Affaire Legay : journaliste entendue, policier suspendu
Médiapart s’insurge – dans un article publié sur son site – et dénonce « la chasse aux sources des journalistes ». L’une de ses enquêtrices a été entendue, mardi, pendant une heure et demie
Une journaliste de Médiapart a été entendue, mardi, par un commissaire général et une capitaine de l’inspection générale de la police nationale, révèle le site d’information qui dénonce une « chasse aux sources des journalistes qui s’inscrit au fil des mois dans une récurrence de plus en plus inquiétante ».
Pascale Pascariello a été convoquée dans le cadre d’investigations diligentées par le parquet de Nice, toujours selon Médiapart . Infraction visée : « Recel de violation du secret professionnel », dans le cadre de l’affaire Legay. Geneviève Legay, cette militante d’Attac âgée de 73 ans, qui a été grièvement blessée à la tête, place Garibaldi à Nice, par une charge des forces de l’ordre lors d’une manifestation des Gilets jaunes. C’était le 23 mars 2019.
Président, procureur...
La journaliste de Médiapart s’était intéressée de près à cette affaire rapidement devenue le symbole des violences policières pendant la crise des Gilets jaunes. Devenue une affaire politico-judiciaire.
Le soir même de la manifestation, Emmanuel Macron, avait accordé une interview à Nice-Matin, dans laquelle il avait écarté tout contact entre la police et la militante de l’organisation Attac. Jean-Michel Prêtre, le procureur de la République – alors en poste, muté depuis à Lyon – avait dans un premier temps dédouané la police, avant de revenir sur ses déclarations.
Toujours dans l’affaire Legay, la journaliste de Médiapart
avait notamment participé à révéler que la policière chargée des investigations en interne était la compagne du policier qui coordonnait sur le terrain le dispositif de sécurité ce jour-là et qui avait lancé la charge des forces de l’ordre.
« Protéger ses sources »
Pascale Pascariello, accompagnée de son avocat a été entendue pendant 1 h 30, sous le régime de l’audition libre. Mais, elle a refusé de répondre aux questions des enquêteurs « afin de protéger ses sources ». Mais, selon nos informations, un fonctionnaire de police, suspecté d’être la source de Médiapart , aurait déjà été suspendu par sa hiérarchie, en attendant une éventuelle révocation. Xavier Bonhomme, le nouveau procureur de la République de Nice, n’a pas souhaité faire de commentaires, la procédure « Legay » ayant été dépaysée à Lyon. « Je ne suis saisi que pour la communication de documents », dit-il. Celui qui a remplacé JeanMichel Prêtre indique, cependant, qu’une enquête préliminaire a bien été ouverte et confiée à l’IGPN, pour des faits de « violation du secret professionnel » et « recel de secret professionnel ».