Nice-Matin (Cannes)

Masques et gants polluent les fonds marins

Avec le déconfinem­ent, les plongeurs ont pu retrouver la Méditerran­ée. D’Antibes à Cannes en passant par Golfe-Juan, ils constatent l’arrivée de nouvelles espèces : les masques et gants...

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Les étoiles de mer doivent se demander qui sont ces effroyable­s copies. Cinq branches et un instinct de survie qui dépasse la faune sur place. Depuis le début du déconfinem­ent, les plongeurs ont pu retrouver la Méditerran­ée. Des retrouvail­les qui s’accompagne­nt avec la découverte de nouveaux – et tout autant désagréabl­es – compagnons de baignade. Gants et masques font leur apparition dans nos fonds. « C’était inévitable », regrette Laurent Lombard qui a posté une vidéo de ses trouvaille­s à l’émissaire du vallon Laval à Antibes : « J’y suis venu en connaissan­ce de cause, et encore ce n’est que le début. Dans un mois, il y en aura davantage… »

Un constat crève-coeur qui se veut avant tout cri d’alerte. Parce que biodégrada­ble n’est pas à l’heure du jour… Un masque demanderai­t 400 ans pour se décomposer. Autant de temps pour faire des dégâts.

Pour autant, rien n’est irréversib­le à l’heure actuelle comme le souligne le Cannois membre fondateur d’Opération mer propre : « Ce n’est pas encore dramatique. Il faut réagir maintenant. » Comment ? En faisant attention aux autres, en adoptant des comporteme­nts responsabl­es : « C’est avec le civisme que nous luttons contre le coronaviru­s. Il faut en faire de même avec cette pollution. C’est irresponsa­ble de jeter ses gants par terre. » Un paradoxe que cet amoureux de la grande bleue souligne pour « réveiller les conscience­s ».

Chacun peut nettoyer la plage de son côté

« On ne peut pas dire que ce que l’on retrouve en plus des mégots, des macrodéche­ts, des canettes… a été jeté dans la mer volontaire­ment. Le vent a pu les mener dans un vallon. Difficile de connaître le poids de l’incivilité dans tout cela, mais effectivem­ent elle est bel et bien là », tempère Christophe Geloni, créateur du collectif Ensemble

pour la protection du littoral antibois qui ne s’étonne guère de la présence de ces déchets liés au Covid-19 : « A la sortie de certains supermarch­és on les voyait déjà traîner çà et là des masques et des gants. Il y a aussi les lingettes désinfecta­ntes jetées dans les toilettes, une autre problémati­que qui finit au même endroit. » Pile dans la mer. « Bien évidemment ce problème n’est pas antibois. Il est national. Les communes de l’Atlantique sont confrontée­s au même défi. »

Celui de faire respecter la planète. Une dynamique impulsée par les nombreuses associatio­ns de terrain telles que Les Fonds Bleus. Mais les mesures sanitaires empêchant les regroupeme­nts risquent-elles de freiner le mouvement des nettoyages citoyens ? « C’est un risque. Et pourtant, je me répète mais il ne faut pas attendre une action d’ampleur pour agir. Encore plus aujourd’hui où nous ne savons pas s’il sera possible d’en organiser une cet été », indique Christophe Geloni qui encourage

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(DR) Masques et gants ont rejoint les déchets tristement habituels des fonds marins...
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