Diabète : à surveiller de près !
Certains patients chroniques, à l’instar des diabétiques, ont parfois vu leur santé se dégrader pendant le confinement à cause de la prise de poids, du manque d’activité, etc.
Le Pr Nicolas Chevalier, chef du service de diabétologie du CHU de Nice, est plutôt rassuré, dans le sens où il est parvenu à maintenir le lien avec ses patients durant ces deux mois de confinement. Deux mois pendant lesquels il a fallu composer avec les craintes des uns et le manque de vigilance des autres. « Nous avons pu assurer les consultations, soit en téléconsultation soit en présentiel, résume le spécialiste. C’était fondamental pour pouvoir suivre les malades et limiter les risques liés à leur pathologie chronique. Mais ce lien a aussi permis de dédramatiser la situation. Ils étaient très stressés au début, après avoir entendu dans les médias que les diabétiques étaient plus à risque que le reste de la population de développer des formes graves de Covid-19. Nous leur avons rappelé les règles de prudence, l’importance de respecter le confinement et les gestes barrières. Les infirmières ont pris le relais et ont assuré l’accompagnement. »
Un risque qui peut être aussi grand que le Covid
Toutefois, le médecin remarque que si les malades étaient très inquiets vis-à-vis du coronavirus, ils l’étaient parfois moins au sujet de leur diabète. À tort. « Il était difficile de faire prendre conscience à certains patients qu’un diabète totalement déséquilibré peut être aussi dangereux, voire davantage, que le Covid-19. Des patients ont pris du poids, voire beaucoup de poids, malgré les recommandations. On peut le comprendre, ils sont restés chez eux enfermés pendant huit semaines, ils se sont ennuyés et les moments des repas étaient à chaque fois l’occasion de profiter d’un petit plaisir.
« Par ailleurs, certains ont manifesté des troubles du comportement alimentaire type grignotage intempestif ou hyperphagie, un phénomène que l’on retrouve d’ailleurs dans le reste de la population. S’ils ont mangé plus, ils ont aussi parfois bu davantage. De ce fait, nous avons pris en charge des patients présentant de grandes décompensations, des pancréatites aiguës ou encore des diabètes très déséquilibrés, etc. »
Faire un bilan de santé
Le Pr Chevalier martèle son message : « Pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, reprenez contact avec votre médecin, faites un bilan si vous ne vous êtes pas fait suivre durant le confinement. Il est impératif de contrôler l’évolution de la maladie pour, le cas échéant, procéder à des ajustements, notamment en termes de traitement. » La crainte des professionnels de santé, toutes spécialités confondues d’ailleurs, serait de voir l’état des patients se dégrader considérablement. Le Covid-19 circule toujours, le respect des gestes barrières demeure fondamental. Les médecins ont tous pris les mesures qui s’imposent pour sécuriser la prise en charge en cabinet. Mais ils peuvent toujours vous proposer, si votre situation le permet, une téléconsultation pour vous éviter de vous déplacer.
Michel Vadon, podologue à l’hôpital marseillais de la Timone, constate : « Après de longues semaines de confinement – au cours desquelles les cabinets de podologie sont restés fermés – mais aussi par crainte persistante d’une infection au Covid-, de nombreux patients diabétiques présentant des affections plantaires ont déserté leurs contrôles, s’exposant alors à de multiples complications majeures au niveau de leurs pieds ».
Du fait de lésions sur les nerfs (neuropathies), ces malades ne ressentent plus certaines douleurs au niveau de leurs extrémités ; il n’est ainsi pas rare que suite à un coup,
Penser à vérifier ses pieds
une écharde, ils se retrouvent avec de petites plaies qu’ils négligent. Or, si elles ne sont pas soignées, elles risquent de dégénérer. Michel Vadon invite donc toutes les personnes concernées à prendre attache auprès de leur podologue afin qu’il puisse réaliser une évaluation en profondeur.