Nice-Matin (Cannes)

Du Rocher à la NBA

Comme toute sa famille, Nicolas Bermond est né et a grandi à Monaco où il s’est amouraché du basket. A 37 ans, le voilà en charge de l’Europe, entre autres, pour le compte de la NBA

- MATHIEU FAURE

Il a le physique de l’emploi. Le hasard sans doute mais du haut de ses 2,07m, Nicolas Bermond était fait pour le basket. A 37 ans, le jeune papa d’une petite fille pouponne du côté de Londres où il bosse depuis 2008. Mais Nicolas est surtout Monégasque de coeur. « Je suis né, j’ai grandi et fait toute ma scolarité à Monaco, ma famille y vit toujours », assuret-il. A six ans, c’est sur le Rocher qu’il commence à jouer au basket. « Monaco est une terre de sport, j’ai très vite accroché à Robert Smith, l’homme des exploits de l’ASM dans la salle Gaston-Médecin. Sur le Rocher, tu côtoies les sportifs dans la rue, tu as le Grand Prix de F1, un Master 1000 de tennis, Herculis, du football et depuis 2015 la Roca Team a repris son chemin vers le succès », énumère-t-il. Mais l’ancien pivot monégasque, qui a longtemps bataillé avec les jeunes d’Antibes pour une suprématie régionale dans sa jeunesse, est surtout un mordu de NBA. Alors après son diplôme de commerce décroché à l’EDHEC de Nice, il prend la direction de Londres où il s’installe en colocation avec plusieurs autres Français.

A la conquête des fans

L’homme se cherche un peu, il vend même des voitures de luxe au coeur de la capitale anglaise : « J’avais les genoux qui touchaient le volant avec ma taille », rigole-til. Et puis en 2008, la NBA décide d’ouvrir un bureau à Londres. Nicolas postule, enquille trois CDD avant d’être titularisé dans la raquette. D’abord coordinate­ur du départemen­t média, il grappille du temps de jeu pour devenir, aujourd’hui, responsabl­e média de la NBA en Europe mais aussi en Afrique et au Moyen-Orient. Son rôle au sein du cinq majeur : « Je m’occupe notamment des dix plus gros marchés européens. Je dois faire en sorte que les matches et le programme NBA proposé sur nos marchés soient le plus qualitatif­s possibles. On part du principe que seulement 1 % des fans de NBA vont avoir la chance de voir un match en vrai dans leur vie, alors il faut faire autrement ». Cela passe par des délocalisa­tions comme le match Bucks-Hornets joué à Paris en janvier mais aussi par une autre culture numérique. « Le plus gros challenge pour nous, c’est le décalage horaire. On doit permettre la consommati­on d’un produit qui se déroule la nuit, poursuit Bermond. On a réussi à obtenir des matches en prime time à l’heure européenne le week-end, sans oublier les réseaux sociaux, cela permet de délivrer un contenu de qualité ».

La NBA a également pris le pari de laisser le résumé de ses matches libre d’accès sur Internet et disponible rapidement sur les différente­s plateforme­s NBA. Aussi bien sur Twitter que sur YouTube. Une stratégie payante qui vise à faire le maximum de publicité, de la part des fans notamment, de manière gratuite et sans restrictio­n. «Ona des matches tous les soirs, donc des nouvelles histoires tous les soirs. La nouvelle génération n’a pas d’excuses pour suivre la NBA. Rien qu’en France, tu as 5 heures de NBA quotidienn­e sur BeIN, c’est la plus grande couverture européenne ».

Magic et Pippen au Larvotto

Fan des New York Knicks de la première heure mais également de Michael Jordan, Bermond n’a rien oublié de son été 1992 quand, du haut de ses 9 ans, il a pu assister au match entre la Dream Team et l’équipe de France à GastonMéde­cin. « J’ai attendu devant le Fairmont pour avoir des autographe­s, on croisait Scottie Pippen et Magic Johnson au Larvotto, j’avais les yeux qui brillaient ». 1992, c’est le boom du basket en France, notamment grâce à cette équipe et surtout par le prisme de Michael Jordan. « À partir de là, la NBA déferle sur le monde ».

Quelques années plus tard, Tony Parker va accentuer ce lien particulie­r entre l’Hexagone et la NBA. « Il a rendu le rêve accessible », analyse Bermond.

Sans oublier la particular­ité française : « C’est une terre de basket, tu as à la fois la culture sportive mais une culture street unique au monde, ce n’est pas un hasard si le grand tournoi de street - Quai 54 - organisé par Jordan se tient tous les ans à Paris. On a pu voir avec la série The Last Dance, très suivie en France, que la NBA avait encore des choses à raconter et c’est très bien que cela se fasse par des nouveaux médias comme Netflix ».

Reste que le Monégasque doit dribbler un adversaire inattendu : le Covid-19 qui a mis la planète à l’arrêt, y compris la NBA.

« C’est un challenge universel. Il faut s’adapter, être le plus créatif possible pour garder le lien avec les fans. Mais je demeure optimiste, il y a des discussion­s pour que la saison aille au bout, même si ça sera forcément différent. Il faut avoir un champion NBA en 2020. »

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Rencontre avec le Prince Albert au Sportel de Monaco
A Monaco, en jeunes
Avec Franck Ntilikina, le meneur français des Knicks
Avec Latrell Sprewell, ancien joueur NBA des Knicks Rencontre avec le Prince Albert au Sportel de Monaco A Monaco, en jeunes Avec Franck Ntilikina, le meneur français des Knicks

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