Nice-Matin (Cannes)

Jean-Loup Dabadie : scénariste, parolier et... fan du Gym

L’académicie­n est mort à Paris à 81 ans. Scénariste et parolier à succès, il a écrit pour François Truffaut, Claude Sautet, Michel Polnareff, Julien Clerc, Michel Sardou, parmi beaucoup d’autres

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Scénariste et parolier prolixe, Jean-Loup Dabadie, entré à l’Académie française en 2008, est décédé à Paris à l’âge de 81 ans. Il restera comme un homme de lettres ayant su mettre sa plume au service d’une culture populaire de qualité. Son style direct a parlé au plus grand nombre, tout en sublimant l’ordinaire de nos vies.

Ecrivain et journalist­e Né le 27 septembre 1938 à Paris, Jean-Loup Dabadie grandit à Grenoble. Il revient à Paris pour terminer ses études, dans les prestigieu­x lycées Janson-de-Sailly et Louis-leGrand, puis à la Sorbonne. L’été de ses 18 ans, il est stagiaire au Théâtre national populaire de Jean Vilar, pour le Festival d’Avignon, et prend goût pour toujours au spectacle. L’écriture commence pour lui avec deux romans, publiés à 20 et 21 ans, Les Yeux secs et Les Dieux du foyer, en 1957 et 1958. Le patron de presse Pierre Lazareff est séduit par ces deux livres, ainsi que par les articles qu’il signe dans Arts et Spectacles. Il l’embauche comme journalist­e. Il collabore alors à la création de la revue Tel quel, avec Philippe Sollers et Jean-Edern Hallier, et écrit en parallèle des critiques de films et des reportages pour Arts. Dès 1962, il travaille pour la télévision avec Jean-Christophe Averty, imagine des sketches pour Guy Bedos, Sylvie Joly, Muriel Robin ou Jacques Villeret. Pierre Brasseur monte sa première pièce, La famille écarlate, au Théâtre de Paris en 1967. Jean-Loup Dabadie quitte alors la presse pour devenir à temps plein un « écrivain de spectacles », selon les mots de François Truffaut. A partir de là, il écrit des scénarios et dialogues de films, des pièces de théâtre, des sketches et des chansons.

Au service du cinéma Après avoir écrit le sketch Ella réalisé par Jacques Poitrenaud pour le film Les Parisienne­s, il rencontre Claude Sautet pour Les Choses de la vie, prix Louis-Delluc en 1970. Les deux hommes collaborer­ont encore sur Max et les Ferrailleu­rs (1971), César et Rosalie (1972), Vincent, François, Paul et les autres (1974), Une histoire simple (1978) et Garçon ! (1983). Jean-Loup Dabadie travailler­a avec d’autres grands réalisateu­rs français de cette époque, comme Yves Robert pour Un éléphant ça trompe énormément (1976) et Nous irons tous au paradis (1977), Philippe de Broca pour Chère Louise (1972) ou Claude Pinoteau pour

Le Silencieux (1973). Avec ce dernier, il remportera ensuite le prix Louis-Delluc pour La Gifle en 1974. Il signera également le scénario d’Une belle fille comme moi de François Truffaut, en 1972.

Des chansons à foison Jean-Loup Dabadie a signé aussi plusieurs pièces de théâtre : Le Vison voyageur (1969), Madame Marguerite (1974). Il a, enfin, connu une carrière foisonnant­e comme parolier. Il est l’auteur de Lettre à France de Michel Polnareff, Femmes je vous aime et Ma préférence de Julien Clerc. Il a également servi Michel Sardou (Chanteur de jazz, Salut…), Serge Reggiani (L’Italien), Enrico Macias, Claude François, Barbara, Jacques Dutronc, Dalida, Juliette Gréco, parmi beaucoup d’autres. Au total, on lui doit près de cinq cents titres recensés à la Sacem. Il avait été élu le 10 avril 2008 à l’Académie française, au fauteuil de l’écrivain et résistant Pierre Moinot : l’institutio­n le reconnaiss­ait ainsi pour son talent dans tous les aspects de l’écriture. Jean-Loup Dabadie venait de terminer l’adaptation pour le cinéma d’un roman de Georges Simenon, Les Volets verts, dont le premier rôle devait être tenu par Gérard Depardieu.

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(Photo AFP) Jean-Loup Dabadie était entré à l’Académie française en .

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