Derniers directeurs sportifs de l’AS Monaco
L’ASM cherche désespérément un directeur sportif pour la saison prochaine. Un poste clé à manier avec précautions
Michael Emenalo
Arrivé en 2017 en provenance de Chelsea où l’entraîneur de l’époque Antonio Conte avait regretté son départ, Michael Emenalo était attendu comme le Messie par le vice-président directeur général de l’époque Vadim Vasilyev. L’expérimenté nigerian devait apporter sa vision en ce qui concerne les jeunes joueurs à fort potentiel et succéder au discret Antonio Cordon. Mais Emenalo, qui avait pris soin de signer un contrat en béton, s’est complètement perdu en route, entraînant par effet domino la chute de Vadim Vasilyev. Avec près de 74 joueurs sous contrat et des salaires de plus en plus élevés, le bateau monégasque était devenu difficilement maniable. Surtout, en l’absence de résultat. Emenalo n’avait pas peur de tout changer. Il avait notamment poussé vers la sortie Joao Moutinho à Wolverhampton fin juillet 2018. Un coup de poignard pour Leonardo Jardim qui prévenait ses dirigeants que l’effectif manquait alors de joueurs cadres expérimentés. Emenalo s’en moque et recrute à tour de bras de jeunes joueurs achetés au prix forts (Pellegri et Geubbels pour 20 millions chacun). La 17e place de L1 l’an dernier est venue sonner le glas. « On ne peut pas faire que des bons choix, mais avec le recul, c’est ce que je regrette le plus, concède Vadim Vasilyev. J’aurais dû réfléchir autrement pour le choix de directeur sportif ».
Antonio Cordon
Il a peut-être été le plus discret. L’homme fort de Villarreal n’a pas cherché à changer ce qui fonctionnait à son arrivée en juillet 2016. Mais l’Espagnol qui a contribué au rayonnement du sousmarin jaune n’est resté qu’un an. A l’écoute du coach, il faisait le lien avec Vadim Vasilyev, mais aussi l’Academy sans faire de l’ombre. Il a soumis l’idée d’acquérir un club filial pour améliorer la transition entre la formation et l’équipe première de l’ASM. Constatant que l’écart entre la N2 (ex-CFA) et la L1 était trop important, la direction monégasque a suivi ses conseils pour acquérir le
Cercle Bruges. Il a apporté de la sérénité à un poste qui pouvait avoir tendance à donner le tournis. Peu de temps avant, l’idylle entre Luis Campos et l’ASM s’était terminée brutalement. Débauché pour intégrer une holding propriétaire de plusieurs clubs, Cordon a depuis changé de cap pour être aujourd’hui directeur sportif de la Fédération équatorienne de football.
Luis Campos
A l’été 2013, Luis Campos arrive en tant que conseiller sportif de Vadim Vasilyev pour ce qui marquera le grand début de la révolution Rybolovlev. José Mourinho et Jorge Mendes sont ses amis. Pour son retour en L1, l’ASM de Ranieri effectue un mercato 5 étoiles à coups de millions (Falcao, Moutinho, James, Carvalho etc.). Campos, qui parle parfaitement le français, adore remuer ciel et terre pour dénicher les pépites de demain. Il apporte une organisation et un système pour la détection de joueurs qui collent parfaitement avec la politique de trading de l’ASM. Campos trouve et cible des profils, Vasilyev négocie.
Il tient à jour un listing de joueurs susceptibles d’être recrutés pour remplacer un titulaire en partance. Il classe ses données par valeurs et tranches de prix. Une méthode qui permet à l’ASM d’avoir un coup d’avance. Proche du secteur sportif, il a aussi fait grincer des dents. Ce fort caractère ne supporte pas quand les choses ne tournent pas dans son sens. Au Portugal, ses débuts en tant que coach avaient été un désastre et c’est finalement en coulisse que ce passionné a tiré son épingle du jeu. Mais avec encore 3 ans de contrat devant lui, Campos décide de quitter finalement l’ASM fin juin 2016 presque sur un coup de tête et non sans avoir été en bras de fer avec Vasilyev. En 2015 déjà, le dirigeant russe avait dû recadrer Campos qui était allé jusqu’à menacer sa direction de claquer la porte. Le Portugais voulait étendre ses prérogatives et l’arrivée quelques mois plus tôt de Claude Makelele en tant que directeur technique avait été le coup de grâce. Aujourd’hui, le conseiller sportif du président du Losc Gérard Lopez est annoncé sur le départ. En froid avec sa direction. Une trajectoire qui n’est pas sans rappeler celle connue sur le Rocher.
Un retour à Monaco est-il envisageable ? Si, en haut lieu, on avoue qu’il correspond bien au profil recherché, personne n’a oublié son passage à l’ASM. A commencer par Luis Campos en personne, qui connaît la difficulté d’évoluer dans cet environnement. Il n’en reste pas moins un bâtisseur hors pair.
Tor Karlsen
“TKK”. Tor-Kristian Karlsen est arrivé en mars 2012 en tant que directeur sportif. Ce Norvégien de 37 ans à l’époque, qui avait laissé derrière lui la cellule de recrutement du Zenit Saint-Petersbourg, était promu 6 mois plus tard comme directeur général exécutif. Homme de terrain, Karlsen a fait ses armes au Bayer Leverkusen au début des années 2000. Le finaliste de la Ligue des Champions 2002 était irrésistible. En coulisses, TKK s’illustrait en recrutant Berbatov, mais aussi Lucio, Diego Placente ou Juan. Karlsen parle anglais, italien, allemand ou espagnol comme les langues scandinaves, comprend le russe et le français. Après avoir remercié Marco Simone, il a convaincu Claudio Ranieri de venir en L2, puis Lucas Ocampos pour près de 11 millions d’euros. Mais en janvier 2013, celui qui avait présenté à Dmitry Rybolovlev l’omnipotent agent Jorge Mendes décidait de démissionner “pour raisons personnelles”.
Evgeny Smolentsev
Le premier DS de l’ère Rybolovlev ne sera pas resté bien longtemps aux commandes.
Arrivé en décembre 2011, le Russe a rapidement été remercié. Il se dit que le grand patron n’a peu goûté à certaines manières. Le communiqué disait évidemment autre chose : «Samission accomplie, il quitte l'AS Monaco. La direction salue (son) travail remarquable ». Smolentsev a été à l'initiative de l'arrivée de la plupart des recrues hivernales, mercato dont le montant avoisinerait les quinze millions d'euros. Depuis son arrivée au mois de décembre, l'ancien manager du Spartak Moscou se distinguait par un comportement parfois brusque ou autoritaire à l'égard du personnel du club.