L’antenne qui s’attire les foudres des riverains
Ambiance électrique à Plascassier, où l’installation prévue d’une antenne-relais déclenche l’ire des habitants, attachés à la préservation du hameau historique
Plascassier, son clocher, ses anciens moulins à huile, ses cultures florales et... sa future antenne de 12 m de haut ? Vive émotion dans l’un des hameaux historiques de Grasse où, depuis quelques jours, de nombreux riverains ont créé un collectif pour dire « non à l’antenne relais au bas du village. »
Ils étaient, ainsi, une trentaine, hier matin, chemin du Garagaï, réunis devant la propriété privée (1) où les travaux d’installation ont débuté, le 18 mai. « J’habite juste à côté et, fin avril, j’ai vu un drone survolé le site, explique Marlène Dupouy. On s’est posé des questions et on a demandé à la mairie. On nous a expliqué qu’il y avait déjà eu deux refus d’installation. Donc on ne s’est pas inquiétés. » Avant, donc, ce lundi 18 mai... Une semaine plus tard, les travaux de voirie, pour permettre l’alimentation électrique – dans le détail, c’est un poteau de 12 m, abritant trois antennes de téléphonie mobile et quinze émetteurs, qui est prévu – débutaient à leur tour. Début de la grogne.
Pétitions : déjà près d’un millier de signatures
Depuis, le collectif s’est formé et deux pétitions ont été lancées : l’une sur papier, qui a recueilli près de 300 signatures ; l’autre sur la plateforme change.org [668 signataires hier à 20 h]. Tout ça en quatre jours à peine... L’objet de leur courroux ? « On nous dit que l’argument sanitaire n’est pas recevable, poursuitelle. Ok, même s’il y a une école maternelle [Cinsault] à même pas 150 m... Mais ici, on est au pied du village historique et son clocher ; là, juste à côté, se trouvait la source d’eau qui, il y a plusieurs siècles, a permis la création de Plascassier. Ce sont des pans du patrimoine grassois, qui vont être totalement dénaturés...» Représentant des lieux au comité de quartier, Michel Villeneuve tient à préciser : « Tout est légal, mais la loi Elan [du 23 novembre 2018 portant sur l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique] ne tient pas compte de l’emplacement, dans ce lieu historique. On est bien conscient qu’il faut des antennes, pas de soucis. Mais cela s’est fait sans concertation, ni recherche de compromis de la part de l’opérateur [Free], gronde-t-il. Surtout que des alternatives, peut-être plus coûteuses, certes, existent. Le passage en force, ce n’est pas une manière de faire. On doit trouver un consensus. » C’est là que la Ville intervient... «Le maire [Jérôme Viaud] a adressé un courrier au collectif pour expliquer qu’un premier dossier d’implantation a été refusé à Bouygues en 2018 et un second à Free, déjà, l’année suivante, vient confirmer Marie Chabaud, conseillère municipale et présente sur place hier. Un article du code de l’urbanisme [R 421-9] permet à un opérateur de ne pas déposer de déclaration préalable [dès lors que les installations ont une surface de plancher et une emprise au sol inférieure à 5 m2, ce qui est le cas chemin du Garabaï] .»
Réunion à la mairie prévue le juin
Assurant que le 1er magistrat « n’est, évidemment, pas opposé au développement nécessaire du numérique », elle nuance : « Mais pas à n’importe quel prix. À travers les différentes époques, les documents d’urbanisme ont permis de protéger ce village. Après le 1er refus, l’opérateur n’est pas revenu vers la mairie et a préféré passer en force. Et, à partir du moment où le propriétaire du terrain est d’accord, on ne peut rien faire...» Pas d’un point de vue légal, en tout cas. Reste la possibilité de discuter. « Une réunion à la mairie est prévue le 5 juin, avec les représentants régionaux de l’opérateur, pour demander l’abandon de cet emplacement-là. On espère, en bonne intelligence, trouver des solutions alternatives. » En attendant, hier matin, les travaux de voirie suivaient leurs cours...
1. Contacté par téléphone, le propriétaire n’a pu être joint hier. Même chose pour l’opérateur Free, qui n’a, pour l’heure, pas donné suite à notre demande.