Nice-Matin (Cannes)

« Barbara ne méritait pas une fin de vie comme ça »

Mère de famille, « bonne vivante » : la quadragéna­ire a eu une « vie heureuse » de tomber dans l’alcool. Sa maladie l’a entraîné dans la rue où elle est morte à avant

- ALICE DAVID adavid@nicematin.fr

Barbara ne méritait pas une fin de vie comme ça» , sanglote Éléonore Da Costa. Son « amie de longue date » est décédée à 49 ans, jeudi dernier, sur la voie publique à Cagnes-sur-Mer. Elle était sans domicile fixe depuis sept ans. C’était un visage bien connu, notamment, dans le centre-ville cagnois. Une « bonne vivante » qui a «eu une vie heureuse ». Mais, « l’alcool a pris le dessus sur tout », certifie-t-elle.

«Onatous essayé de l’aider »

Barbara est née et a grandi à Madagascar. C’était une enfant très désirée car [ses parents] ont eu beaucoup de mal à l’avoir, relate sa fille, Manon. « Ma grandmère disait que c’était le miracle de sa vie ».

Après une adolescenc­e passée à Marseille, Barbara a rencontré « son grand amour » et futur père de ses deux enfants : Hugo et Manon. « Ils ont repris un hôtel-restaurant à Saint-Vallier-de-Thiey pendant plusieurs années. On a passé de superbes moments làbas. Puis ils se sont mariés et ont décidé de partir à Madagascar. C’est là que tout a commencé », se souvient Éléonore Da Silva. Sa dépendance à l’alcool – «aurhumpur» – devient grandissan­te. Le couple bat de l’aile. Et se sépare avant que la famille ne revienne sur la Côte d’Azur. «Je pense qu’elle n’a jamais surmonté cette rupture. » La descente aux enfers débute. Après plusieurs allers-retours dans des cliniques et hôpitaux, une accumulati­on « de mauvaises fréquentat­ions », Barbara s’est retrouvée dans la rue. « On a tous essayé de l’aider. Je lui ai proposé un appartemen­t et un job à Marseille, elle n’a pas voulu. Elle dormait chez sa mère mais avec l’alcool elle avait des comporteme­nts très violents envers elle. Les centres d’accueils, c’était aussi compliqué. Elle buvait dedans et entraînait les autres », retrace Éléonore Da Costa.

Connue du CCAS

Barbara a refusé une à une les mains tendues. «Ellene voulait pas d’aide, je ne sais pas pourquoi. Je n’aurais jamais la réponse à cette question. Elle n’était plus cette maman qui a tout fait pour nous. L’alcool l’a bousillé et emporté », s’attriste sa fille. Manon espère que les choses vont changer pour les sans domiciles fixes : «La

France ne met pas tout en oeuvre ». À l’échelle locale, la mort de Barbara a pris, aussi, une tournure politique. La mairie de Cagnessur-Mer a rédigé un communiqué, mardi matin, qui indique qu’elle « était bien connue des services sociaux municipaux au CCAS qui a tenté plusieurs fois, sans succès, de la sortir de sa situation ». Le candidat frontiste au deuxième tour de l’élection municipale, Jean-Paul Perez, s’est indigné : « Parmi les personnes présentes [lors de la marche organisée en son hommage mardi matin], seuls deux candidats [il fait référence à Philippe Touzeau-Menoni et à lui-même] étaient là » Et de citer Coluche : «les SDF n’intéressen­t pas les politiques ».

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(DR) Barbara Aboulkheir aura passé sa vie entre Madagascar, où elle est née et a grandi et la Côte d’Azur.

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