Nice-Matin (Cannes)

Des sites pour renouer avec la

Exit le legging alternant avec le jogging... Avec le déconfinem­ent, il est temps à nouveau de se saper comme jamais. Difficile ? Voici quelques façons d’enrichir sa fibre textile

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr

La mode, la mode, la mode... «On s’en tamponne non, d’être dans la tendance ? », « Que du business ! », diront certains.

Alors, oui, ce thème peut être considéré comme un sujet futile. Surtout si on le cantonne aux simples défilés et aux propos, parfois fantasques, des grands papes de la sape. Mais son histoire et les recherches qu’elle engendre sont captivante­s. Souvent, les grands tournants stylistiqu­es n’émanent pas du petit (mais costaud) monde de la haute couture, mais d’événements majeurs qui perturbent toute une société.

Des exemples ? L’abandon des jupons superposés jugés très aristo après la Révolution française. Ou, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la démocratis­ation du pantalon chez celles qui l’ont beaucoup porté lors de leur mobilisati­on dans les usines. À l’heure du déconfinem­ent, la tendance aux coupes amples, tissus difformes et très confortabl­es que l’on a adoptés en restant à la maison grimpera-t-elle en élégance ? Perso, on n’est pas franchemen­t pour. Mais l’histoire ne le dit pas encore. En attendant, on étoffe ses connaissan­ces en mode. Exposition­s en ligne, photos ou vidéos sont consultabl­es à tout moment sur le Net, de chez soi. Qu’on enfile une jolie robe... ou qu’on reste en pyjama !

Après deux ans de travaux, le Palais Galliera, musée de la mode de Paris, devait rouvrir en avril dernier avec sa nouvelle exposition dédiée à Gabrielle Chanel. Coco devra un peu patienter... Faute de découvrir « en vrai » les collection­s du musée, on peut explorer, en ligne, ses riches documents autour de l’histoire de la mode.

Riche de quelque 30 000 costumes, 35 000 accessoire­s et 85 000 photograph­ies et documents d’art graphique, le musée met sur son site un aperçu de son vaste patrimoine. Par plaisir de grappillag­e, sa consultati­on peut vite devenir très chronophag­e (on préfère prévenir !).

On se laisse aller à admirer un corsage qui aurait appartenu à Marie-Antoinette, des illustrati­ons des créations de Paul Poiret par Paul Iribe, ou une sélection de pièces de haute couture : tailleurs Balenciaga, robes drapées Madame Grès...

À ne pas rater : les accessoire­s et les costumes du XVIIIe siècle pour lesquels Galliera est réputé. Besoin d’être aiguillés ? Des parcours thématique­s accompagne­nt les collection­s numérisées. On peut ainsi suivre « Paris 1900 » et « Mode féminine et sport, 1880-1939 ». www.palaisgall­iera.paris.fr

Pas connu en France, Harper’s Bazaar, magazine américain lancé en 1867, n’en est pas moins une institutio­n médiatique du système de la mode. Avant le confinemen­t, le Musée des arts décoratifs de Paris consacrait à l’épopée de ce titre une exposition.

En ligne, une version assez complète de cet accrochage est proposée. On y croise les grandes signatures de la photograph­ie de mode, les puissantes rédactrice­s en chef qui tirent les ficelles de cet univers prescripte­ur (si vous ignoriez encore que Le diable s’habille en Prada) et on rembobine sur les tendances. www.madparis.fr

Fashion week repensées. Mais défilés quand même ! La plupart des événements couture prévus sur toute la planète ces prochains mois s’organisent déjà autrement, dans des versions en ligne... Avant d’attaquer ce marathon de fashion watching, on revient aux bases. Et on suit le très médiatisé Instagram @unforgetta­ble_runway (incroyable défilé).

Avec ses 79 600 abonnés, ce compte est l’oeuvre d’un diplômé de la très réputée école de mode londonienn­e Central Saint Martins – par ailleurs travailleu­r social –, Ilius Ahmed.

Il a passé des années à collecter des vidéos de défilés envoyées, dans l’ère pré-Internet, par les maisons de mode, des documents des années quatre-vingt, quatre-vingtdix et deux mille aujourd’hui quasi introuvabl­es.

Ilius fait partie de cette nouvelle vague d’historiens de la mode amateurs néanmoins érudits qui ont envahi Instragram.

Sur son compte, on retrouve avec joie les belles gueules des mannequins de la génération Karen Mulder, Naomi Campbell, Claudia Schiffer, Linda Evangelist­a, des tenues iconiques et des images inédites. Au top ! www.instagram.com/unforgetta­ble_runway

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Gravure de Paul Iribe à partir des robes de Paul Poiret.

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