Les larmes de David Lisnard
Dans un contexte forcément « hors normes » et empreint de gravité, le maire sortant a été intronisé avec quatorze adjoints, lors d’un conseil à huis clos, masqué, non dénué d’émotion
Et soudain, l’armure s’est fendue. Contre toute attente. Bien malgré lui. Mais après deux mois et demi de présence incessante (épuisante ?) sur le terrain (politique comme médiatique) contre le Covid19, une campagne municipale hyperactive qui l’a vu élu dès le premier tour sans pouvoir fêter sa victoire, et un premier conseil masqué et à huis clos, l’émotion a fini par submerger David Lisnard, samedi matin à l’heure de son intronisation. Comme ses 49 colistiers, tous élus au soir du 15 mars, le maire a d’abord porté le masque, avant de le tomber. Mais à l’heure de ceindre l’écharpe tricolore pour la seconde fois, dans cette drôle d’ambiance, sans autre public que l’assemblée communale, tout cela l’a rattrapé.
« Il y a six ans, j’étais élu après une longue préparation, au terme d’une âpre bataille… ». Et soudain, des trémolos se mêlent à la voix. « Les membres de ma famille étaient dans la salle, ils ne le peuvent pas aujourd’hui… Je pense à eux, je pense à mon frère, à mes aïeux, notamment à mes grands-parents partis de ce monde, c’est aussi pour eux que je suis ici… Quelle abominable période, qui impose de la distance quand la démocratie réclame de la proximité ! ».
« Plus exigeants et économes »
Moment intime rare dans une vie représentative d’élu, mais David Lisnard aura ensuite tort de s’en excuser, car pour être maire, il n’en est pas moins homme, avec sentiments et empathie. Le premier édile a d’ailleurs imposé une minute de silence à la mémoire des victimes du Covid-19 (la pandémie a fait plus de 240 morts dans le département), comme aux personnalités récemment décédées : « Aucune comptabilité ne peut traduire la réalité d’une pandémie, une réalité humaine, avec des familles endeuillées ». Mais les larmes n’empêchent pas de garder « les armes », pour mener à bien un projet de mandat dans un « contexte hors normes », qui débute avec tant de difficultés.
Certes son score fut un plébiscite (88,1 %), « mais il nous oblige à encore plus d’exigence, dans une période inédite, terrible, où à la crise sanitaire, succède une crise économique et sociale dont les semaines, mois et années à venir vont révéler l’ampleur désastreuse ».
21 M € de pertes pour l’agglo
Malgré une perte sèche de 21 M € pour l’agglomération, DL exhorte (ses troupes) à « être imaginatif, créatif, et plus économe que jamais, pour tenir nos engagements sans déroger à notre orthodoxie financière ».
Le maire réitère déjà sa demande de prime pour le personnel hospitalier de Cannes et Grasse (« l’opacité et l’inéquité ne sont pas acceptables »), fait applaudir ses cadres (« à chaque épreuve, ils sont avec moi nuit et jour, sans compter leurs heures »). Annonce un îlotage nocturne de police municipale, un plan « arbres » et un grand plan « anti-plastique » qui seront déployés cet été, des activités jeunesse, des commissions extra-municipales pour plus de démocratie « participactive », et, au-delà, ambitionne de retrouver « le sens du collectif » au sein de sa commune, « ce village mondial à taille humaine ».
Même si pour commencer, exigences sanitaires obligent, il faut continuer d’avancer masqué…