Nice-Matin (Cannes)

Le lycée Albert-Ier fondé il y a tout juste  ans

Le 31 mai 1870, le prince Charles III créait sur le Rocher le collège de Monaco. Cet établissem­ent deviendra l’actuel lycée Albert-Ier

- 1. Article d’Alexandre Graboy-Grobesco dans les Annales de Monaco en 2007. ANDRÉ PEYREGNE

C’est l’époque où il fallait sauver la situation économique de Monaco. Tout semblait s’effondrer. Menton et Roquebrune se séparaient de la Principaut­é. Arrivant au pouvoir, Charles III décide d’attirer les fortunes d’Europe, crée le quartier de Monte-Carlo, la Société des Bains de Mer, fait arriver le train, construit le casino, l’Hôtel de Paris, l’opéra mais aussi la cathédrale. Il fonde aussi quelque chose qui, aux yeux de l’histoire, est passé plus inaperçu, concernant davantage ses sujets que la clientèle internatio­nale : le premier collège de Monaco, l’ancêtre de l’actuel lycée Albert-Ier – à ne pas confondre avec le collège Charles III qui, lui, a été créé en 1989.

Uniforme et punitions corporelle­s

On est en mai 1870, il y a exactement cent cinquante ans. La décision est annoncée le 31 mai dans le Journal de Monaco, le Journal officiel de l’époque. Monaco possède alors deux écoles primaires confiées à des religieux, une pour garçons, une pour filles (1). On s’y rendait en uniforme. Les élèves y étaient placés en rang en fonction des notes obtenues à leurs devoirs. On y étudiait l’écriture, l’orthograph­e, l’histoire sainte, le calcul, les poids et mesures. La discipline était stricte, les punitions corporelle­s admises jusqu’en 1815 (lire ci-dessous).

Charles III recrute le personnel du nouveau collège chez les pères jésuites. Car jusqu’à Albert Ier en 1910, l’enseigneme­nt est religieux. Commentair­e du Journal de Monaco : « Nul n'ignore que les Jésuites possèdent à un très haut degré ces qualités si nécessaire­s à l'éducation : direction paternelle et instructio­n solide. Ils ont une grande expérience dans l'art de conduire la jeunesse, et leur force consiste dans l'harmonie de vues existant entre supérieurs et inférieurs. »

L’ouverture du collège pourra se faire dès la rentrée d’octobre car le bâtiment existe déjà. C’est l’ancien couvent de la Visitation.

Ce couvent, dont l’actuelle chapelle de la Visitation est un témoignage, avait été créé au milieu du XVIIe siècle pour les jeunes filles de bonne famille par la princesse Charlotte de Gramont, épouse du prince Louis Ier. Agissant ainsi, la princesse voulait peut-être retrouver une caution morale après avoir trompé son mari en devenant la maîtresse… du roi de France

Louis XIV en personne !

« Nouvelle source de prospérité »

Pendant la Révolution, le bâtiment est transformé en caserne.

Le collège sera ensuite ouvert aux élèves étrangers. Le prince Charles III y voit des avantages économique­s : « Notre Principaut­é étant habitée par des familles appartenan­t à la haute aristocrat­ie de tous les pays, cet établissem­ent verra des élèves de toutes les nations venir lui demander non seulement une instructio­n de premier ordre mais encore les bienfaits du séjour sous un ciel clément. La présence d'élèves étrangers amenant forcément celle des parents, il en résultera une nouvelle source de prospérité pour la Principaut­é. Combien de pères de famille ne passent pas l'hiver dans la Principaut­é, parce qu’ils ne peuvent faire donner une instructio­n élevée à leurs enfants. Ils s'y installero­nt lorsque le collège fonctionne­ra. »

Les Jésuites assurent leur enseigneme­nt jusqu’au début du XXe siècle.

Et le collège devint lycée Albert-Ier

En 1910, Albert Ier transforme l’établissem­ent en lycée public. C’est l’actuel lycée Albert-Ier.

Son histoire remonte à 1870 avec ce souhait exprimé sur un ton on ne peut plus déférent dans le Journal de Monaco du 31 mai : « Espérons que ce nouveau collège établira un nouveau lien d'attachemen­t entre une population fidèle et le Souverain dont tous les actes sont des bienfaits. »

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(Photo Jean-François Ottonello) Le collège de Monaco devient lycée Albert-Ier en .

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