacemen­ts, « ça me fait penser à la Roumanie de Ceausescu ». Il embraie sur la prise de températur­e : « Vous trouvez ça normal ? ». Luca grogne : « Personne s’insurge. En plus ça ne sert à rien. » Puis, il frôle, une fois de plus, le garde-fou : « Des caméras partout qui prennent votre températur­e, mais c’est un viol ! ».

« Société de la peur »

Enfin, il dénonce : « La société de la peur : la peur de l’autre, la peur de tout ». Avant de s’attaquer à la presse, « le quotidien local » en tête. Refrain habituel... éculé.

Et de conclure en citant Aldous Huxley et « Le meilleur des mondes » : « La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonnier­s ne songeraien­t pas à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommati­on et au divertisse­ment, les esclaves auraient l’amour de leur servitude ».

« Oui », dit-il, « On est en train de devenir amoureux de notre esclavage ».

Fin de séance vers 17 h 30, avec le vote du nombre d’adjoints, « neuf, le nombre maximum dans le cadre réglementa­ire ». Et l’annonce des délégation­s, [lire par ailleurs]. Puis, signature de la charte de l’élu local. Ah, non, pardon, de l’élu «républicai­n ». Élu local, c’est bien une idée de Parisien...

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(Capture d’écran NM) Capture d’écran de la séance du conseil municipal retransmis­e hier en direct sur la page facebook de la Ville de Villeneuve-Loubet.

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