Tribunal correctionnel : « Je suis parti, je ne me suis pas enfui »
Saïf, Tunisien de ans en situation irrégulière, doit répondre d’une tentative de vol de moto. Avec l’assistance d’une interprète car, depuis un peu moins d’un an sur le sol français, il ne maîtrise pas la langue.
Les faits remontent à vendredi. Ce jour-là, en début d’après-midi, Saïf s’intéresse d’un peu trop près à un deux-roues en stationnement devant un magasin du boulevard Joseph-Garnier. Intrigué, le propriétaire sort de la boutique pour essayer d’en savoir plus sur ses intentions. Devinant qu’un mauvais coup se prépare, il demande à l’individu de s’éloigner. Sans succès.
Le ton monte. Saïf sort un Opinel et introduit la lame dans le démarreur, sans réussir à le forcer. Puis, agite son couteau devant le commerçant qui – voulant se protéger – est blessé au pouce gauche. Trois plaies superficielles, ainsi que des douleurs musculaires dans le cou et le dos, dira un expert en prescrivant deux jours d’incapacité temporaire de travail. Un voisin assiste à la scène, la police est alertée, Saïf sera interpellé un peu plus loin en vociférant, invoquant Allah et le prophète, hurlant aux « mécréants ».
« Arrogant »
En visioconférence depuis la maison d’arrêt, le prévenu donne une version totalement différente. Ce « passionné de motos », selon son avocat, explique qu’il voulait acheter le deux-roues, quand bien même ce dernier n’était pas à vendre. Les blessures ? Le commerçant se serait fait mal tout seul, avec une paire de ciseaux. Il lui aurait d’ailleurs manqué de respect et se serait montré raciste. Les policiers aussi, semble-t-il, puisque Saïf l’affirme : «Jen’ai jamais été traité comme ça ».
« Je suis parti, je ne me suis pas enfui », prétend encore le jeune homme qui, en conclusion, estime avoir été agressé. Sans ressources, hébergé « par des amis » ,ilest célibataire. Des enfants ? «Decequeje sais, non », répond le prévenu qu’un psychiatre décrit comme « arrogant », avec une tendance à la « provocation ».
Des déclarations « ubuesques », selon le ministère public qui requi ert six mois de prison ferme. Ce sera finalement six mois dont quatre avec sursis et maintien en détention.