« Gagner de l’argent sera compliqué, l’important est de ne pas en perdre »
Questions à Samy, patron du Sass Café à Monaco
Véritable institution de la nuit monégasque, le Sass Café ne rouvrira pas le juin. Ses patrons, Samy, comme on le surnomme dans le milieu, et Sassa s’en expliquent.
Pourquoi avez-vous décidé de ne rouvrir que le er juillet ?
Les avantages du Sass deviennent aujourd’hui des inconvénients. En effet, notre concept ne colle pas avec les restrictions sanitaires décrétées. L’établissement est un endroit de convivialité où les tables sont, d’ordinaire, séparées de centimètres. Là, il faudra que ce soit , mètre entre les tables et centimètres entre les convives.
Rien que sur la terrasse, je passerais d’une capacité de personnes à personnes. On nous demande aussi une musique modérée. Or, en temps normal, l’ambiance monte crescendo au Sass Café : à h, il y a un groupe en live puis à h un DJ. Ce sera désormais impossible. On est obligé de s’adapter.
Et si les mesures ne s’assouplissent pas en juillet ?
Il faudra alors revoir mon business model. Depuis le début de la crise, le gouvernement monégasque nous a très bien assistés, a fait de gros efforts. Mais jusqu’à quand le chômage total temporaire renforcé va tenir ? Ce ne sera logiquement pas infini. Au Sass Café, j’ai employés. Je ne les laisserai pas tomber.
Partagez-vous la crainte des acteurs économiques et touristiques sur la fréquentation ?
Oui, c’est l’inconnu. On ne sait pas s’il y aura du monde. Avec vingt-six ans de métier, on connaît les statistiques : le mois de juin, on vit avec la clientèle locale la semaine. Le week-end, elle s’échappe vers Cannes ou Saint-Tropez et les touristes arrivent à Monaco.
Or, cette année, ce chassé-croisé n’aura pas lieu dans les deux sens, puisqu’on sort de près de deux mois de confinement. À partir du juillet, beaucoup d’Américains, d’Anglais et de Sud-Américains arrivent. En août, ce sont les Russes et les Émirats arabes unis. Vu ce qu’il se passe dans ces continents, ce sera dur pour eux de venir à Monaco.
Ibiza (Espagne) et Mykonos (Grèce) pourraient nous faire du mal cette année. Va-t-on tirer notre épingle du jeu avec tout cela ? On n’a pas de boule de cristal. Gagner de l’argent sera compliqué, il faudra surtout ne pas en perdre et tomber dans le dérisoire. Il faudra se serrer les coudes, montrer une image unie de Monaco. Oui, on est dans une équation compliquée. On va vivre semaine par semaine.