Nice-Matin (Cannes)

Coaching : faire face à une seconde vague... à l’âme

Coach en performanc­e mentale et en gestion du stress et des anxiétés, Philippe Viaene livre un constat cinglant. Le Raphaëlois lance quelques idées pour mieux aborder la période actuelle

- RECUEILLI PAR N. PASCAL

Le ton posé, les yeux d’un bleu intense et des faux airs de Richard Branson : Philippe Viaene vous parle. Avec des mots choisis et au moyen d’outils divers pour – au choix – stimuler votre cerveau, rééquilibr­er vos émotions ou vous recentrer sur ce qui est important dans votre vie, il vous aide à y voir plus clair. « Surtout en ces temps de pandémie », lance-t-il. Le déconfinem­ent n’est pas forcément synonyme d’embellie morale, selon lui. Coach mental au sein de son entreprise, Mental’Up, cet homme originaire du Nord, mais Raphaëlois depuis quatorze ans, témoigne d’une expérience de près de quarante ans dans le coaching profession­nel et la préparatio­n mentale. Également neuro-comporteme­ntaliste, expert en gestion du stress et des anxiétés, spécialist­e de la performanc­e, Philippe Viaene conseille les chefs d’entreprise et les sportifs de haut niveau. Mais pas seulement : par ces temps de pandémie, personne n’est à l’abri d’anxiétés, peurs, troubles, malaises et dépression­s qui se multiplien­t.

Comment sort-on de près de deux mois de confinemen­t ?

Il faut redonner de la lucidité et du discerneme­nt à des gens qui viennent d’être submergés par les émotions. La peur, principale­ment, la panique, l’angoisse, l’anxiété… Je le ressens clairement parmi les gens que je reçois. Ils sont perdus, il y a beaucoup d’incohérenc­e et d’instabilit­é dans les informatio­ns reçues en ce moment. Les gens sont perdus entre les nouvelles positives et négatives : fin du confinemen­t mais menace d’une seconde vague, utilité des masques, école qui reprend mais seulement de manière partielle, les experts qui se contredise­nt, etc. Tout ceci met les gens dans un état de stress et d’anxiété comme on a rarement vu auparavant. Cela fait qu’ils ne sont pas prêts pour le déconfinem­ent.

Vous avez un exemple récent parmi vos clients ?

Oui, dernièreme­nt, j’ai eu un chef d’entreprise qui m’a ramené tous ses employés, car ils sont tous dans un état de panique, au vu de la conjonctur­e économique. Quand on est, comme en ce moment, dans l’émotionnel, on perd toute lucidité, et on est forcément beaucoup moins efficace dans son travail.

Comment lutter contre l’incertitud­e du moment ?

Il faut faire tout un travail neuro-comporteme­ntal pour faire prendre à ces employés la hauteur nécessaire à leur activité pour qu’ils retrouvent un peu de sérénité. Et être dans l’instant présent : c’est un des leviers principaux de performanc­e. Car personne ne sait comment ça va se passer à l’avenir. Il faut apprendre à avancer pas à pas dans le présent, en arrivant à moins se soucier du futur.

Est-ce un problème pour beaucoup de gens de ne pas avoir d’objectifs, de ne pas pouvoir se projeter ?

Oui, l’humain a besoin de voir où il va. S’il n’a pas de vision à moyen ou long terme, il rumine. Et quand on rumine ou qu’on ressasse des choses, ça pompe  % de notre énergie mentale !

Pour désamorcer les peurs, fautil être rationnel ou simplement arriver à relaxer les gens ?

On parle beaucoup, et à raison, d’hygiène avec les gestes barrières. On oublie qu’il y a aussi l’hygiène mentale. C’est prouvé que quand on a des pensées négatives, cela attaque le système immunitair­e. On n’a pas encore le recul nécessaire, mais on pense qu’il y aura beaucoup de maladies qui se développer­ont à cause de cet état psychique en berne à cause de la pandémie. Donc la meilleure chose à faire est de ne pas s’affaiblir, il faut renforcer le système immunitair­e.

Ça passe par le mental donc ?

Pas seulement mais oui. C’est global : ça passe par une meilleure alimentati­on, par la pratique du sport et donc aussi par une hygiène mentale. Revenir à des pensées positives : c’est mon conseil. Se forcer à penser régulièrem­ent à des choses qui réconforte­nt.

Comment optimiser le déconfinem­ent ?

En profiter pour sortir, se balader dans la nature, faire du sport, revenir à des choses essentiell­es qu’on a tendance à oublier. Surtout dans la région où l’on habite, on est gâtés !

La différence entre un coach mental et un psychologu­e ?

Un psychologu­e va travailler à partir des empreintes du passé ; moi, je travaille dans l’instant présent pour préparer l’avenir. Je travaille sur la compétence et la valeur des gens ; souvent, ils ne connaissen­t pas vraiment leurs qualités. Il faut savoir qui on est avant de savoir où on va ! J’évalue leur force mentale et je leur apprends à la cultiver. Quand on est armé mentalemen­t, on est prêts à affronter n’importe quelle situation.

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 ??  ?? Philippe Viaene fait face, en ce moment, à beaucoup plus d’anxiété qu’à la normale. Il aide ceux qui le souhaitent à mieux gérer leurs émotions pour affronter l’époque. (Photo Philippe Arnassan)
Philippe Viaene fait face, en ce moment, à beaucoup plus d’anxiété qu’à la normale. Il aide ceux qui le souhaitent à mieux gérer leurs émotions pour affronter l’époque. (Photo Philippe Arnassan)

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