« Un protocole thérapeutique très prometteur pour les patients à risque de forme grave »
Véronique Mondain, infectiologue
Les hôpitaux se vident. Où sont les patients Covid ?
On ne les voit plus. Aujourd’hui, les rares patients diagnostiqués sont pris en charge en ville. Nous sommes simplement recours. Mais, même si les médecins de ville sont très satisfaits de pouvoir obtenir un avis rapide d’un infectiologue, dans la réalité, ils sont très peu nombreux à nous solliciter. Peut-être parce qu’ils n’ont pas été « sensibilisés » à cette option, au début de la crise.
On a l’impression que face au Covid, il y a eu une période « tout hôpital » et désormais, c’est le « tout ville ». Pourquoi un tel virage ?
Dans les premiers temps de l’épidémie, nous avons été naturellement en première ligne pour faire face à une maladie inconnue. Puis, avec la meilleure évaluation de l’infection et, notamment, des formes bénignes, il était normal que la médecine de ville reprenne toute sa place. Nous ne souhaitons pas faire de l’hospitalocentrisme mais les directives étaient finalement très stéréotypées. Soit le patient allait bien, et la seule consigne était qu’il reste chez lui, soit il allait mal, et là, on l’hospitalisait. Il n’y a pas réellement eu d’intermédiaire. Et c’est dommage. Les infectiologues auraient pu intervenir pour proposer des conseils aux médecins traitants de patients pris en charge à domicile. En particulier pour évaluer les facteurs de risque de formes graves du Covid ou limiter les prescriptions d’antibiotiques qui se sont envolées à l’occasion de cette épidémie.
Un certain nombre de patients qui ont présenté des symptômes et ont été suivis à domicile mettent du temps à se rétablir. L’hôpital ne pourrait-il être recours pour ces personnes ?
Nous avons mis en place un hôpital de jour
() destiné à évaluer ces patients qui manifestent des séquelles de l’infection. Mais la communication sur cette structure est encore insuffisante.
Par ailleurs, pour les patients nouvellement infectés, il y a aussi des possibilités d’éviter le passage aux formes graves en cas de facteurs de risque grâce à un protocole très prometteur, piloté par le Dr Eric Cua, infectiologue dans notre service.
De quel protocole s’agit-il ?
Cet essai évalue l’efficacité d’un médicament déjà utilisé pour traiter les MICI (maladies inflammatoires chroniques intestinales, de type RCH ou Crohn). C’est une molécule qui permet de réguler la production de cytokines et donc prévenir l’orage cytokinique qui fait toute la gravité de la maladie. Ce médicament pourrait être utilisé en préventif chez les patients Covid à risque d’évolution défavorable. (1) Contact : avisinfectieux@chu-nice.fr