Retour lent et compliqué
Entre le bac qui se joue en contrôle continue et les premières réponses sur Parcoursup, les lycéens sont difficiles à motiver. Depuis Pâques, 15 % ont décroché et « ne répondent plus »
La crise sanitaire et le confinement ont bousculé l’école en l’obligeant à s’investir dans les classes virtuelles et l’enseignement à distance. Depuis le 11 mai, la rentrée est sifflée. Elle a d’abord concerné les écoliers des classes charnières (grande section de maternelle, CP, CM2) pour s’élargir aux autres niveaux et toucher, depuis lundi 18, les collégiens de 6eetde5e.
Une rentrée à petit pas, par groupes restreints, selon un protocole sanitaire très strict, et sur la base du volontariat des familles. De quoi rassurer les plus inquiètes ! « Sauf qu’en quinze jours, il n’y a pas eu de razde-marée d’inscriptions, assure Gilles Jean secrétaire départemental du SNUIpp, principal syndicat enseignant du 1er degré. Dans les écoles des A.-M, le nombre d’élèves tourne à 6 à 8 par classe, soit bien en dessous des seuils requis. »
« Réadapter les cours à la rentrée »
Malgré l’implication et l’inventivité des enseignants dans le télétravail, l’école reste « un lieu de sociabilisation et d’apprentissage irremplaçable. Depuis deux mois, des élèves en sont coupés et on ne les voit toujours pas revenir », s’inquiète Gilles Jean. Et de pointer les petits de 3-4 ans de maternelles pour lesquels « les gestes barrières sont difficiles à suivre » et les élèves en réseau d’éducation prioritaire (REP). «À L’Ariane par exemple, les écoles sont quasi vides, car les familles préfèrent garder leurs enfants à la maison », certifie Gilles Jean. Des propos contestés par le recteur de l’académie de Nice qui assure que, dans les Rep, le taux de retour des élèves en classe est dans les normes (lire page ci-contre).
Il n’empêche. Pour le SNUIpp, le confinement et ce lent retour à l’école « laisseront des traces. On ne va pas rattraper quatre mois d’école en moins d’un claquement de doigts, par des semaines de remise à niveau cet été. Je n’y crois pas ! En septembre, il va falloir tout reprendre en réadaptant nos cours sur ces mois en blanc. »
« On est en train de perdre les élèves en difficultés ! »
D’où la demande du SNUIpp de repousser les évaluations des élèves en CP et CE1 prévues courant septembre dans un scénario de rentrée encore très flou. « Les maintenir ne servirait à rien si ce n’est à inquiéter davantage les familles. »
Dans le secondaire (collège et lycée) la reprise est plus modeste pour concerner les élèves de 6e et 5e volontaires. Les autres niveaux sont toujours abonnés aux cours à la maison. En théorie. Depuis la rentrée des vacances de Pâques, le nombre des connexions diminue comme peau de chagrin et les profs avouent leurs difficultés voire impuissance à motiver leurs troupes. «De 5 % on est passé à 15 % de lycéens qui ne répondent plus. On est en train de perdre les élèves défavorisés ! s’alarme Sylvie Pénicaut, secrétaire académique du