Nice-Matin (Cannes)

« Il faut que l’on redevienne

C’était le week-end du déconfinem­ent religieux. Progressiv­ement, les paroisses azuréennes se remettent à célébrer les messes tant attendues par les fidèles. Reportage à St-Pierre-d’Arène à

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Les célébrants sont préparés et le Seigneur est bien sûr déjà présent... Il ne manque que vous. » À l’église Saint-Pierre-d’Arène, à Nice, l’humour n’est pas impénétrab­le... Entrée d’un côté, sortie par l’autre, bancs « sacrifiés » pour faire respecter la « distanciat­ion sociale », eau bénite remplacée par du gel hydroalcoo­lique. Effectivem­ent tout était prêt, hier matin. À Saint-Pierre-d’Arène, une petite centaine de croyants a assisté à l’office en mode déconfiné, célébré par Gil Florini. Par la grâce du gouverneme­nt, les messes ont pu reprendre ce week-end après plus de deux mois de diète religieuse.

« Deux mois, c’est quoi deux mois ? »

À l’entrée, une gentille petite dame veille au grain : si la foi est bienvenue, le masque lui est obligatoir­e. « J’ai l’habitude de vous dire que vous êtes beaux. Mais là, je vais avoir du mal, vous êtes cachés derrière vos masques », sourit le père Florini. Mais peu importe, l’essentiel est ailleurs pour lui : « Il est important de se retrouver, de partager, même si on peut prier tout seul bien sûr. »

Hier matin dans cette église du centre-ville de Nice, les croyants ont eu droit à une homélie quasi-politique. « Merci à ceux qui sont là, merci pour votre courage », dit Gil Florini, avant de lancer : « Ou votre inconscien­ce. » Il se gausse gentiment : « Vous êtes là contrairem­ent à ceux qui n’ont pourtant pas arrêté de dire sur les réseaux sociaux : rendez-moi ma messe sinon je meurs et qui doivent certaineme­nt être dans leur lit ou à la plage en ce moment. ». Le père Florini en appelle à la sagesse de tous. À relativise­r. A se recentrer sur l’essentiel : « Deux mois, qu’est-ce que c’est deux mois ? ». Et d’exhorter ses fidèles à surmonter l’épreuve : « C’est comme une marche en montagne avec une grosse ampoule : ça fait mal mais il faut continuer de marcher quand même. Il faut battre le virus, mais il faut redevenir des hommes et des femmes normalemen­t constitués. Humainemen­t proches les uns des autres... »

Proches ? Anne-Lise est mal à l’aise. Elle quitte l’église avant la fin de la messe. « J’avais très envie de revenir, mais c’est lourd comme ambiance, j’ai du mal à supporter », regrette cette Niçoise de 65 ans. Qui confesse : « A la messe, j’aime voir les gens se sourire, là personne ne se sourit, personne ne se regarde même. » Adrien n’est pas de cet avis, revenir en ce lieu lui «faitdubien» . D’autant « qu’il n’y a que des têtes connues ». « Je prie tous les soirs pour les gens de ma famille. J’ai prié pour les malades. Mais ça n’a pas la même force. J’aime sentir que je prie à l’unisson avec les autres. J’attendais ces retrouvail­les. J’attendais de pouvoir communier. »

« Une immense joie »

La communion : «Il va quand même falloir baisser vos masques sinon, ça ne va pas être possible », plaisante Gil Florini. Là encore, tous à un mètre de distance pour recevoir le corps du Christ. Se mettre en rang, espacés... « Comme à l’école primaire... Oui je sais c’est vieux pour certains ici », ironise encore le curé de SaintPierr­e-d’Arène. « C’est une immense joie d’avoir pu communier, c’était très émouvant », se réjouit un vieux monsieur, très proche voisin de l’église.

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Distance de sécurité, gel hydroalcoo­lique, masques, une messe de déconfinem­ent allégée par l’humour du père Gil Florini, à Saint-Pierre-d’Arène, à Nice. (Photo Eric Ottino)
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