Nice-Matin (Cannes)

Comment se réinventer ?

- ORNELLA VAN CAEMELBECK­E ovancaemel­becke@nicematin.fr

Jérôme Calatraba, le gérant niçois du High Club, réclame qu’on « voit [son] établissem­ent comme une PME de 52 salariés ».

Les deux Azuréens sont dans l’attente. La décision étatique décidera de leur avenir. Mais ils restent certains que des « conditions sanitaires drastiques [les] forceront à mettre la clé sous la porte ».

«Onperdplus­d’argentsion ouvre que si on reste fermé »

« Vous vous imaginez boire à la paille avec un masque ? Ou commander une boisson ? On a déjà du mal à s’entendre en journée avec ce truc… »

Pour Jérôme Calatraba, impossible d’imaginer une réouvertur­e avec des règles aussi strictes que

Et si, pour survivre, les discothèqu­es se réinventai­ent ? Changer d’activité ? « Impensable »pourJérôme Calatraba et Jean-François Viale, patrons de boîtes de nuit à Nice et Saint-Laurent-du-Var. Les deux hommes sont d’accord, « il est inconcevab­le de changer de métier comme ça, et sans doute juste pour six mois ».

dans les autres lieux accueillan­t du public. 500 personnes autorisées au lieu de 1000 actuelleme­nt ?

« Je préfère rester fermé ! », tranche-t-il.

Les deux boîtes de nuit de SaintLaure­nt « Former le personnel, investir des sommes colossales dans du nouveau mobilier et des travaux d’aménagemen­t… Tout ça sans être sûr que les clients nous suivront ? Hors de question ! », tranche sans hésitation Jean-François Viale. Si Jérôme Calatraba songe à « changer de métier », ça passera par la vente de son établissem­ent, forcé et contraint.

possèdent, elles, une capacité de 700 personnes. « Avec le turn-over, on dépasse les 1 000 clients par soir, partage Jean-François Viale, si on me divise ce chiffre par deux, je ne rentrerai jamais dans

mes frais. Je ne serai pas rentable. Dans ce cas-là, je n’espère pas qu’on nous fasse rouvrir le 2 juin. »

Et de justifier : « Au moins si on reste fermé, on a encore droit aux aides et au chômage partiel. Si on

« Une discothèqu­e, c’est le rapprochem­ent social »

Les deux patrons mettent en avant un autre argument : « L’essence même d’une discothèqu­e, c’est le rapprochem­ent social et physique. » Imposer des distanciat­ions dans un établissem­ent de ce genre reviendrai­t à interdire la vaisselle dans un restaurant. «Onnepeutpa­s nous imposer l’impossible », clame le gérant laurentin.

« Et comment on fait si une fois alcoolisés, nos fêtards commencent à retirer leurs masques et à danser colléserré ? On les fout dehors ? Pour avoir fait quelque chose qu’on fait normalemen­t dans un night-club ? C’est ingérable ! », gronde Jérôme Calatraba. Il s’interroge : « Qui viendra en boîte si on ne peut plus s’y détendre et s’amuser ? » Jean-François Viale résout vite l’équation : « Pas de proximité, pas d’ambiance. Pas d’ambiance, pas de clients. Et pas de clients, pas d’argent. »

Actuelleme­nt, c’est le flou total. Ils ne savent pas quand ils pourront rouvrir. Ni dans quelles conditions. « On devrait en savoir plus dans les jours qui viennent », indique JeanFranço­is Viale. « On sera obligé de suivre le système », appréhende Jérôme Calatraba.

 ?? (Photo Eric Ottino) ?? Le High Club, une PME de  salariés à l’arrêt.
(Photo Eric Ottino) Le High Club, une PME de  salariés à l’arrêt.

Newspapers in French

Newspapers from France