Nice-Matin (Cannes)

Claude Lelouch tourne avec Charles Leclerc

Tandem inédit, hier matin, dans les rues de Monaco où le cinéaste a tourné un court-métrage avec le pilote pour une course de vitesse symbolique, le jour où aurait dû se tenir le Grand Prix

- Reportage : CEDRIC VERANY cverany@nicematin.fr Photos : Dylan MEIFFRET

L’Histoire se répète. En 1929, alors que le jour se lève sur la Principaut­é qui va connaître son premier Grand Prix, le pilote William Grover-Williams fait vrombir le moteur de sa Bugatti à l’aube, s’offrant un tour de circuit en solo pour – selon la légende – sécher la carrosseri­e de sa voiture qu’il avait repeinte pendant la nuit. Un geste qui lui porta chance, puisqu’il remporta cette première course automobile en Principaut­é.

Près d’un siècle plus tard et alors que le Covid-19 a terrassé la 78e édition du Grand Prix de Monaco, contrainte à l’annulation, les résidents de la Principaut­é ont été réveillés, malgré tout hier matin, par les vrombissem­ents d’un moteur sur l’asphalte du circuit. Au volant ? Charles Leclerc, évidemment !

Le pilote automobile monégasque avait laissé sa F1 au garage pour une autre Ferrari, modèle SF90 Stardale. Une hybride version bolide, lancée l’an dernier par l’écurie italienne, capable d’atteindre les 100 km/h en 2,5 secondes. Sur le tourniquet vidé de toute autre circulatio­n, Charles s’est offert un extra, poussant la voiture à 240 km/h en pointe sur la ligne droite le long du boulevard Albert-1er pendant la dizaine de tours qu’il a effectués.

Le Grand Rendez-vous

Une performanc­e davantage artistique que sportive. Le rendezvous manqué du Grand Prix 2020, où le pilote monégasque espérait briller à domicile est devenu un film.

Baptisé Le Grand Rendez-vous et imaginé pour laisser une trace de cette année particuliè­re dans le pays. Et qui d’autre que Claude Lelouch pouvait tenir la caméra de ce court-métrage surprise ? Cinéaste culte et passionné d’automobile, il avait déjà réalisé en 1976, C’était un rendez-vous ,un petit film entré dans la légende où il avait embarqué une caméra dans sa voiture pour traverser à tombeau ouvert Paris, un 15 août à l’aube, de l’Étoile au parvis du Sacré-Coeur en moins de 10 minutes, sans respecter aucune règle du Code de la route… mais sans blesser personne, pas même un pigeon.

Ce film en plan séquence unique est encore aujourd’hui un must du monde du cinéma.

Le prince en guest star

Avec cette suite monégasque filmée hier dans les rues de Monaco, le tandem inédit Lelouch/Leclerc console à la fois les amoureux du 7e art, privés de Festival de Cannes, et ceux du sport auto, privés de Grand Prix. L’affaire s’est montée en quelques jours pour garder une trace de ce dimanche de Mai réduit au silence routier.

Et le prince Albert II s’est prêté de bonne grâce à l’exercice en jouant les guest star à l’écran. Enchaînant les prises hier dès 7 heures du matin, avec toute l’équipe sur la place du Casino. Notamment la séquence où le souverain descend les marches du parvis de l’Hôtel de Paris pour grimper à bord de la voiture de Charles.

Le tout sous la baguette d’un Lelouch tout en kaki, virevoltan­t de l’un à l’autre, caméra ou Iphone à la main, ne manquant pas d’une once d’énergie pour ses 82 printemps.

Si le film sera visible 13 juin sur Canal +, son tournage a déjà ravi quelques dizaines de spectateur­s matinaux, hier, qui ont cherché les bons angles pour voir passer le bolide sur le circuit. Circuit sur lequel l’état-major de l’Automobile Club de Monaco avait déployé une quarantain­e de commissair­es de pistes pour faire comme si, ce dimanche était celui d’un Grand Prix !

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Un pilote, un prince, et un bolide... le casting inédit du dernier Claude Lelouch, en pleine action devant l’hôtel de Paris pour filmer une séquence du court-métrage.

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