Nice-Matin (Cannes)

L’extension de terrasses, solution pour gagner de la place ?

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.

Ici et là en Principaut­é, on observe les restaurate­urs, mètre manuel ou infrarouge en main, mesurer la distance entre les tables. 1,50 mètre minimum, à moins d’installer une protection entre celles-ci. Les mesures sanitaires édictées par le gouverneme­nt princier – aussi indispensa­bles soient-elles pour limiter la propagatio­n du Covid-19 (lire page précédente) – peuvent rapidement virer au casse-tête pour les restaurate­urs. D’autant plus vrai pour les petites surfaces, où grignoter du mètre carré relève littéralem­ent de la chimère.

Validé « au cas par cas »

Chez Woo, niché en haut de la rue Princesse Caroline, l’intérieur atteint à peine les 30 m², toilettes et cuisine compris. Avant la pandémie, sans compter la terrasse, les six tables espacées d’à peine quelques centimètre­s donnaient une promiscuit­é conviviale avec les voisins. Avec le Covid-19, les patrons ont revu leurs plans. «Iln’y aura plus de places assises à l’intérieur, confirme Élodie Her, responsabl­e du restaurant familial, qui laissera du personnel en chômage total temporaire renforcé. On a eu l’autorisati­on d’un propriétai­re voisin, d’un commerce voisin inoccupé et des Domaines pour mettre nos tables à l’extérieur sur les côtés et en face de la rue. Il n’y aura pas de service à table mais les gens pourront prendre à emporter et s’asseoir aux tables » Avec cette extension de terrasse, le restaurant Woo conservera­it le même nombre de couverts qu’auparavant. Reste le feu vert de la mairie de Monaco, compétente en la matière. A ce jour, une quinzaine de dossiers ont atterri sur les bureaux du service du domaine communal, halles et marché. « Les dossiers sont étudiés au cas par cas et officielle­ment validés après l’approbatio­n du conseil communal, précise Georges Marsan, le maire de Monaco. Cela dépend, d’abord, des contrainte­s techniques comme l’accès des pompiers et un passage réglementa­ire pour les piétons. Parfois, cela implique aussi l’autorisati­on de commerces voisins ou de syndics d’immeubles. » Pour l’extension de terrasse, le restaurant devra s’acquitter normalemen­t du prix au m², qui diffère selon le quartier d’implantati­on. En revanche, pour sa terrasse « normale », un geste financier sera accordé par la mairie aux restaurate­urs. « Du 1er mars au 2 juin, les restaurate­urs ont été exonérés du prix de l’occupation de la voie publique, rappelle Marjorie Crovetto-Harroch, en charge du domaine communal, des commerces, halles et marchés. À compter du 2 juin, on va leur accorder une réduction de 50 % du tarif annuel au prorata temporis, c’est-à-dire qu’ils bénéficier­ont de cet abattement jusqu’à ce que le gouverneme­nt décide de lever les mesures sanitaires. L’extension ne pourra pas dépasser ce qu’ils avaient déjà en nombre de tables. »

« L’inconnu reste la fréquentat­ion »

Chez Salad’In, bar à salades rue des Açores, l’espace est aussi fortement limité. Avec les mesures sanitaires, la capacité théorique de couverts sera divisée par deux. « Pour l’heure, on n’a pas fait de demandes d’extension. La première semaine sera vraiment un test. On a laissé trois employées en chômage total temporaire renforcé et on tournera à trois ainsi que nos trois livreurs, explique Laurent MassieraPo­rceddu et Guillaume Bogliari, cogérants. On reste inquiets. Même si le gouverneme­nt nous a bien aidés et a été très réactif, on ne retrouvera pas les mois perdus. L’inconnu reste la fréquentat­ion. On s’adaptera en fonction. »

« Se réinventer, une question de survie »

Même crainte chez Eat Me, du côté de Monte-Carlo. « J’ai moins peur de la baisse de surface que de l’absence de clientèle, réagit Madeleine Badia, la patronne des lieux, laquelle a rouvert la vente à emporter depuis le 11 mai. Depuis trois semaines, je pleure. Je faisais parfois 50 euros de chiffre d’affaires par jour. Qu’est-ce qu’on va se mettre sous la dent ? On sait que les frontières ne vont pas toutes rouvrir tout de suite, que les gens ne vont pas tous voyager, qu’ils ne vont pas tous revenir travailler sur site. Pour ma part, je vais capitalise­r sur la vente à emporter qui était déjà 40 % de mon activité avant le Covid-19. » Pendant le confinemen­t, l’entreprene­use a développé, en interne, une applicatio­n pour commander à distance. « Soit les clients viennent chercher sur place, soit ils sont livrés. Si on s’attend à reprendre comme avant, on va beaucoup souffrir. Le secret, c’est de se réinventer. C’est une question de survie, sinon on est morts…

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Chez Woo, l’extension de la terrasse permettrai­t d’avoir le même nombre de places assises qu’auparavant. (Photo Jean-François Ottonello)

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