Nice-Matin (Cannes)

Rencontres amoureuses : ménage à trois avec le virus

Les agences matrimonia­les azuréennes et leurs clients sortent du confinemen­t dans le flou. Entre volonté de combler un manque agrandi par la solitude, gestes barrières et bars fermés

- ALEXANDRE PLUMEY aplumey@nicematin.fr

Si le calme du confinemen­t a poussé certaines et certains à l’introspect­ion, à la remise en question d’une vie profession­nelle et/ou personnell­e, pour d’autres, il a surtout été marqué par le manque. Avec des sorties limitées, l’attente fut longue pour tous. Un peu plus encore pour les célibatair­es…

Activité à l’arrêt

Est-ce que la période a été propice à la quête de l’amour ? Sans se voir, est-il possible de commencer à s’aimer ? À l’heure où la vie reprend peu à peu son cours, en est-il de même pour les agences matrimonia­les ? Ou « agences de rencontres sérieuses » comme le précise Frédéric Delahaye, dirigeant de Fidelio et de son bureau à Saint-Raphaël. « Matrimonia­les, ça fait trop mariage », dit-il. Le coeur de cible oscille entre les quadras et sexagénair­es, et le passage de la bague au doigt « n’est plus une priorité », poursuit-il en retrouvant son activité.

« J’ai d’abord voulu entretenir les discussion­s à distance. Mais les futurs couples voulaient se rencontrer à tout prix. Le supermarch­é était leur nouveau rendez-vous, donc j’ai arrêté car ce n’était pas responsabl­e », détaille le conseil. Un autre argument a poussé Martine Schroeter, créatrice d’Alliance Loisirs, à mettre en pause les « flirts » : « Je n’encourage jamais à discuter trop longtemps avant de se voir. Quelques jours voire semaines, mais sans connaître la durée du confinemen­t, c’était prendre le risque de se lasser. Surtout que le physique joue beaucoup et qu’il faut se voir rapidement. » Alors forcément, le fait de pouvoir se rencontrer va désormais relancer la machine de l’amour. « La sortie de l’été et les fêtes de fin d’année sont des périodes propices au ressenti du manque. Et ce confinemen­t en fait partie » , remarque la gérante de deux agences dans le Var.

« Nous avons du retard et plus de soixante prétendant­s à rencontrer, énumère Frédéric Delahaye. Avant d’organiser un rendez-vous entre deux personnes, nous passons un entretien avec eux pour les connaître et ensuite les aiguiller avec précision. C’est notre force par rapport à Internet. »

Reprise adaptée

C’est dans cette optique qu’il vient d’installer du plexiglas à son bureau. Car l’activité va reprendre. Tout en dégageant deux catégories de clients face au virus : ceux bravant les risques de contaminat­ion, et ceux hésitant encore un peu avant de mettre à mal les gestes barrières. Même après avoir payé jusqu’à des centaines d’euros la quête de l’âme soeur. Dans tous les cas, le fameux « On va boire un verre ? » ne sera plus dans l’éventail d’approche des plus charmeurs. Jusqu’au 2 juin au moins, voire après.

« Messieurs, vous allez devoir être inventifs, prévient l’homme depuis ses bureaux raphaëlois. Marcher au bord de l’eau, c’est bien, mais à un moment donné il faut se regarder dans les yeux. »

Une situation qui ne poussera tout de même pas les tourtereau­x à s’offrir le premier rendez-vous chez l’un ou chez l’autre. Pour se prémunir des dérives, mais pas que. « Ça peut être plus déstabilis­ant qu’autre chose » ,estime Martine Schroeter. À défaut des bars, restaurant­s et boîtes de nuit, peut-être que les amoureux seront bientôt de retour sur les bancs publics. Jusqu’à se bécoter ?

 ??  ?? Frédéric et son employée Corinne – qui tenait l’entreprise auparavant – ont retrouvé leurs bureaux raphaëlois sous les yeux des amoureux de Robert Doisneau. (Photo Philippe Arnassan)
Frédéric et son employée Corinne – qui tenait l’entreprise auparavant – ont retrouvé leurs bureaux raphaëlois sous les yeux des amoureux de Robert Doisneau. (Photo Philippe Arnassan)

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