Nice-Matin (Cannes)

MARCHEUR AU LONG COURS

Après la traversée de la France par les sentiers de randonnée, le Niçois trekkeur-écrivain a entrepris l’été dernier la traversée des Pyrénées. Avec toujours la même philosophi­e de vie...

- CHRISTIAN HUAULT chuault@nicematin.fr

Nous avions laissé Pierre Herant il y a un peu plus d’un an nous conter son « autre pèlerinage » de Nice au

(1) Mont-Saint-Michel (#NOUS du samedi 16 mars 2019). Mille-cinqcents kilomètres en 70 jours, sac sur le dos, par les sentiers de randonnée et les chemins de pèlerinage. Nous avions laissé cet homme sensible de 66 ans à l’époque, retraité de l’Ademe (Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie), nous parler avec fougue et passion de l’indispensa­ble nécessité de prendre soin de notre planète. Et nous avions adoré entendre Pierre nous dire que, selon lui, les jeunes devaient prendre en main leur destin, notre destin. Que le salut d’un monde en vrac viendrait des nouvelles génération­s. En le retrouvant, comme il y a un an, sous les oliviers des jardins des arènes de Cimiez à Nice, le masque sur le nez cette fois-ci, on a été rassuré. Pierre n’a pas changé ! La même passion de la marche, la même foi en l’homme, la même envie de préserver Dame Nature et la planète qui l’héberge. Au contraire, le Niçois d’adoption (il y vit tout de même depuis 40 ans...) a profité d’un nouveau raid au long cours à l’été 2019 et de deux mois de confinemen­t pour se convaincre, s’il en était besoin, que l’appel des grands espaces était sa vie. Que les beautés naturelles qu’il traversait ne pouvaient subir les affres d’un monde en folie, de la dérégulati­on climatique... et des conséquenc­es sanitaires qui peuvent peut-être en découler.

Coup de pied aux fesses

Du coup, c’est presque sans surprise que Pierre Herant a vu débouler la pandémie de Covid-19. « C’est peut-être un mal pour un bien, confie-t-il. Cette épidémie nous donne un grand coup de pied aux fesses. C’est peut-être notre dernière chance. Cela me fait penser à la théorie de Gaïa qui considère la planète Terre dans son ensemble comme un organisme vivant. « Il faut parfois avoir peur pour changer de modèle. » On ne peut pas la bousculer constammen­t. Et cette crise sanitaire nous prouve bien au passage que l’on est arrivés au bout du bout... » Pour autant, les choses vont-elles, peuvent-elles vraiment changer ? « Il faut espérer que les scientifiq­ues vont exploiter tout ça. Et puis vous savez, il faut parfois avoir peur pour changer de modèle. »

On aurait pu penser qu’un baroudeur de la trempe de Pierre souffre terribleme­nt, enfermé entre quatre murs pendant le confinemen­t. « Et bien, en fait, pas du tout, j’en ai profité pour écrire de nouveaux livres sur certains treks effectués il y a quelques années et surtout achever mon récit de ma dernière grande traversée des Pyrénées réalisée à la fin de l’été 2019. »

Un autre des paris fous que le sexagénair­e s’est lancé en partant à l’assaut des sommets pyrénéens. « Cela faisait deux ans que je n’avais pas ressorti le sac à dos. Ça me manquait ! Je cherchais un objectif avec un sens. Je voulais me confronter aux Pyrénées que je n’avais pas spécialeme­nt appréciées par le passé. C’était un défi physique pour un homme de mon âge que de vaincre leur âpreté, avec des dénivelés affolants, des montées et descentes en permanence, souvent sur de dangereux chemins rocailleux. Je n’ai pas été

déçu du voyage... » Au point que Pierre a même failli abandonner, ivre de fatigue et de lassitude à mi-chemin.

Il lui en reste d’impérissab­les souvenirs, faites de rencontres avec des Pyrénéens « très attachés à leur massif », mais aussi de paysages sublimes entre France et Espagne. Et comme l’homme n’est jamais rassasié, il a déjà en tête son prochain « voyage » avec lui-même cet été. Il se fera à vélo cette fois. « Je pense en fait, partir de Nice jusqu’à la source de la Loire au mont Gerbier-de-Jonc dans le Massif central, suivre la Loire jusqu’à Nantes, descendre le long de la côte Atlantique jusqu’à Bordeaux, suivre la Garonne jusqu’à Toulouse puis le canal du Midi jusqu’à Sète et rentrer à Nice, toujours à vélo. »

Un nouveau défi à sa mesure.

1. L’autre pèlerinage : à pied par les sentiers, de Nice au Mont-Saint-Michel, publié en 2018. Éditeur indépendan­t. 9,50 €. 320 pages.

 ?? (DR) ?? Pierre Herant à « la collada del clot de Moredo », col situé à   mètres d’altitude en Catalogne, dans les Pyrénées espagnoles, au e jour de marche. Derrière lui le lac de l’Estany d’Airoto.
(DR) Pierre Herant à « la collada del clot de Moredo », col situé à   mètres d’altitude en Catalogne, dans les Pyrénées espagnoles, au e jour de marche. Derrière lui le lac de l’Estany d’Airoto.

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