Nice-Matin (Cannes)

« Ne surtout pas revenir au monde d’avant »

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Ces deux mois de confinemen­t, avec l’arrêt d’une grande partie de l’activité humaine, semblent avoir fait un bien fou à l’environnem­ent et aux océans. C’est aussi votre avis ?

RobertCalc­agno:Jene partage pas du tout ce point de vue. Le confinemen­t et l’arrêt d’environ  % de l’activité, c’est à la fois trop brusque, trop brutal et trop court. De plus, ce n’est bon ni pour l’Homme, ni, sur le long terme, pour la Nature. Ce n’est pas parce que l’humain s’est un peu arrêté de vivre et de faire du bruit pendant onze semaines que cela change grand-chose. L’Homme a continué à polluer, notamment avec le retour du plastique à usage unique pendant l’épidémie. Certes, les animaux ont pu changer de comporteme­nt et venir là où ils ne vont pas habituelle­ment parce qu’il y a du bruit et des hommes. Les émissions de gaz à effet de serre ont beaucoup diminué, ce qui nous conduira à une baisse annuelle de  à  %. Ce n’est pas énorme. Le CO va continuer à s’accumuler dans l’atmosphère. Il faudrait en fait avoir une action sur le long terme, remettre en cause nos modes de fonctionne­ment, aller vers une société plus circulaire, plus sobre, avec moins de gaspillage. Le confinemen­t n’est pas un exemple de ce qu’il faut faire pour la Nature.

S’arrêter deux mois tous les dix ans, ça ne changerait rien, au fond ?

Olivier Wenden : Non. En revanche, j’ai lu dans un article qu’il faudrait que tout s’arrête comme ça une fois par an jusqu’en  pour que l’on atteigne les objectifs de l’Accord de Paris (limiter la hausse de la températur­e moyenne à ,°C, N.D.L.R.). C’est totalement illusoire d’arrêter l’économie de cette manière une fois par an.

R.C. : Cela voudrait dire que l’Homme devrait s’arrêter de vivre pour faire la place à la Nature. Je n’aime pas trop cette idée. L’Homme fait partie de la Nature, mais il doit y vivre de façon beaucoup plus respectueu­se.

Quels enseigneme­nts tirer de ces deux mois de confinemen­t ?

R.C. : Il faut restructur­er le transport aérien. Aujourd’hui, on va beaucoup trop facilement, et pour pas cher, d’un bout à l’autre de la Terre. Nous devons avoir des transports aériens moins polluants, et chacun d’entre nous devra mieux sélectionn­er ses déplacemen­ts.

O.W. : Le confinemen­t a fait prendre conscience à l’humanité de sa fragilité, et de son mode de vie : les transports, la consommati­on, l’efficacité au travail. Le télétravai­l est en passe de devenir une norme. Une crise mondiale de cette ampleur est l’occasion de repartir sur des bases plus solides. Il ne faut surtout pas revenir au monde d’avant. Le sujet des transports, aérien, terrestre et maritime, est majeur. L’occasion est belle pour faire les bons choix, en particulie­r en termes de mobilité. Il faut capitalise­r sur l’envie des gens. Le confinemen­t leur a donné envie d’accompagne­r ce changement.

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Olivier Wenden.
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Robert Calcagno.

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